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mercredi 26 février 2025
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FRANCIS ET BENJAMIN TEBOUL, UNE AVENTURE EN FAMILLE

FRANCIS ET BENJAMIN TEBOUL, UNE AVENTURE EN FAMILLE

À la veille du week-end du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe, Francis et Benjamin Teboul se livrent au travers d’une interview croisée sur leur aventure familiale dans les courses hippiques. De Gémix à Sweet Lady, en passant par la gestion de leurs écuries respectives, ils racontent une histoire d’héritage et de passion partagée.

Jour de Galop. – Vos écuries seront-elles représentées lors du prestigieux week-end qui nous attend ?

Francis Teboul. – Le samedi, nous aurons Pay to Learn (Kingman) dans le Qatar Prix de la Place des Vosges, et peut-être Blue Brother (Intello) et Avenue Montaigne (Zarak) dans le Qatar Prix de la Place de la Concorde. Concernant Vertical Blue (Mehmas), nous hésitons encore entre le Marcel Boussac (Gr1) et l’Arqana Series – Haras de Bouquetot Critérium d’Automne (Classe 2). Par rapport au volume de notre écurie, c’est vraiment magnifique d’être plusieurs fois représenté lors d’un aussi grand week-end !

Avez-vous un favori pour le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe ?

Benjamin Teboul. – Avant la course des Irish Champion Stakes (Gr1), j’avais un feeling avec ce cheval japonais, Shin Emperor (Siyouni), qui a validé ce que j’imaginais durant cette course. Je crois beaucoup au destin et à la persévérance : nos amis japonais rêvent de gagner l’Arc depuis des décennies, sans succès jusqu’à présent, même s’ils sont passés très près. Je trouve assez malin le fait qu’ils passent par un chemin de traverse, à savoir acheter un cheval en France pour essayer d’accomplir le rêve de toute une nation !

F.T. – Le seul point négatif est le jockey, car le parcours de la grande piste est assez stratégique et je ne suis pas sûr que les pilotes japonais soient les mieux préparés à cela.

Francis, qu’est-ce que cela vous fait d’avoir un fils qui marche dans vos pas ? Peut-on parler de succession ?

F.T. – C’est plutôt une transmission. Benjamin vient aux courses avec moi depuis l’âge de 5 ans. Il a appris, il a côtoyé, il a partagé… Il est entré dans cette passion des chevaux. Pour un père, c’est extrêmement satisfaisant que de pouvoir partager cela avec son fils. J’ai aussi été ravi lorsqu’il a pris ses couleurs ! Benjamin a une personnalité de meneur d’hommes : c’est un chef d’entreprise. Il avait envie d’être au cœur de l’action, pas seulement au travers des couleurs de la famille.

B.T. – J’ai été piqué par le virus des courses très jeune ! J’ai des souvenirs de l’âge de 4 ou 5 ans à Maisons-Laffitte, lorsque nous allions à l’entraînement. On se prend au jeu des courses et aujourd’hui, elles font partie intégrante de notre relation et de ma vie.

Que représentent vos couleurs ?

F.T. – Ma femme adorait les couleurs bleu et jaune mais monsieur Gaumondy, notre entraîneur à l’époque, lui avait dit qu’elles étaient déjà prises par les Rothschild ! Donc nous sommes partis sur les couleurs vert et rouge. C’est un dispositif avec lequel nous avons connu de grands succès.

B.T. – Je voulais des couleurs qui se rapprochent de la casaque Sangster [les couleurs de Benjamin sont vert clair à pois bleus, ndlr] car elles m’ont marqué durant mon enfance. Et puis Robert Sangster a quand même gagné cent Grs1 et a été à l’origine de Coolmore. Je voulais aussi une casaque avec laquelle je pourrais vieillir et je me suis dit qu’avec ces couleurs un peu modernes, je pourrai les voir de loin pendant longtemps (rires) !

Gemini Stud et Argella Racing, quelle est l’origine de ces noms ?

B.T. – Argella, c’est l’anagramme du prénom de ma fille Allegra. Elle venait de naître quand j’ai créé l’écurie. Je ne voulais pas que son prénom soit mis en avant. Mais on va dire qu’elle en est la racine.

F.T. – Moi, c’est très simple : je ne savais pas comment appeler la société. Et Benjamin m’a dit : comme tu es gémeau, appelle-la Gemini. Cela m’a bien plu.

Pourquoi ne pas avoir placé vos chevaux sous une même entité ?

