(BEAU) VASE CLOS

[LES GRANDS ENJEUX 2025] Par Mayeul Caire. La filière des courses hippiques se caractérise par son fonctionnement en vase clos. Cela a de bons et de mauvais côtés. Le bon, c’est d’être assez imperméable aux vicissitudes politiques et économiques du monde profane : une guerre peut éclater en Ukraine, on en parlera moins aux balances que du dédoublement du handicap de la der. Le mauvais, c’est de ne pas (ou peu) percevoir les changements civilisationnels, ce qui nous empêche d’en tenir compte et d’en tirer profit.

Il me semble que ce constat devrait être au cœur de toute démarche visant à donner un avenir à notre filière. Dans un monde idéal, nous continuerions à être un monde à part, où il fait bon vivre, hors du temps, sous la protection d’une bulle forte de ses traditions ; et parallèlement, nous épouserions les codes du temps présent pour y exister à notre manière. Nous nous adapterions aux attentes des clients présents et futurs – sur le fond (changer certains éléments de notre produit) et sur la forme (communiquer, partager, revendiquer, accueillir différemment) – pour leur donner envie d’entrer dans ce monde à part (devant impérativement rester à part) qui est le nôtre.

Concrètement, épouser les codes du temps, dans un monde qui va plus vite et est habitué à des spectacles sportifs plus ramassés, c’est par exemple réduire le temps entre deux courses. Et, parallèlement, rester fidèle à nos traditions et les mettre en avant, c’est par exemple permettre à tous les spectateurs de vivre pleinement les coulisses entre deux courses : vestiaire des jockeys, salle des commissaires, écuries, choix du cheval sur lequel parier dans la prochaine course.

Une meilleure gestion de notre « bulle » est, à mon sens, l’un des grands enjeux de 2025 et des années à venir.