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mercredi 4 décembre 2024

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COMMENT SEA BIRD A ÉTÉ FABRIQUÉ

COMMENT SEA BIRD A ÉTÉ FABRIQUÉ

Jean Ternynck, l’éleveur de Sea Bird, a connu une réussite hors normes avec un petit nombre de juments, obtenant trois gagnants classiques parmi une belle série de très bons chevaux. Voici l’histoire de son élevage et la manière dont il a fabriqué son champion !

Par Adrien Cugnasse

Massine (Consols) a gagné le Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1) 1924 sous les couleurs d’Henri Ternynck. Il a aussi remporté la Gold Cup d’Ascot (Gr1), réalisant ainsi un doublé que seulement trois chevaux ont accompli en un siècle. Cheval de course exceptionnel – 12 victoires dont neuf Groupes – Massine a été sacré tête de liste des pères de gagnants en 1932 et 1936 en plat en France, mais également en 1935 sur les obstacles. Mais Henri Ternynck n’avait pas élevé Massine. Et c’est son neveu, Jean Ternynck, qui est devenu le grand éleveur de la famille !

Le coup de foudre pour Maurepas

Jean Ternynck, l’éleveur de Sea Bird (Dan Cupid), aimait monter à cheval. Et il était d’ailleurs en selle tous les matins tôt à Roubaix avant d’entamer sa journée de travail. Industriel du nord de la France, il allait régulièrement aux courses à Paris dans sa jeunesse. C’est là qu’il a vu Maurepas (Aethelstan) en action sous les couleurs de Jean Prat. Philippe Ternynck explique : « Il faut reconnaître que mon père était un très bon juge. Comme Étienne Pollet, il avait l’œil. Et lorsqu’il a vu Maurepas courir, il s’est dit qu’il aimerait avoir des produits de ce futur étalon… si un jour il avait des chevaux de course. Cela a commencé comme ça. » Le futur grand éleveur fut impressionné par le fait que Maurepas soit capable de gagner sur 1.100 m à 2ans et sur 4.000 m à 4ans ! Maurepas était en effet lauréat du Grand Prix de Paris (alors sur 3.000 m), du Grand Prix de Saint-Cloud (alors sur 2.500 m) et du Prix de Chantilly (aujourd’hui Prix Niel). Ce Maurepas aura une importance capitale pour son élevage, comme on le verra plus loin dans cette histoire.

Un haras qui n’existe plus

À peu près au moment où Maurepas brillait en course, en 1938, Jean Ternynck achète un peu par hasard une propriété dans une boucle de la Seine, à Notre-Dame-de-l’Isle. Son fils explique : « C’était dès le départ un petit élevage. Après avoir eu l’envie d’avoir des chevaux, mon père s’est dit qu’il pourrait acheter un petit haras. Mais il y a eu la guerre entre-temps. Sa vie professionnelle, dans le textile, était à Roubaix. Les chevaux, c’était une passion. On était très loin des grands élevages avec des gens exerçant à plein temps. Et puis la chance est arrivée avec Sanctus, puis Sea Bird. Ne voulant pas avoir trop de chevaux, mon père faisait une sélection sévère de ses poulinières. Il n’avait jamais plus de sept ou huit poulinières. » À 100 km au nord-ouest de Paris, on est encore très loin des terres d’élevage traditionnelles, comme l’Orne ou le Calvados. Mais il faut dire que l’époque était beaucoup moins “Normandie-centrée” et, jusqu’aux années 1970, on élevait avec succès des chevaux de plat sur une zone bien plus vaste. Épinard (Badajoz), certainement le meilleur cheval de l’histoire de la casaque Wertheimer, a été élevé dans la région bordelaise. De même, Edmond Blanc et Marcel Boussac ont élevé au haras de Jardy, c’est-à-dire quasiment dans Paris ! À Notre-Dame-de-l’Isle, on n’élève plus de galopeurs, et le haras de Jean Ternynck a été vendu il y a plusieurs décennies à Hervé Godignon, grand cavalier de concours hippique.

Vingt ans avant Sea Bird, un achat décisif

En 1943, il achète son premier cheval à Deauville, mais dans les années 1950 et 1960, Jean Ternynck va beaucoup lever la main aux ventes à Newmarket. À Tattersalls, il va trouver certaines de ses juments de base, mais aussi des foals qui vont devenir Sine Die (Sing Sing), deuxième du Morny, et Mare Nostrum (Mossborough), troisième de la Poule d’Essai des Pouliches. Bien plus tard, Sine Die va donner à Jean Ternynck le bon Stratège (Sanctus), gagnant du Prix de la Forêt (Gr1) sous ses couleurs. Mare Nostrum est la deuxième mère de Sea Bird Park (Silver Shark), gagnant de la Queen Elizabeth II Cup (aujourd’hui Gr1) à Nakayama. Plus tard, Ternynck a aussi trouvé en Angleterre Bernicia (Native Prince), qui lui a donné Bernica (Caro), lauréate des Prix du Calvados et Vanteaux (Grs3)… avant de devenir poulinière chez les Niarchos.

Pourtant, la jument qui a changé son histoire est d’extraction bien plus modeste. Couleur (Biribi) manquait de classe en plat. Mais elle avait de la tenue, ce qui lui a permis de gagner une course de haies à Nice. Mais Jean Ternynck voulait absolument une jument pleine de Maurepas – un étalon infertile qui n’a eu que 18 produits – et c’était le cas de cette fameuse Couleur ! Philippe Ternynck analyse : « C’est l’entraîneur Alexandre Lieux qui lui avait téléphoné pour lui dire qu’il avait trouvé une jument pleine de Maurepas. C’était Couleur, petite, mal foutue et pas gagnante en plat. Il est tout de même également incroyable que cette jument ait réussi à donner trois foals d’un étalon aussi peu prolifique que Maurepas ! ». Camargue II (Maurepas), le premier produit, était très bonne et elle a d’ailleurs remporté le Prix de Malleret (aujourd’hui Gr2) en 1949. Le deuxième, Camarée (Maurepas), a fait encore mieux en remportant le Prix Vanteaux (aujourd’hui Gr3), puis les 1.000 Guinées (aujourd’hui Gr1) dans un temps record sous l’entraînement d’Alexandre Lieux (qui avait recommandé la mère). On fait difficilement mieux comme débuts en tant qu’éleveur !

Une période de réussite exceptionnelle pour la France

Au sortir de la guerre, les chevaux français ont connu une réussite insolente en Angleterre. En 1950, les Français ont remporté quatre des cinq classiques anglais (Derby, Oaks, St Leger et 1.000 Guinées). Cette année-là, Marcel Boussac a terminé tête de liste des deux côtés de la Manche, et Jean Ternynck obtenait son premier grand succès dans les 1.000 Guinées (Gr1). Cette période de superperformance de l’élevage français a continué tout au long des années 1950 et 1960, culminant avec la victoire de Sea Bird (Dan Cupid) dans le Derby 1965 sous les couleurs de son éleveur, Jean Ternynck. Une telle période de forme est forcément pluri-factorielle. Assurément, l’élevage et l’entraînement fran

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