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mercredi 1 janvier 2025

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LÉGENDES DES COURSES HIPPIQUES FRANÇAISES

HALL OF FAME

LÉGENDES DES COURSES HIPPIQUES FRANÇAISES

En cette fin d’année, JDG crée le premier « Hall of Fame des courses hippiques françaises ». Un projet pour honorer les grands acteurs du galop. Découvrez chaque jour les premiers intronisés… 

Aujourd’hui : Jean-Luc Lagardère (1928 – 2003)

Fils de l’ingénieur André Lagardère et de Marthe Fourcade, Jean-Lucien Lagardère de son vrai nom naît en février 1928 dans le Gers. Il est passionné par le sport et par la compétition et il aime à dire que : “La compétition est la chose la plus indispensable dans la vie.”  C’est ainsi qu’il saura la mettre au service des sports qui le passionnent : il sponsorisera l’équipe de football du Racing Club de Paris et fera de Matra un constructeur automobile intervenant dans les voitures de sport et la compétition automobile au plus haut niveau de 1965 à 1974.   

Chef d’entreprise, industriel et patron de presse français, il commence sa carrière chez Dassault Aviation en 1952, puis devient PDG de Matra (Mécanique Aviation Traction)  en mai 1977. Il est également très influent dans le milieu de la presse. À la tête d’Europe 1, de Paris Match et du Journal du dimanche, l’homme des médias possède également des dizaines d’autres magazines et une grosse portion de la presse régionale. C’est notamment grâce à lui qu’est créée la chaîne TV France Courses (future Equidia) le 9 septembre 1996, permettant ainsi aux passionnés de courses qui ne peuvent se rendre aux hippodromes, de suivre les compétitions et de prendre des paris.

Il doit son amour des chevaux et sa passion pour les courses hippiques aux années 50, bercées par les prouesses de Tantième, double vainqueur de l’Arc pour la casaque grise et toque rose de François Dupré. Cette admiration se transforme en héritage lorsqu’il reprend la fameuse écurie de course Dupré, son haras à Pont-d’Ouilly et ses couleurs. Entre ceux à l’entraînement et ceux consacrés à la reproduction, ce sont près de deux cent vingt chevaux qui y vivent, aux bons soins de Jean-Luc Lagardère et de ses conseillers. Propriétaire certes, mais avant tout éleveur. Un éleveur qui s’inquiète lorsqu’il entend les principes et critères établis par ses confrères, cherchant à conserver l’espèce du cheval de course parfait, idéal depuis longtemps visé dans le milieu hippique.

Il bouscule les idées de certains éleveurs qui pensent fermement que le cheval qui court longtemps est une espèce rare et à protéger. Selon lui, ce sont des chevaux qui n’ont pas trouvé leur consécration dans la course de vitesse.  La sélection d’un étalon de course s’opère par la vitesse et non par l’endurance. Il en est persuadé et confie en  interview : “Je crois que nous avons fait en Europe, et surtout en France, plusieurs erreurs. L’une d’elles a été de négliger la vitesse. Un pur-sang n’est pas fait pour galoper pendant des kilomètres et des kilomètres. Il est fait pour aller vite. Les Américains eux, n’ont jamais perdu de vue cet objectif”. Lagardère aime les pur-sang, “la Formule 1 des courses de chevaux, ce qu’il y a de plus vif, de plus nerveux, de plus rapide”.

Il commence sa carrière dans le monde des courses en exerçant des fonctions institutionnelles, étant le premier président de France Galop, de la création de la société en 1995 jusqu’à sa mort en 2003. Jean-Luc Lagardère fait souffler un vent nouveau, véritable tournant dans l’organisation et l’Institution des courses. La Société d’encouragement de l’amélioration des races de chevaux en France change de nom et d’ambition aux mains de ce passionné, fier du talent hippique français : “France Galop c’est le galop, c’est la France aussi.” Il garde en tête deux objectifs : redorer la noble image des courses et décentraliser les réunions PMU.

C’est un homme animé par un esprit d’aventure, un besoin de transcendance, ce qui le pousse à prendre les rênes, à prendre la toque du propriétaire, de l’éleveur et de l’instituteur. Il prend le contrôle de la Fédération nationale des sociétés de courses en France, une organisation qui distribue les subventions et les allocations pour 260 hippodromes. Jean-Luc Lagardère est à sa place et s’allie à la société-mère gérant la spécialité du trot, dirigée par Paul Essartial. Rempli d’ambition et de convictions, il fait taire quelques opposants en leur déclarant : “Ne craignez rien. Il n’y aura pas de dirigisme parisien. Nous sommes tous des provinciaux. Moi-même, j’ai fait mes premières armes aux courses avec mon père sur le petit champ de courses d’Auch, dans mon Gers natal.” Il veut bannir le “parisianisme” des courses hippiques et révéler les hippodromes provinciaux. 

Gardant les rênes de ces institutions, il franchit un nouvel obstacle en devenant officiellement propriétaire des créatures qui l’émerveillent : “Le cheval de course est à mon sens comme la quintessence de la nature. C’est l’animal le plus beau, le plus parfait qu’elle nous ait donné.”

Dès 1966, Jean-Luc Lagardère devient petit propriétaire de deux yearlings, pouliches achetées à Deauville : Dragueuse et Reine des Sables. Puis, fortune aidant, il crée son propre haras en Normandie, le Val Henry près de Livarot en 1967. Il achète sa toute première reproductrice, Lutine, âgée de trois ans, à Newmarket. Son secret réside dans le choix de ses juments : il recrute les meilleures sur les marchés étrangers afin de renouveler sa jumenterie. C’est ainsi que neuf de ses vainqueurs de Groupe 1 sont américains.

