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jeudi 6 mars 2025
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CHRISTOPHE SOUMILLON, SANS DÉTOUR

CHRISTOPHE SOUMILLON, SANS DÉTOUR

Le jockey nous a accordé une longue interview cette semaine, que nous vous proposons de découvrir en deux parties : la première ce soir est un bilan de son année et même de sa carrière ; la seconde, demain, évoque le grand projet qui a vu le jour cet été, la Soumillon International Pony Academy.

En constante évolution…

« Je suis en constante évolution. On ne peut pas être la même personne à 20 ans qu’à 40 ans. Logiquement, nous essayons d’évoluer dans le bon sens ! Et si l’on veut performer toujours au haut niveau, il faut se remettre en question et apprendre de ses erreurs. Et moi j’en ai fait ! J’ai perdu des courses, je suis tombé après avoir commis une erreur et j’ai pu provoquer des chutes à la suite de mauvaises réactions. Cela m’a servi de leçon. Les deux mois où je n’ai pas monté à cause de ma mise à pied m’ont permis de me rendre compte qu’il n’y avait pas que les courses dans ma vie. Je suis revenu avec une nouvelle vision et cela ne m’a pas empêché de monter pour de grands entraîneurs et de remporter de belles courses. Aujourd’hui, j’apprécie le fait de gagner des courses mais surtout de monter de nouveaux chevaux et de rêver à travers le style d’une victoire ou par leurs origines. »

Une prise de conscience et de nouveaux objectifs

« À une époque, j’en ai eu marre d’être poussé à bout. J’avais l’impression de n’être plus qu’une statistique. Je me levais le matin, je n’étais pas content car la veille j’avais trop monté et à des poids trop bas. Mentalement, je n’avais pas envie d’aller travailler. À cela se sont ajoutés les nombreux déplacements qui m’empêchaient de passer du bon temps avec mes proches… Je me suis rendu compte que ce n’était plus la vie que je voulais. »

« Je ne pouvais pas laisser tomber Al Ghadeer »

Un week-end de l’Arc 2022 compliqué

Vendredi 30 septembre 2022 à Saint-Cloud. Première épreuve du programme : le Prix Thomas Bryon (Gr3). Christophe Soumillon est associé à Syros (Wootton Bassett), un pensionnaire de Francis-Henri Graffard. La course est lancée, ils se retrouvent à l’arrière du peloton. L’épreuve se déroule correctement, il reste 1.150m de course. Là – incompréhension ! stupeur ! –, Rossa Ryan se retrouve à terre et Christophe Soumillon est jugé responsable de la chute de son adversaire. Il écope de 60 jours de mise à pied. La journée ne fait que commencer puisqu’il doit assurer six autres épreuves mais surtout le week-end de l’Arc où dans LA course, il sera associé à Vadeni (RS) (Churchill) : « Quelle chance j’ai eue de devoir monter Al Ghadeer à Saint-Cloud ! Si je n’avais pas dû lui être associé et que je n’avais pas eu de représentant de Son Altesse l’Aga Khan lors du week-end de l’Arc, je pense que j’aurais arrêté de monter immédiatement. Après la chute, il était compliqué de savoir ce qui était bon de faire ou pas. Mais je ne pouvais pas laisser tomber Al Ghadeer et son entourage. Les deux jours qui ont suivi ont été très forts émotionnellement. J’espérais conclure mon contrat par un succès dans l’Arc et nous en sommes passés proches avec cette deuxième place. »

Goliath réunit Francis-Henri Graffard et Christophe Soumillon

« Cette année, j’ai eu la chance de gagner l’Arc anglais avec Goliath et cela a été un moment important dans ma carrière. Cette victoire prouve que même si nous ne travaillons plus avec quelqu’un, il est possible qu’à un moment donné, cette personne fasse appel à vous de nouveau. Cela m’est arrivé avec André Fabre, Alain de Royer Dupré, Aidan O’Brien… Il est plaisant de se dire qu’à 43 ans, nous montons aussi bien voire mieux qu’avant. Je pense qu’il y a deux ans, je n’aurais pas gagné le Lagardère et le Royallieu, car je ne les aurais pas montés de la même manière. Je pense être plus précis qu’avant dans les détails : le changement de jambe de mes chevaux, la respiration… Certains entraîneurs me donnaient des conseils que je n’écoutais pas toujours, alors qu’ils avaient raison. »

Présent le matin pour galoper

« J’ai le temps d’aller travailler les chevaux le matin et j’adore ça ! Je travaille chez Victoria Head, Fabrice Chappet, Francis-Henri Graffard, Maurizio Guarnieri… À une époque, certains disaient que je n’aimais pas me lever le matin. J’ai fait le choix de ne pas habiter à Chantilly car je ne voulais pas vivre dans ce microcosme. J’aime être en pleine nature et c’est pour cela que je vis à 30 minutes de Chantilly. Je prends beaucoup plus de plaisir aujourd’hui à travailler les chevaux. Lorsque je lisais les articles d’Olivier Peslier et Gérald Mossé, j’avais remarqué qu’avec le temps, ils avaient davantage besoin de travailler les chevaux, d’être plus proches du personnel… J’ai l’impression de les rejoindre sur ce point. »

« Aidan O’Brien a été le premier entraîneur à me tendre la main après ma suspension »

