ZARIGANA DANS LE REGISTRE DE L’ÉMOTION

Ceux qui étaient présents à Chantilly le 14 juillet pour les débuts de Zarigana (Siyouni) savaient qu’ils avaient vécu un moment rare. Bien sûr, la pouliche de S.A. l’Aga Khan devait confirmer la folle impression produite ce jour-là dans des conditions différentes, face à un lot plus relevé et sur un terrain moins rapide. Mais dans le Prix d’Aumale (Gr3), Zarigana a fait mieux que cela.

Cette pouliche magnifique au modèle est encore plus belle en mouvement. Elle a d’abord patienté en avant-dernière position, ne demandant qu’à avancer mais sans se battre avec la main de Mickaël Barzalona. Dans la ligne droite, le jockey s’est attaché à bien l’équilibrer avant de la décaler à 300m du but. C’est à cet instant que Zarigana a montré qu’elle n’évoluait pas dans la même galaxie que ses rivales. En trois foulées seulement, elle a fait la différence, prenant deux longueurs d’avance sur Angeal (Wootton Bassett). Sans enclencher la cinquième vitesse, elle a passé le poteau avec trois longueurs d’avance sur Angeal, elle-même laissant sa compagne d’entraînement Rosa Salvaje (Maximum Security) à quatre longueurs. La Guapisima (City Light) est proche quatrième.

Les écarts sont parlants mais avec ce genre de phénomène, les chiffres importent peu. C’est d’émotion qu’il est question ! Francis-Henri Graffard n’est pas homme à s’enflammer et sans tomber dans les superlatifs, il a dû admettre qu’il tenait là une 2ans peu ordinaire : « Je n’étais pas présent quand elle a débuté. Je dois reconnaître qu’il est plaisant de voir ce genre de performance ! Le matin, nos galops sont très organisés et on ne les laisse pas faire de tels éclairs de classe. En plus, elle n’est pas forcément très démonstrative ! C’est une ravissante pouliche. Elle a énormément de classe dans son attitude, une très jolie action et quand Mickaël l’a déboîtée, elle a répété ce qu’elle avait fait pour ses débuts, c’est-à-dire avancer et partir d’elle-même… Elle a de la classe. On se demande si, sous de vraies sollicitations, elle aura d’autres vitesses à passer. Si elle rentre bien, elle pourrait tenter sa chance dans le Boussac. Et il n’y a pas de raison qu’elle ne fasse pas ensuite une bonne 3ans. » Nemone Routh, racing manager des Aga Khan Studs, a ajouté : « Nous pouvions nous poser des questions sur le terrain, car son dernier galop était intervenu avant l’arrivée des pluies, mais quand nous l’avons vue partir au canter, nous étions rassurés ! C’est une magnifique pouliche, plus grande que sa mère ne l’était. Siyouni a apporté du physique. Déjà, yearling, il y avait elle et les autres. Sa présence, sa façon d’accélérer en trois foulées… Oui évidemment, elle nous rappelle sa deuxième mère Zarkava. »

Chistopher Head sellait trois des sept pouliches au départ, et son trio a gagné l’autre course, celle des placées… L’entraîneur nous a confié : « Il était très compliqué d’imaginer avant la course laquelle de mes trois pensionnaires allait devancer les autres. Je suis ravi de leurs performances. Au moment du démarrage, certaines n’ont pas eu la chance de pouvoir lutter avec les premières mais il est certain qu’elles sont battues par une extraterrestre ! Les engagements sont encore ouverts pour les trois. La Guapisima pourrait aller courir dans un Gr3 en Allemagne, je pense qu’elle pourra être performante et décrocher son black type majuscule. Concernant Rosa Salvaje et Angeal, nous allons discuter avec leur entourage de la suite de leur carrière. Il y a forcément un moment où elles vont se rencontrer de nouveau puisque le programme est ainsi fait mais c’est très bien pour juger la qualité de nos chevaux et réfléchir au mieux à leurs engagements. Concernant Angeal, je suis ravi d’avoir pu entraîner une pouliche de monsieur Yoshida et aujourd’hui, elle ne démérite pas. Pour la suite, il n’est pas impossible qu’elle puisse voyager. Le Marcel Boussac étant une option, elle pourrait également se rendre aux États-Unis. »

Issue de l’élevage Aga Khan, Zarigana est née du croisement entre Siyouni (Pivotal) et Zarkamiya (Frankel) qui avait sensation pour ses débuts en avril de ses 3ans. Lors de sa deuxième course, elle n’avait pas respiré. Elle avait corrigé le tir en remportant le Prix de Thiberville (L), puis en prenant les troisièmes places du Prix Minerve (Gr3) et du Prix Vermeille (Gr1), sous l’entraînement d’Alain de Royer Dupré. Zarigana est son deuxième produit, après Zarwara (Medaglia d’Oro), lauréate en débutant en mai de ses 3ans, sur 2.400m. Cette dernière est entrée au haras après deux courses. Zarkamiya a une yearling par Dubawi. Elle a de nouveau été saillie par Siyouni cette année.

Zarkamiya est le sixième produit de la légendaire Zarkava, dont le produit le plus connu est l’étalon Zarak (Dubawi). Zarkava a pouliné cette année d’une femelle par Siyouni.

Du départ à 1.000m : 41 »87

De 1.000m à 600m : 27″32

De 600m à 400m : 12″45

De 400m à 200m : 11″45

De 200m à l’arrivée : 11″49

Temps total : 1’44”58