ARQANA DÉCEMBRE
UNE PLACE À TENIR
La dernière vacation de l’année pour Arqana, la vente d’élevage qui se tiendra à Deauville à partir de samedi, est devenue un rendez-vous incontournable et international. Après le record de chiffre d’affaires établi en 2022, l’édition 2023 s’est tout de même classée comme la deuxième plus importante de l’histoire de cette vacation. En 2024, les enjeux sont multiples.
Pour les vendeurs de juments et de foals, il s’agit de céder des sujets de valeur pour générer des liquidités et financer les besoins d’un élevage afin de poursuivre son activité. Qu’il soit commercial ou non, un haras doit acheter régulièrement des juments sur le marché public s’il veut rester performant en piste ou aux ventes. Les mères des bons yearlings de la vente 2026 et des 2ans 2027 sont donc potentiellement sur le ring d’Arqana à partir de samedi. Ce que les Français seront capables d’acheter du 7 au 10 décembre va conditionner la position de la France en tant que nation sportive et commerciale durant les saisons à venir…
Dans le concert des nations hippiques internationales, la France a une place à tenir sur plusieurs plans : celui de l’élevage, celui de l’entraînement, et celui du commerce. Et ce n’est pas une mince affaire car la compétition internationale n’a jamais été aussi forte…
L’ÉLEVAGE FRANÇAIS DOIT TERMINER L’ANNÉE EN BEAUTÉ
Si le marché du plat a parfois malmené les acteurs européens ces dernières années, il a atteint des sommets inégalés durant l’automne grâce à l’explosion de la demande dans le haut de gamme. Arqana et les vendeurs espèrent donc clore 2024 sur cette dynamique positive lors de la vente d’élevage qui débute samedi à 10 h. Freddy Powell (directeur général) et Ludovic Cornuel (directeur Bloodstock) ont répondu à nos questions…
Jour de Galop. – Sur les profils haut de gamme, la demande internationale en foals, yearlings, et juments a été exceptionnellement forte ces derniers mois. Dans ce marché haussier, quelle a été la place des acheteurs français ?
Arqana. – Les Français ont été très actifs, y compris lors des ventes de yearlings, en qualité et en volume. Ce sont des signaux positifs. Et ce fut également le cas lors des ventes de poulinières en Europe et aux États-Unis.
À ce stade de la saison, on a vu sur le marché des juments de plat une bonne répartition de l’investissement qui ne s’est pas uniquement concentré sur une poignée de gros lots. C’est lié au fait que parmi les yearlings bien vendus cette année en Europe, on trouve une diversité d’éleveurs et d’étalons plus importante que lors des années précédentes. Quand le haut du marché est en forme, cela soutient une bonne partie de la filière, avec un indéniable effet d’entraînement sur les catégories inférieures.
Ces derniers mois, on a vu de belles valorisations sur le marché des yearlings. Et c’est encourageant. Mais cela ne doit pas éclipser le fait que l’activité reste difficile pour une part significative des acteurs. Les coûts de production sont élevés.
Comment jugez-vous le niveau du catalogue de la vente d’élevage 2024 ?
Sparkling Plenty (Kingman) est un lot tout à fait exceptionnel. Elle présente l’un des profils les plus enthousiasmants vus en vente publique ces dernières années : fille d’un bon étalon, elle est classique et issue d’une famille classique. Le catalogue 2024 est clairement une bonne cuvée, avec des lots qui sortent de l’ordinaire et qu’on ne trouve pas sur le marché public tous les ans. C’est au moins aussi bien que lors des éditions précédentes, mais avec une amélioration pour la catégorie des juments pleines. On a la mère d’un gagnant de Breeders’ Cup (Gr1) – Unquestionable (Wootton Bassett) – ce qui est toujours difficile à trouver ! Au catalogue, on trouve AUSSI la mère des gagnants classiques Dream And Do (Siyouni) et Metropolitan (Zarak), mais aussi celle de Tamfana (Soldier Hollow) qui est l’une des cinq dernières juments pleines de Soldier Hollow (In the Wings).
Et pour les foals ?
L’offre est supérieure cette année, et c’est assez frappant, en termes d’étalons, de qualité de pedigrees… On a vu un marché des foals exceptionnellement dynamique au cours des dernières semaines. Mais c’était aussi lié à la qualité de l’offre proposée par les éleveurs européens. Il y avait donc la rencontre de la demande, au sortir d’une saison forte avec les yearlings, avec des physiques et des pedigrees remarquables.
On voit aussi apparaître un nouveau nom, avec Prime Progeny, un consignor spécialisé dans les foals, ce qui est assez innovant dans le contexte français…
C’est toujours positif de voir de nouveaux et jeunes consignors comme Moa Sundström se lancer. On ne peut qu’encourager ce type d’initiatives. La particularité du marché de Deauville, c’est qu’avec un tout petit échantillon de foals, il y a eu de grandes réussites comme Native Trail (Oasis Dream), Cœursamba (The Wow Signal), Rougir (Territorries), Tribhuvan (Toronado), Al Riffa (Wootton Bassett), Zellie (Wootton Bassett), Alenquer (Adlerflug), Brametot (Rajsaman), Toronado (High Chaparral)… Pour un catalogue réduit de foals, c’est un ratio assez exceptionnel.
Le prix des juments avec de grandes performances a connu une progression spectaculaire en l’espace d’une décennie
C’est pour partie lié à l’arrivée d’acteurs internationaux avec des moyens importants. Ils ont étudié les résultats attentivement et les juments de première qualité, qui se vendent cher sur un ring, ont une probabilité élevée de bien produire une fois au haras. À l’autre bout du spectre, on voit aussi que la chance et la sagacité ne sont pas réservées aux éleveurs ayant de gros moyens. La mère de Rougir, bien que black type, avait été acquise 23.000 € pleine de la future double lauréate de Gr1. La mère de Tamfana a été vendue 32.000 € en tant que foal ici même. Elle repasse en vente samedi. La mère de Beauté Cachée (Literato) a été vendue 1.000 € trois ans avant les exploits de sa fille. Elle aussi est au catalogue de la session de samedi… Le rêve est permis. La mère de Goliath (Adlerflug) a elle aussi été acquise sur le ring d’Arqana.
Les gros acheteurs qui ont animé le marché depuis quelques mois seront-ils à Deauville ?
Oui c’est le cas, ils seront tous là . Certains seront présents physiquement et d’autres seront représentés. Mais nous aurons aussi des internationaux qui ne viennent qu’à Deauville et pas dans les autres ventes européennes. Nous avons un catalogue et une ville attractifs ! Les exclusivités, comme les Aga Khan ou les Wertheimer, attirent les gens. Les chevaux français à l’entraînement ont bonne réputation. Nos pouliches ont tendance à avoir un potentiel plus préservé qu’ailleurs. Notre force, c’est aussi la diversité et la mixité du catalogue. Nous avons bien sûr beaucoup de femelles françaises, mais aussi le meilleur de l’offre allemande et italienne, sans oublier quelques anglo-irlandaises.
Quels sont les retours du lancement de Sirepower+ par Arqana (une avance de trésorerie de 50 % sur les grosses saillies) ?
Dans l’idéal, cela pourrait encourager des achats de juments et stimuler la présence de yearlings par des étalons en vue lors des ventes Arqana. Nous en sommes encore aux prémices, on a déjà reçu des demandes. Mais on en saura plus dans les semaines à venir !Â