LA SIPA, LE FABULEUX DESTIN DE CHRISTOPHE SOUMILLON
Comme nous, vous trouvez certainement que Christophe Soumillon est dément, dément d’avoir construit en si peu de temps la Soumillon International Pony Academy. Un projet qui est certainement l’un des plus ambitieux de sa vie.
Par Rose Valais
C’est l’histoire d’un Belge nommé Christophe Soumillon, jockey de poneys puis jockey de chevaux de course, venu se former à l’Afasec. En 1997, il décroche son premier succès puis l’année suivante l’Étrier d’or. Tout s’enchaîne à partir de 2001 : premier Jockey Club, premier Arc, premier contrat avec son Altesse l’Aga Khan, première Cravache d’or. Les années passent, les succès s’enchaînent. En 2007, il épouse Sophie Thalmann, et trois enfants naissent de leur union : Charlie, Mika, puis Robin. C’est grâce à eux que le projet de la Pony Academy est né : « Le destin a fait que mon fils Mika a souhaité monter en courses de poneys. Commençant à pratiquer avec les enfants de Yann Lerner, tout s’est rapidement enchaîné. J’ai acheté trois premiers poneys, puis cinq puis dix… À un moment, des enfants venaient monter de plus en plus avec nous et restaient plusieurs jours à nos côtés. C’est de cette manière que l’idée de créer une académie est née en mai 2023. »
Comme des grands
Apprendre avec de gentils poneys, du bon matériel, de précieux conseils mais surtout avec professionnalisme, ce sont les maîtres mots de Christophe Soumillon et de son équipe. « C’est important pour les enfants d’être au plus près possible du professionnalisme. Mes poneys sont nourris comme des pur-sang. Le matin des courses, nous les préparons de la même manière que chez un entraîneur. Il faut leur montrer dès le début qu’ils ont des responsabilités : bien les nourrir, les brosser, les seller, bien les marcher avant les courses… Nous avançons main dans la main avec Cécile Madamet qui a réussi à merveille à créer un circuit de courses de poneys. Notre sport a besoin de visibilité et cela peut se faire grâce à de bons poneys, de bons élèves aussi bons à cheval que dans leur attitude. Il y a trois semaines, Cécile Madamet a organisé des ventes aux enchères à Craon et cinq élèves qui étaient venus à l’académie lors des six derniers mois ont acheté un poney. Il y a de plus en plus de demandes et d’enfants qui viennent ! »
Actuellement, vingt-trois poneys sont débourrés et capables de participer aux différents stages organisés par la SIPA. Hors de ces périodes, ils sortent cinq fois par semaine sur le centre d’entraînement de Chantilly et de Lamorlaye, associés à Christophe Soumillon accompagné de moniteurs et de jeunes adhérents de son association. « Parfois, je monte six lots le matin et trois l’après-midi quand je suis seul. J’entraîne mes poneys comme s’ils étaient des chevaux de course, sauf que je n’ai aucun propriétaire qui peut me faire des reproches. Je ne leur demande pas de tout réussir, je veux juste qu’ils soient bien dressés, agréables pour les enfants et que ces derniers prennent plaisir, que leurs doutes, leurs craintes et leurs peurs s’effacent. Le site que France Galop nous permet d’utiliser est incroyable et bien encadré avec de superbes pistes et des contre-allées. Nous essayons de bien respecter les horaires, de nous faire tout petits afin de ne gêner personne. »
Démocratiser les courses
Pour intégrer les stages de l’académie, tous les enfants sont les bienvenus et pour les petits nouveaux, il est demandé un galop 3. Lors de chaque stage, ce sont entre 30 % et 40 % d’enfants de centre équestre qui viennent découvrir le monde des courses de poneys. « Il y a une chose dont je suis fier c’est que nous accueillons aussi des enfants étrangers venus d’Angleterre, de Belgique, d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Italie… Lorsque nous aurons la structure pour les héberger, ce qui sera le cas au haras des Marettes à Saint-Arnoult, nous pourrons accueillir des enfants venus d’horizons encore plus lointains. Notre but ultime est de transmettre et d’aider les enfants et leurs parents qui n’ont pas forcément les moyens d’investir dans des poneys. Certains propriétaires, jockeys, entraîneurs et éleveurs ont offert des stages aux enfants qui ne pouvaient pas se le permettre. »
L’Afasec et la SIPA avancent ensemble
Les courses de poneys permettent aux enfants d’acquérir des bases solides. Il suffit de regarder nos derniers étriers d’or, tous formés par ce circuit. (Ludovic Boisseau, Mathéo Viel, Baptiste Leclerc, Augustin Madamet, Simon Planque, Dorian Provost, et probablement Pierre Remoué en 2024). Au lieu de se tourner le dos, pourquoi ne pas avancer main dans la main ? C’est désormais ce qu’il se passe entre la SIPA et l’Afasec. « Nous entendons souvent des personnes se plaindre des apprentis de l’Afasec. J’en avais discuté avec Guillaume Herrnberger et il était important que nous trouvions ensemble une solution pour faire avancer les choses et que les enfants apprennent vite et bien, en toute sécurité. Ce sont des élèves qui ne sont pas encore rentrés chez des entraîneurs. Nous essayons de les faire progresser rapidement et qu’ils prennent confiance en eux afin qu’ils puissent rejoindre une écurie de courses. Les jeunes qui arrivent des courses de poneys dans le milieu ont beaucoup d’avance sur les autres. La peur a disparu, la confiance en soi et l’équilibre sont bien présents ainsi que la notion de la vitesse. Je pense qu’il est, pour certains élèves, plus simple d’apprendre sur des poneys. »
Bilan de cette première année et les projets
« Grâce aux stages et aux sponsors, nous espérons arriver à l’équilibre. Tout est réinvesti, dans la nourriture pour les poneys, dans du matériel adapté, mais également dans les copeaux, le foin, et les frais de maréchalerie, du vétérinaire, du dentiste… Le but est que dans un an ou deux je puisse avoir des employés et quarante poneys capables de courir. Dans deux ans, j’espère aussi que le site du haras des Marettes sera terminé. Mais je pense que nous garderons toujours une écurie à Lamorlaye car je voudrais y organiser des sessions de sortie le mercredi, le samedi, et le dimanche. »