Rien ne semble lui faire peur, il tente des stratégies, dont la plupart se détachent des pensées ancestrales. Son assurance fait sourire les spécialistes, qui jugent ses objectifs utopiques. Il n’échappe pas à quelques railleries, dans un milieu traditionaliste très fermé. Lagardère reste fermement attaché à son plan : “Mon but est de créer un grand élevage. Je n’essaie pas de faire du commerce.” Dans ses rêves sont inscrits les noms de Rothschild et Boussac, derrière lesquels se cachent une histoire familiale, un succès fou, une persévérance sans faille qui le pousse à ancrer ses efforts en vue d’un progrès sur le long terme. Il perçoit les fruits de son acharnement pour la première fois en 1972, lorsque Reine des Sables remporte une première victoire à deux ans, puis se place dans quatre courses de Groupe 3. Au Val Henry, une quinzaine de jeunes poulains, dont Lunatix et Thyratron, promettent de redorer le blason de l’écurie Lagardère.

En 1981, le voilà propriétaire d’un second bien, et pas des moindres puisque le haras d’Ouilly fut celui de François Dupré, l’un des plus importants éleveurs-propriétaires de l’après-guerre, à qui Lagardère vouait une immense admiration. Une casaque prestigieuse avec en filigrane le souvenir des plus belles courses classiques que se disputaient vigoureusement les Dupré, Boussac, Rothschild et autres Volterra. Il abandonne ses couleurs pour porter celles de Dupré, espérant qu’elles lui portent chance. Modernisation, construction, rééquipement, Jean-Luc Lagardère installe ses coursiers et ses mères reproductrices dans des conditions optimales. Il possède une cinquantaine de juments, ainsi que quatre étalons d’une valeur de plusieurs dizaines de millions de francs. Parmi eux, l’un des reproducteurs les plus cotés en France, dont une seule saillie vaut 150.000 francs : le redoutable Linamix. Il aime à dire que la plupart des noms de ses chevaux portent ce suffixe final par esprit gaulois.

Le champion Linamix est placé par deux fois tête de liste des étalons français, en 1998 puis en 2004. Quand un journaliste lui demande, après son succès dans l’Arc, si c’est son chouchou, il répond “non, c’est mon fils”. Son succès en tant qu’éleveur de pur-sang est désormais reconnu. Il confie ses meilleurs éléments à un certain André Fabre, mais aussi à François Boutin, dont l’aura a depuis longtemps dépassé les frontières. Roland de Longevialle est le manager de son élevage. C’est avec cette casaque illustre et unie que Resless Kara, cotée à vingt-cinq contre un, remporte le Prix de Diane en 1988 :  “J’ai alors ressenti un plaisir comme jamais, je le dis bien jamais, de ma vie, je n’en avais vécu.” La même année, il est l’éleveur numéro un en France. Ainsi l’écurie connaît son apogée, qui va se perpétuer jusqu’à la fin des années 90 avec la victoire de Sagamix dans le Prix de l’Arc de Triomphe 1998.

Concepteur malgré, parfois, les réticences de son entourage, Jean-Luc Lagardère ne laisse personne décider des mariages et des croisements de sang. Et son palmarès lui donne raison : le Diane de Resless Kara en 1988, les Poules d’Essai des Poulains de Linamix (1990), Vahorimix (2001) et Clodovil (2003), le Grand Prix de Paris avec Slickly en 1999 et les Royal-Oak d’Amilynx (1999 et 2000), le Jacques Le Marois avec Miss Satamixa (1995) et Vahorimix (2001), le Grand Prix de Saint-Cloud pour Fragrant Mix en 1998, la même année que le sacre de Sagamix dans l’Arc. Sa plus grande fierté reste toutefois cette perle rare précitée, Linamix, vainqueur d’un grand classique puis leader d’une lignée de virtuoses.

Jean-Luc Lagardère est aussi surnommé le Gascon : il est charmeur, flamboyant, cocardier, fier, joueur. À quelques heures de remporter l’Arc de Triomphe 1998, il confie à Paris Turf : “Il y a dans ma démarche d’éleveur l’idée de me rapprocher de mes racines paysannes. Même si j’ai la chance de voir courir mes poulains, cela me plaît d’exprimer ma reconnaissance à la terre pour dire : je n’ai pas oublié. Dans cet esprit de continuité, Monsieur Dupré a souhaité être enterré dans son haras. Pour ma part, j’irai, le jour venu, rejoindre le caveau où sont déjà enterrés mes parents, à deux pas de l’entrée du haras.”

Champion des propriétaires en 1998, sans compter les douze titres de champion éleveur, il laisse derrière lui, en mars 2003, un des plus grands empires équins de l’histoire du galop. À sa disparition, son élevage est acheté par Son Altesse l’Aga Khan, qui hérite de deux cent vingt-deux chevaux au total, dont un étalon (Linamix), soixante-deux juments, soixante-quatorze chevaux à l’entraînement, quarante-deux yearlings et quarante-trois foals. La princesse Zahra Aga Khan évoque les chevaux Lagardère en ouvrant une perspective différente : “L’achat des écuries Lagardère nous a offert l’opportunité d’acquérir la totalité d’un élevage de très grande qualité (…) Cela a produit des pedigrees tout à fait nouveaux. La France avait besoin d’un grand étalon et Linamix en fut un”.

Depuis 2003, le Prix Jean-Luc Lagardère lui rend hommage.

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