B.T. – Prendre mes couleurs m’a permis d’avoir une forme d’égalité, de partage de décision avec mon père. Et même si j’ai toujours le respect de l’aîné, notamment avec l’expérience, cela légitime un petit peu plus les décisions que je peux prendre. De plus, nous ne partageons pas la même entité car mon père a monté son écurie il y a environ quarante ans et a beaucoup investi. Moi je suis arrivé plus tard, avec une vision différente. Donc avoir chacun ses couleurs nous offre une forme d’indépendance à l’élevage pour lui qui est très conservateur ou pour moi lorsque je souhaite aussi partager cette passion avec des amis et avoir des chevaux dans un contexte extra-familial.

Comment travaillez-vous ensemble ?

F.T. – Nous nous appelons tous les jours et à partir de là, nous réfléchissons ensemble. Benjamin est un acheteur de chevaux remarquable. Je me fie beaucoup à lui. Il a une façon de regarder les chevaux, les papiers et de faire des choix très intelligents : cela nous a permis de vivre des grands moments. Nous discutons beaucoup des entraîneurs pour savoir chez qui on va mettre tel ou tel cheval. Nous parlons aussi des engagements et des distances pour chaque cheval, ainsi que du choix des jockeys.

B.T. – Nous n’avons pas vraiment de tâches qui nous sont attribuées plus à l’un qu’à l’autre. Certes, mon père dit que je peux avoir une sensibilité pour certaines choses mais il a quand même vécu quarante ans de courses, d’investissement, et j’en ai potentiellement bénéficié pour gagner du temps et éviter certaines erreurs et impasses.

Êtes-vous conseillés par les mêmes personnes, en plat et en obstacle ?

F.T. – Pour le plat, nous travaillons avec Paul Nataf, qui a toute notre confiance. Il a notamment acheté Sweet Lady (Lope de Vega) et My Sister Nat (Acclamation). C’est quelqu’un qui apprécie les modèles. Il voit dans quelle mesure c’est un cheval à acheter ou pas et nous, nous affinons en regardant les papiers. Pour l’obstacle, nous achetons avec nos entraîneurs ou par opportunité.

Justement, racontez-nous l’histoire de Gémix…

F.T. – Un soir, je retrouve mon épouse et Benjamin devant les courses de Vichy. Pourquoi Vichy ce soir-là ? Je peux vous dire que ce n’est pas un rendez-vous habituel (rires) ! À ce moment-là, Gémix tape dans l’œil de ma femme qui me dit : « Ce cheval est magnifique ». Et tout à coup, il tombe un déluge sur l’hippodrome de Vichy ! La course est reportée d’une quinzaine de minutes. Cela n’a pas déplu à Gémix car il a gagné de plusieurs longueurs. C’était une course à réclamer. Nous téléphonons donc à Nicolas Bertran de Balanda pour mettre un bulletin. On en a même mis un second, de peur que le cheval nous échappe mais nous l’avons eu ! D’abord, Gémix a couru en plat car il avait gagné l’équivalent d’une Classe 1. Et ensuite, il a connu une très belle carrière d’obstacle avant de devenir étalon.

Quel est votre plus beau souvenir de course ?

F.T. – Gémix est vraiment le cheval de ma vie. À la base, nous ne devions même pas courir la Grande Course de Haies (Gr1) car je le trouvais trop jeune à 5ans. Mais Nicolas Bertran de Balanda et surtout David Cottin m’ont poussé à y aller. David m’avait dit : « Êtes-vous sûr que nous l’aurons l’année prochaine ? » Cela m’a fait réfléchir et il a finalement couru. Et quand je l’ai vu courir…Il a fait 5.100m tête et corde ! Plus ça allait, plus je m’arrachais les cheveux en me disant : « Mais il est fou ce David ! » J’avais posé les jumelles à la sortie du dernier tournant. Il était toujours en tête et je m’étais dit qu’il allait s’arrêter à un moment ou à un autre. Quand je l’ai vu sauter la dernière haie, je n’en croyais pas mes yeux. Je n’ai jamais autant pleuré de ma vie dans les bras de mon fils.

B.T. – La deuxième Grande Course de Haies était aussi un très beau souvenir, car mon père souhaitait l’arrêter après le Relkeel Hurdle (Gr2) à Cheltenham. Nous nous étions presque disputés ! Mon père m’avait même dit : « Tu seras responsable si cela se passe mal », et heureusement, tout s’est bien passé.

