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mardi 4 mars 2025
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RONAN THOMAS, L’HOMME TRANQUILLE

QATAR PRIX DE L’ARC DE TRIOMPHE J-5

RONAN THOMAS, L’HOMME TRANQUILLE

Lundi fin de matinée. Ronan Thomas rejoint Montparnasse et le train qui l’emmènera à Angers. Plus tôt, il était en selle sur Look de Vega pour les derniers réglages avant l’Arc. C’est la deuxième fois que l’homme montera la course qui fait rêver tous les jockeys au monde. À 46 ans, il sait les implications immenses d’un tel événement, mais vit cela en « homme tranquille », comme John Wayne dans le célèbre film éponyme (un chef-d’œuvre !). C’est toute la singularité de Ronan Thomas. Sa vie tourne autour des courses… sans s’y résumer.

Adeline Gombaud

ag@jourdegalop.com

« L’expérience aide certainement à gérer la pression inhérente à ce genre d’événements. C’est la course que l’on rêve de gagner quand on est gamin mais aussi bien plus tard ! Certains jockeys traversent le globe pour la monter… Mon état d’esprit ? Je suis serein. J’ai une pleine confiance en mon cheval. Je suis impatient d’y être. » Cette sérénité qui se dégageait déjà de l’entourage de Look de Vega (RS) (Lope de Vega) avant le Jockey Club n’a pas été atteinte par la troisième place du poulain dans le Qatar Prix Niel (Gr2). « Je n’envisageais pas la défaite » avait même lancé le jockey en conférence de presse, après la victoire du Jockey Club. Pas de raison de se mettre à douter après la rentrée du poulain. « Oui, il a été battu. Mais il faut bien comprendre qu’il est extrêmement rare qu’un cheval reste invaincu… Cette troisième place ne remet pas en cause son talent. Nous savions avant le départ que nous étions un peu justes en préparation. Le poulain est resté trois mois sans courir, avec une vraie période de repos. Pour être franc, je ne pensais pas qu’il allait manquer tant que ça. Il avait reçu une charge de travail qui nous semblait satisfaisante, mais la course a montré qu’il était certainement à court de compétition. Ce n’est pas illogique quand on voit sa masse. Et le Niel restait une préparatoire. L’objectif a toujours été de l’avoir au top pour l’Arc… »

Optimiste de nature

De toute façon, ne comptez pas sur Ronan Thomas pour ressasser. Il y a bien longtemps qu’il a choisi de voir le verre à moitié plein : « Oui, c’est vrai, je suis d’une nature optimiste. Tout le monde a ses tracas, ses soucis, parce que la vie est faite de hauts et de bas. Mais je préfère m’attarder sur les choses positives et les savourer plutôt que me torturer avec ce qui va moins bien. Ce sont à la fois des valeurs transmises par mes parents, mais aussi une nécessité quand on travaille avec les chevaux, encore plus avec les chevaux de course ! Tout est si fragile… » De sa première expérience dans l’Arc, en 2020, avec In Swoop (Adlerflug), il ne garde aucun regret. On lui rappelle qu’ils n’ont été battus que d’une encolure. Il se souvient : « J’y ai cru quand nous refaisions du terrain sur Sottsass mais arrivés à sa hauteur, nous n’avons fait que le pousser. Il était plus fort. J’ai eu le parcours que j’ai voulu, j’ai pu venir dans l’open stretch… Donc cette deuxième place n’a aucune connotation amère ! »

Des choix de carrière assumés

2020 a été une année marquante pour le jockey, avec une première victoire de Gr1 acquise avec ce même In Swoop dans le Derby allemand. Un an plus tôt, Ronan Thomas avait décidé d’accepter l’offre d’Alban de Mieulle. Wathnan Racing n’existait pas encore, mais l’entraîneur français cherchait un premier jockey pour la saison qatarie et la casaque de Son Altesse le cheikh Abdullah bin Khalifa Al Thani. Cette expatriation, reconduite pendant cinq hivers et qui n’était pas sans risque, notamment celui de perdre une clientèle fidèle pendant les meetings hivernaux, a joué le rôle de booster. « À différents moments de sa vie et de sa carrière, il faut faire des choix. A posteriori, je n’en regrette aucun. Le Qatar, c’était dur d’un point de vue personnel, puisque ma famille n’a pu m’accompagner à plein temps, mais cette expérience m’a apporté un regain de confiance qui a sans doute compté pour la suite de ma carrière. » Ronan Thomas a donc remporté son premier Gr1 à 42 ans, à un âge où certains réfléchissent déjà à une reconversion. « Ma carrière n’a pas été linéaire, mais bon, je pense que c’est le cas de beaucoup, dans les courses ou ailleurs. Mes débuts ont été plutôt honorables puis je me suis posé beaucoup de questions. Mon patron d’apprentissage, David Smaga, traversait lui-même une période plus difficile professionnellement parlant, et il a fait le choix de moins me faire monter. Je ne voyais pas trop d’issues et j’ai pensé arrêter. Cela s’est joué à pas grand-chose : des rencontres, des mots de proches qui m’ont encouragé à persévérer… »

L’équilibre pro/perso

Des rencontres, puis LA rencontre, celle avec Margot qui deviendra la mère de ses deux enfants et sa femme. « Cela va faire 18 ans de vie commune et nous avons la chance que nos liens se renforcent avec le temps ! Margot n’est pas issue du monde des courses, mais elle a en revanche un vrai goût pour la compétition. Plus jeune, elle a fait de la gymnastique à haut niveau. Elle m’insuffle sa motivation à toujours essayer de faire mieux, son exigence dans la recherche de l’excellence… Et bien sûr un équilibre fondamental. » Cet équilibre se nourrit aussi par une ouverture sur le monde qui peut parfois faire défaut aux athlètes de haut niveau. « J’ai toujours été quelqu’un de curieux. Quand Margot était encore étudiante, elle habitait Paris et nous adorions profiter de toute l’offre culturelle de la capitale. Désormais avec deux enfants, nous avons un peu moins de temps, mais nous tenons à les éveiller à la culture de façon générale, et nous avons la chance qu’ils soient réceptifs à ce genre de propositions. Je n’ai pas un domaine de prédilection : j’aime visiter les musées, aller au théâtre, à l’opéra, contempler l’architecture… Et même si je suis actuellement 100 % concentré sur ma carrière, la reconversion est quelque chose qui ne me fait pas peur. Peut-être justement parce que beaucoup de choses m’attirent ! »

Le pas de côté

Avant de fonder une famille, Ronan Thomas a beaucoup œuvré pour le bien commun, en occupant la présidence de l’Association des jockeys. « J’y ai consacré près d’une dizaine d’années. Il y avait fort à faire, car l’association était en train de sombrer. Nous lui avons redonné vie, nous avons essayé de revitaliser le Gala des courses, de mettre en place un statut pour les jockeys… Je n’ai malheureusement pas eu le temps de m’attaquer à tous les sujets importants, mais j’ai donné beaucoup de mon temps à l’époque où j’en avais. J’ai passé la main quand j’ai voulu privilégier ma famille. Les années passant, j’ai évidemment moins de centres d’intérêt en commun avec les jeunes du vestiaire. C’est bien logique : quand j’avais 20 ans, je ne cherchais pas la compagnie de types de 40 ans… » Ni solitaire, ni chef de bande. En faisant un pas de côté, Ronan Thomas a trouvé sa place. Et la sérénité.

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