Le précieux soutien d’Aidan O’Brien

« Lors du week-end de l’Arc 2024, j’étais le second choix derrière Ryan Moore et finalement, j’ai gagné deux Grs1 pour Aidan O’Brien. La vie peut basculer vite, dans un sens comme dans l’autre. Aidan a été le premier entraîneur à me tendre la main après ma suspension. Dix jours plus tard, il m’avait fait monter aux États-Unis et a été très critiqué pour ce choix. Mais quel homme ! Il arrive à pardonner. Je suis ravi de voir que le futur meilleur entraîneur de tous les temps est capable de me tendre la main et de m’aider lorsque j’en ai besoin. »

Une fin de saison qui ne se fait pas ressentir physiquement

« Je n’aurais pas dit non pour avoir 30 gagnants de plus cette saison, mais je pense qu’Hervé Naggar, mon agent, a souhaité miser sur la qualité plutôt que la quantité. Il a eu raison. Je suis en fin de saison mais physiquement, je me sens bien. Vouloir constamment monter toutes les courses peut nous fragiliser physiquement, puis mentalement. Mais lorsque nous voulons être dans les trois premiers du classement, nous n’avons pas le choix. Hervé est le seul agent avec qui il n’y a pas de conflit. Il sait comment je travaille, les chevaux que je veux monter et comment je suis. Nous ne nous appelons que très peu. »

Un hiver à l’international

« En décembre, je devrais partir en vacances et me faire enlever une plaque dans la main suite à une chute survenue au mois de mai. Je devrais également monter Goliath au Japon et peut-être poursuivre avec Hongkong et les internationaux. Il est aussi possible que je me rende aux Émirats, au Qatar et à Bahreïn. Du côté de la France, je vais effectuer des allers-retours à Cagnes, mais il ne faut pas oublier qu’il y a toujours Deauville et Chantilly en même temps. Je laisse carte blanche à mon agent. »

« J’ai toujours eu des frictions avec certains jockeys, peu importe les générations »

Des adversaires avant tout

« Je ne supporte pas d’entendre les gens critiquer les époques et dire que c’était mieux avant. Nous ne pouvons pas comparer. J’aime vivre l’instant présent et je ne me replonge pas dans le passé, bien qu’il serve à mon futur. J’ai toujours eu des frictions avec certains jockeys, peu importe les générations. Je suis quelqu’un qui a du caractère. Il y a toujours eu des coalitions avec trois, quatre jockeys qui montaient pour un même entraîneur et je me suis toujours battu contre cela. C’est un peu déloyal. Moi, je préfère les « un contre un », les « quatre contre un » ce n’est pas trop mon truc ! Je ne me laisse pas faire ! Il faut remettre les choses à leur place et je ne laisserai jamais les gens vouloir faire du mal à mes proches ou à moi, pour une question de jalousie ou à cause de mon caractère. Mais heureusement que nous en avons, du caractère, avec toutes les choses qui nous arrivent. Si je n’en avais pas eu, je n’aurais certainement pas eu cette carrière. Il ne faut pas oublier que les jockeys ne sont pas des coéquipiers. Nous sommes des adversaires dès que les boîtes s’ouvrent ! Certains jockeys n’attendent qu’une chose, qu’un concurrent soit mis à pied pour prendre ses montes et tout faire pour qu’il ne les récupère pas. C’est triste à dire mais c’est la réalité et l’arrivée des agents n’a pas arrangé les choses, bien que je sois le premier à en avoir eu un en France. »

La jeune génération…

« C’est vrai qu’à l’époque de Freddy Head, Dominique Bœuf, Cash Asmussen, Olivier Peslier, Gérald Mossé… il y avait dans le top 15, dix très grands jockeys. À cette époque, les courses étaient encore plus tactiques qu’aujourd’hui. Sur les sept dernières années, depuis la génération de Maxime Guyon, Mickaël Barzalona et Pierre-Charles Boudot, il n’y a pas eu un Étrier d’or qui a réussi à faire sa place. Ces dernières années, il n’y a eu qu’Alexis Pouchin qui a pu se faire un nom. C’est comme dans le football, nous n’aurons pas un Kylian Mbappé tous les ans. Il y a une phrase du golfeur Gary Player que j’adore : « Dans la vie, plus je m’entraîne et plus j’ai de la chance. » Alexis Pouchin a toujours eu des qualités et il a fallu qu’il y ait un déclic en lui. Il faut aussi avoir la chance de tomber au bon moment sur le bon cheval qui te permet d’être placé dans la lumière. Et lorsque tu es favori dans un Gr1, là il ne faut pas te louper. Voilà pourquoi il a réussi. »

« J’ai eu la chance de réaliser mes rêves d’enfant »

Une date de fin ?

« Je suis encore capable de faire de grandes choses à cheval. Je ne pense pas du tout à la fin de ma carrière. Elle se fera lorsque mon corps me dira stop. Le jour où je vais sentir que la forme physique et le mental ne sont plus présents et que je ne suis plus performant, j’arrêterai. Je retiens une chose : pendant trois décennies, j’ai fait partie des meilleurs du vestiaire. J’ai eu la chance de réaliser mes rêves d’enfant. C’était inimaginable il y a 35 ans, à l’époque où je vivais en Belgique. Je me trouve chanceux d’exercer ce métier. Des amis, j’en ai encore beaucoup et je ne vais pas dans le vestiaire pour jouer à la belote ; je suis là pour travailler et être performant à cheval. »

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