En plat, il y a aussi eu Sweet Lady…

B.T. – Évidemment ! Elle était très bonne en plus, il y avait un très bon cru de pouliches françaises cette saison-là. Dans le Vermeille, elle était associée à Grégory Benoist qui n’en a fait qu’à sa tête en montant tête et corde sur les 2.400m grande piste à Longchamp ! Mais ce fut une initiative payante puisqu’ils ont gagné !

F.T. – C’est la concrétisation ! J’ai regardé Benjamin, je lui ai dit : « Tu es sûr que nous avons gagné ? » Je n’en revenais pas de cet exploit !

Quelle conclusion tirez-vous de l’affaire « pas d’Arc pour Sweet Lady » ?

F.T. – J’en tire comme conclusion qu’il faut être cohérent. J’ai eu l’occasion d’être reçu par Édouard de Rothschild à ce sujet. Ce n’était pas normal d’organiser la journée des Arc trials avec des courses préparatoires comme le Vermeille et de ne pas sélectionner la première pour courir l’Arc. La règle a changé depuis et cela ne se reproduira plus, ce qui est bien là l’essentiel.

Comment votre relation avec Francis-Henri Graffard se passe-t-elle ?

F.T. – Il nous a été présenté par notre entraîneur historique Élie Lellouche, lorsqu’il a cessé son activité. J’ai une grande confiance en Élie. Nous avons donc collaboré et dès le début, nous avons eu des chevaux comme My Sister Nat. Francis-Henri Graffard est un homme de rigueur, de dialogue, d’organisation. Chez lui, nous avons entre cinq et huit chevaux en moyenne, ce qui est déjà important. Ce que j’apprécie particulièrement avec lui, c’est la relation de proximité qu’il a avec chacun de ses propriétaires, notamment lorsqu’il s’agit de discuter d’un engagement, d’un jockey, de l’état de forme d’un cheval et d’un objectif à atteindre…

Concernant vos autres entraîneurs, comment les choisissez-vous ?

F.T. – Nous avons, en plus de Francis Graffard, Yoan Bonnefoy, Gianluca Bietolini, Christopher Head, que nous avons choisis pour leur expérience et ou leur talent.

B.T. – Pour moi, la qualité première d’un entraîneur doit être sa compétence, donc nous regardons les résultats et en plus, si un bon feeling se forme et qu’il y a de l’honnêteté et du dialogue, alors nous pouvons nous projeter, comme c’est le cas aussi avec Gabriel Leenders, qui entraîne nos chevaux d’obstacle. Nous l’avions rencontré à Cheltenham à l’époque de Gémix, il n’était pas encore entraîneur.

Quel est votre nombre maximum de chevaux chaque année ?

F.T. – En 2025, nous aurons environ 20 chevaux répartis entre nos différents entraîneurs.

Qu’est-ce qui vous plaît dans l’élevage ?

F.T. – Dans ma famille, on m’a rebaptisé le collectionneur (rires) ! Quand j’ai eu des joies avec des juments, j’aime les garder poulinières. Nous avons eu des bons et des moins bons résultats. Mais je commence petit à petit à faire du turn-over. Parfois aussi, il faut savoir vendre, comme ce fut le cas avec Sweet Lady. En tout, nous avons 13 poulinières réparties entre le haras du Thenney, le haras d’Ellon et Karwin Farm.

B.T. – Je ne suis pas un grand éleveur, mais j’ai quand même gardé Sicilian Defense (Muhaarar) ! Peut-être pour démarrer avec une certaine qualité (rires) ! Je préfère accepter de ne pas vendre une bonne jument et décider de la garder en tant que poulinière. Ce que je trouve intéressant dans l’élevage, c’est que l’on peut « fabriquer » un cheval sur mesure en tenant compte des paramètres de la jument, ce que soit en termes de pedigree que de performance. Sicilian Defense a été saillie par Lope de Vega (Shamardal) et si tout se passe bien, elle devrait pouliner assez tôt en 2025.

Comment faites-vous vos croisements ?

F.T. – Eh bien par exemple, nous avons la chance d’avoir une jument par Kingman au haras, que nous avons envoyée à Waldgeist (Galileo), puis à Saxon Warrior (Deep Impact) et qui est désormais pleine de Galiway (Galileo). Pour sa quatrième saillie, je voudrais un étalon très confirmé. Bien sûr, nous ne pouvons pas toujours aller à des étalons confirmés. Donc il faut parfois compter sur sa chance avec des jeunes étalons.

