ALLEGRETTA, UN INBREEDING ET DE MULTIPLES QUESTIONS
Cette jument est l’une des plus influentes de l’histoire moderne du galop. Logiquement, on trouve de plus en plus de chevaux avec deux, voire trois fois Allegretta dans leur pedigree. Une consanguinité intéressante mais qu’il faut cependant apprendre à apprivoiser !
Par Nancy Sexton
Lorsque Allegretta (Lombard), équipée d’œillères, franchit la ligne d’arrivée en dernière position des Park Hill Stakes 1981, elle avait pratiquement refusé de courir. Ce jour-là, il est peu probable que beaucoup aient quitté Doncaster en pensant avoir vu une future grande poulinière.
L’histoire d’Allegretta est pleine de contrastes. C’était une pouliche allemande bien née mais dont le talent était compromis par son tempérament . Poulinière classique, elle est rapidement devenue l’une des influences majeures de l’ère moderne. Entre-temps, la fille de Lombard (Agio) a connu un début de carrière difficile au haras. Ce qui a entraîné une vente précoce pour seulement 55.000 $. Quelle aubaine !
Allegretta doit bien sûr une grande partie de sa notoriété à sa fille Urban Sea (Miswaki), gagnante de l’Arc de Triomphe, mère de Galileo (Sadler’s Wells) et Sea the Stars (Cape Cross), entre autres huit vainqueurs de stakes. Mais un autre fils, King’s Best (Kingmambo), a été un brillant vainqueur des 2.000 Guinées avant de devenir un étalon à succès. De même, Allez Les Trois (Riverman), fille d’Allegretta, a donné naissance à Anabaa Blue (Anabaa), vainqueur du Prix du Jockey Club, et elle est devenue l’arrière-grand-mère du brillant miler Tamayuz (Nayef).
Aujourd’hui, près de 80 vainqueurs de stakes descendent d’Allegretta, parmi lesquels des performers de haut niveau en 2024 tels que Los Angeles (Camelot), Facteur Cheval (Ribchester) et Twain (Wootton Bassett). En outre, au moins 20 de ses descendants ont fait la monte. Il existe donc aujourd’hui une multitude d’opportunités pour faire des inbreedings sur cette grande jument, et pour certains, cette méthode s’est avérée extrêmement fructueuse.
Allegretta a été élevée par le Gestüt Schlenderhan, étant issue de sa célèbre famille d’Asterblute (Pharis). Au moment de sa naissance en 1978, la lignée était entre les mains du haras depuis sept générations, à partir d’Arabis, née en 1915, une fille d’Ard Patrick (St Florian), vainqueur des Eclipse Stakes en 1902. Au fil du temps, ce haras a connu un immense succès avec cette famille, notamment grâce à l’arrière-petite-fille d’Arabis, Asterblute, gagnante du Deutsches Derby, du Preis der Diana et du Schwarzgold-Rennen en 1949. La mère d’Allegretta, Anatevka (Espresso), était une arrière-petite-fille d’Asterblute. Placée de Listed, elle a produit 11 vainqueurs au haras. Même sans Allegretta, son influence aurait été considérable, puisqu’elle a également produit les vainqueurs de Gr2 Anatas (Priamos) et Anno (Lombard), ainsi qu’Alya (Lombard), placée de Gr2 et arrière-grand-mère d’Adlerflug (In the Wings), vainqueur du Deutsches Derby pour Schlenderhan puis étalon important.
Le croisement qui a produit Allegretta, le quatrième poulain d’Anatevka, est intéressant. Son père, Lombard (Agio), était un formidable stayer, deux fois Cheval de l’année allemand. Membre de la lignée paternelle de Tantième (Deux Pour Cent), le fils d’Agio (Tantième) a ensuite connu un certain succès au haras. Mais sans Allegretta, il serait probablement tombé dans l’oubli. En croisant Anatevka avec l’étalon maison, Schlenderhan a dupliqué l’étalon tête de liste Alchimist (4×4), la jument de haut niveau Aster (4×5), le héros de la Triple couronne anglais Bahram (5×4) et le vainqueur du Derby anglais et grand champion Hyperion (5×5). Qui sait si l’un de ces éléments s’est avéré être un déclencheur. Mais le résultat final a été l’une des matriarches les plus importantes du stud-book.
Schlenderhan a confié Allegretta à Sir Michael Stoute et elle a immédiatement montré son talent en remportant ses deux premières courses à Leicester et Wolverhampton, puis en terminant deuxième des Zetland Stakes (Gr3) à Newmarket. Schlenderhan semblait alors avoir une bonne pouliche de tenue. Et cela s’est confirmé lorsqu’elle a terminé deuxième de Leap Lively (Nijinski) pour sa rentrée dans le Lingfield Oaks Trial (Gr3). Malheureusement, les choses se sont ensuite détériorées. Le premier signe de tempérament est apparu lors des Oaks, où elle a terminé dernière de l’édition de Blue Wind (Lord Gayle) après s’être énervée avant le départ. Et cela s’est répété lors des Park Hill Stakes (Gr3). Équipée d’un couvre-chef, elle était en “sueur et peu impressionnante” selon Timeform. Cette performance désastreuse fut une fin de carrière décevante, alors même qu’elle fut si prometteuse au départ. Cela n’a pas beaucoup amélioré sa valeur et, en fin de saison, elle a été vendue pour 24.000 Gns (environ 90.000 £ d’aujourd’hui) à Big E Farm en décembre à Tattersalls.
Allegretta a été envoyée aux États-Unis par ses nouveaux propriétaires, mais elle n’est pas parvenue à prendre. Cela a incité son entourage à la renvoyer à l’entraînement. Mais le programme de vitesse proposé à Suffolk Downs n’était guère adapté à une pouliche aussi solidement construite. Après ce retour infructueux, Allegretta fut à nouveau retirée de la compétition, refusant encore une fois de prendre lorsque présentée à l’étalon. Il est donc compréhensible que lorsqu’elle a finalement “pris” d’Irish Castle (Bold Ruler) en 1984, Big
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