OLIVIER DELLOYE : « NOUS ÉTUDIERONS CHAQUE CAS INDIVIDUELLEMENT »
Olivier Delloye, président d’Arqana, explique les conditions de SirePower+, cette mesure inédite destinée à renforcer le niveau des yearlings présentés aux ventes de sélection.
Jour de Galop. – Quel est l’objectif de cette initiative ?
Olivier Delloye. – On sait bien que le sire power est l’un des facteurs d’attractivité principaux de la vente d’août et de la partie 1 d’octobre. Pour élargir notre clientèle acheteuse, il faut élever le niveau de notre offre de yearlings. L’un des moyens pour le faire est d’augmenter la présence de produits des top-étalons européens. On sait aussi qu’en boostant la partie haute du marché, on crée un effet report sur les autres strates du marché, ce qui profite in fine à l’ensemble des vendeurs…
Dans les faits, comment imaginez-vous les grands contours de cette mesure ?
Premièrement, nous souhaitons mettre en place cette mesure dans la durée. Nous avons défini une enveloppe pour que le projet soit viable économiquement sur plusieurs années. Il y a des critères définis, comme le fait que la jument concernée soit basée en France, et d’autres sur lesquels nous nous devons d’avoir plus de souplesse. Nous étudierons chaque cas individuellement. Le but est de permettre à des éleveurs d’upgrader leur production, sans pour autant « sur-saillir ». Le profil de la jument (âge, performances, production…) sera étudié, comme l’étalon visé, mais aussi la date prévue de saillie (pour une vente d’août, on ne peut pas miser sur un poulain à naître en juin…). J’incite les éleveurs intéressés à ne pas tarder à nous solliciter. On sait qu’il faut réserver tôt les saillies des top-étalons, et il serait dommage de passer à côté d’une telle opportunité… Une fois le projet de croisement retenu, nous nous engageons à financer 50 % de la saillie. Ce financement est remboursable au moment du passage en vente du poulain à naître, foal ou yearling.
Avez-vous fixé une fourchette de prix de saillie ? N’avez-vous pas peur que cette mesure détourne nos meilleures juments des étalons français ?
Nous n’avons pas fixé de prix de saillie – minimum ou maximum – afin de conserver le plus de souplesse possible. Évidemment les étalons français ont toute leur place dans cette initiative, comme ils l’ont dans notre catalogue d’août ou d’octobre ! Le parc étalon français a beaucoup progressé en qualité ces dernières années, et les meilleures saillies peuvent devenir compliquées à financer pour certains éleveurs. Notre dispositif va aider les éleveurs en fonction de leurs moyens, à condition bien sûr que leurs juments répondent aux critères requis pour figurer dans le catalogue d’une vente sélectionnée.
Qu’avez-vous prévu dans le cas où le produit à naître ne serait pas en capacité de passer sur un ring, serait racheté ou que le prix d’adjudication ne couvrirait pas la somme avancée par Arqana ?
Généralement, nos vendeurs ne présentent pas qu’un seul lot. La somme prêtée pourra être remboursée sur le produit de leurs ventes dans leur globalité.
Est-ce un prêt à taux zéro ?
Nous avons de notre côté des frais auprès des banques pour permettre cette avance de trésorerie aux éleveurs. Ce prêt n’est donc pas totalement gratuit. Il peut être en revanche plus facile à obtenir qu’auprès d’un partenaire financier classique ! Si un éleveur croit en sa jument, en son croisement, en sa capacité à bien élever, c’est tout de même un sérieux coup de pouce, avec la possibilité d’un retour sur investissement plus important que ne le permet un foal sharing par exemple.