B.T. – Je pense que la carrière de course est très importante en plus du pedigree. Les croisements, j’y crois un peu, il est important de regarder si les courants de sang fonctionnent. Ce que j’aime, moi, c’est viser l’année de 3ans car c’est celle des classiques. Donc je regarde ce qu’il est possible de faire pour avoir des chevaux capables de courir entre 1.600m et 2.400m à cet âge-là. Je ne suis pas très à la mode par rapport à cela : Nous acceptons donc d’acheter des chevaux parfois un peu plus tardifs. Un cheval comme Pay to Learn fera assurément un bon 4ans. Et c’est quand même intéressant de pouvoir composer avec un cheval d’âge sur des distances un peu plus longues.

Comment êtes-vous arrivé au poste d’administrateur à France Galop ?

F.T. – En 2023, j’ai été mandaté par le Conseil d’administration de mon syndicat (l’Association des propriétaires au galop d’Île-de-France, Nord et Haute-Normandie) pour le représenter au Comité de France Galop. Dans le prolongement, sur proposition du nouveau président Guillaume de Saint-Seine, j’ai été élu au Conseil d’administration en tant que représentant des propriétaires. Le projet de notre président est ambitieux et réaliste. De nombreux sujets sont au programme de ces quatre prochaines années, notamment l’image et la notoriété des courses dans le cÅ“ur des Français, le développement du propriétariat, la protection animale, la RSE… en même temps qu’une profonde réorganisation des services de France Galop menée par notre directeur général Élie Hennau, ce qui induit des échanges animés et constructifs. Sur l’ensemble de ces sujets, j’essaie d’apporter mon énergie et mon expérience d’entrepreneur.

Benjamin, cela fera-t-il aussi partie de vos ambitions au sein des courses ?

B.T. – Actuellement, je suis très pris par ma carrière professionnelle et ma vie personnelle. Ce n’est peut-être pas le bon moment pour moi, mais peut-être un jour. Toutefois, j’ai vraiment la sensation que l’Institution est entre de très bonnes mains. Nous avons un nouveau président qui a un parcours professionnel brillant et c’est quelqu’un que l’on a toujours croisé à l’hippodrome de manière très régulière avant qu’il ne prenne la tête de France Galop.

Francis, comment la passion des courses hippiques vous est-elle venue?

F.T. – Traditionnellement, j’avais un père qui faisait son tiercé tous les dimanches. Mais j’ai surtout eu un grand-père non-voyant passionné de courses. J’étais ses yeux et je restais parfois jusqu’à minuit à lui lire les partants du dimanche. Il m’emmenait au PMU du boulevard Saint-Martin à Paris. Je montais sur un guéridon pour miser 50 centimes sur ce fameux jockey qui s’appelait Bonny. Les courses, c’est vraiment ce qui l’a fait tenir durant toute sa vie et qui lui a fait oublier son handicap. Après, je suis passé à autre chose et un jour, je me suis rendu à l’Agence française [devenue Arqana, ndlr]. Là-bas, j’ai acheté mon premier cheval tout seul. Je l’avais mis chez Jean-Claude Rouget. Il s’appelait Serybird (Pampabird). Malheureusement, ce n’était pas un très bon cheval (rires) !

Quels sont vos parcours professionnels ?

F.T. – J’ai commencé à travailler très jeune. Je suis le dernier de quatre frères. À l’époque, c’était difficile d’offrir des études à tous ses enfants. Un jour, j’ai dit à ma mère que j’allais me débrouiller. Je suis entré dans l’intérim en 1972. Puis, j’ai créé ma société avec mon frère. Nous avons développé notre entreprise de travail temporaire et de recrutement. Nous l’avons orientée vers la banque et les assurances avant de la céder en 2002. J’ai créé ensuite un centre de formation professionnelle en banque et assurance, qui se nomme Af2a.

B.T. – Après le bac, j’ai voulu travailler directement, je ressentais le besoin d’entrer dans la vie active. J’ai ensuite travaillé avec mon père dans des affaires immobilières. Puis j’ai voulu créer une entreprise en partant de zéro. Je me suis associé avec mon beau-frère. Lui venait de la tech, moi de l’immobilier et nous avions compris qui il avait un lien à faire entre les entreprises et les propriétaires d’immeubles. C’est comme ça qu’est née Deskeo, une entreprise leader dans son segment de marché : nous gérons des espaces de bureau avec service et flexibilité pour accueillir des entreprises de tout type. Aujourd’hui, nous faisons partie d’un groupe international.

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