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samedi 21 décembre 2024

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LE PARC ÉTALONS FRANÇAIS EST EN PLEINE MUTATION

LE PARC ÉTALONS FRANÇAIS EST EN PLEINE MUTATION

Depuis trois saisons, entre 20 et 25 nouveaux étalons arrivent chaque année sur le marché français. Et cela devrait encore être le cas en 2025 selon notre pointage fin novembre. La majorité sont des débutants, quelques-uns (et ils sont de moins en moins nombreux) ont déjà sailli à l’étranger. Les années d’euphorie sont donc bel et bien derrière nous. 

Pour tout le monde – éleveurs, haras, porteurs de parts –, il n’est pas souhaitable de revivre des années aussi extrêmes que 2009 (40 nouveaux étalons) ou 2018 (39 nouveaux étalons). Dans tous les cas, les très bons finissent toujours par sortir du lot (Zarak a débuté en 2018 par exemple). Mais en cas de surpopulation chez les nouveaux, les dégâts collatéraux et les pertes financières sont importants pour bien des acteurs de la filière. En d’autres termes, beaucoup d’énergie et d’investissement sont dépensés en vain lorsque trop d’étalons se lancent en même temps sur un marché et il y a beaucoup de perdants dans ce cas. 

Il faut par ailleurs avoir conscience qu’une vingtaine de nouveaux, au regard du nombre de juments à saillir en France, c’est déjà proportionnellement beaucoup plus élevé que chez nos voisins anglo-irlandais. La jumenterie française ne représente que l’équivalent de 44 % du cumul de l’Irlande et de l’Angleterre. Pourtant, depuis 2018, à peu près le même nombre d’étalons a débuté dans les deux zones. La différence c’est que chez nos voisins anglo-irlandais, un jeune sire va saillir en moyenne deux fois plus (125 juments) et pour deux fois plus cher (15.893 €) qu’un jeune étalon français (une moyenne de 74 juments et de 8.661 €). Il est difficile de dire qu’il y a trop ou pas assez d’étalons en France car on ne peut pas tous les mettre dans le même sac. Ce qui est vrai en revanche, c’est que l’Hexagone manque d’étalons commercialement attractifs en plat. Même si la situation s’est améliorée par rapport à celle d’il y a 20 ans, il y a clairement toujours de la place pour plusieurs très bons sires en France. On peut même dire que ces étalons nous font défaut. En 2019, 34 % des yearlings de la vente d’août d’Arqana étaient issus d’un père stationné en France. En 2024, c’était le cas de seulement 30 %. 

Les conséquences de la sélectivité 

La filière française n’est pas devenue plus raisonnable en matière d’étalonnage du jour au lendemain ou par hasard. L’influence du marché public est très claire dans cette évolution. Désormais, énormément d’éleveurs français vont aux ventes – ce qui n’était pas forcément le cas hier –, et sur le ring, la sanction est immédiate : il faut correspondre aux standards du marché où repartir à la maison avec son poulain. Ce que l’on appelle pudiquement la sélectivité a de multiples incarnations et elles sont parfois brutales. En plat, le marché est devenu euphorique en octobre 2024 car les 19,57 millions de Gns dépensées par Amo Racing ont dopé les indicateurs globaux, avec trois acteurs (Amo, Godolphin et Blandord Bloodstock) qui représentaient 49 % des transactions du book 1 ! Dans le détail, lors de cette vacation, on est passé de 40 à 69 yearlings à 500.000 Gns entre 2023 et 2024. Mais le nombre entre 100.000 et 299.000 Gns est passé de 176 à 128 ! De même, si on prend pour référence l’ensemble du marché, depuis le mois d’août en Europe, seulement 56 % des 7.000 yearlings présentés ont été vendus au-dessus du prix de saillie officiel (sans même tenir compte des frais annexes et l’amortissement de la jument). Donc 44 % n’ont pas remboursé le prix de saillie ou ont été rachetés… Si on ajoute ceux qui n’atteignent pas leur coût de production (prix de saillie plus frais annexes) et ceux qui n’ont pas été présentés aux ventes (problème vétérinaire, accidentés…) il est évident qu’une majorité de yearlings ont fait perdre de l’argent à leurs éleveurs en Europe. Et ce alors même que le chiffre d’affaires global des ventes pour cette tranche d’âge a progressé. 

Par conséquent, à l’autre bout de la chaîne, le marché des saillies s’ajuste en permanence. Mais c’est aussi le cas au niveau des haras. Dans le répertoire de la Fédération des éleveurs, on trouvait 62 lieux de monte en 2020, 57 en 2023 et 51 en 2024. La France a donc perdu 15 % de ses haras d’étalonnage en l’espace de quatre années. 

Une situation qui bénéficie (un peu) à la France 

En Europe, tout le monde fait très attention à lancer des étalons qui vont correspondre à la nouvelle donne commerciale. Et il est tout de même assez frappant de constater que la plus grande écurie du monde – Godolphin – n’aura aucun nouvel étalon en 2025. Même chez les grands, on est très prudent, surtout en Angleterre et en Irlande. Par conséquent, deux marchés bénéficient d’opportunités difficiles à imaginer par le passé : la France et l’obstacle. Quand on voit le niveau des débutants en Irlande pour l’obstacle – d’Hurricane Lane (Frankel) à Luxembourg (Camelot) –, on se dit que ces mêmes chevaux auraient assurément été de véritables vedettes au haras en plat dans les années 1980 ou 1990. Les temps changent. En France, pour diverses raisons, les éleveurs sont culturellement plus souples et ils sont capables d’être un peu plus indulgents en donnant une chance à un étalon s’il pèche sur un point en particulier – son père, sa conformation, sa famille maternelle… – mais que le reste de son profil est bon. Ainsi un certain nombre de bons prospects ont pris la direction de l’Hex

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