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mardi 4 mars 2025
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POURQUOI L’ARC DE TRIOMPHE SACRIFIERAIT SON STATUT EN INTÉGRANT LES HONGRES

POURQUOI L’ARC DE TRIOMPHE SACRIFIERAIT SON STATUT EN INTÉGRANT LES HONGRES

Hubert Tassin 

Membre du Comité de France Galop 

Les performances cette année des chevaux castrés dans des courses de haut niveau en Grande-Bretagne et sur le continent ont, avec une certaine logique, fait revenir le débat de l’ouverture aux hongres d’épreuves qui leur sont fermées. En évidence – un peu forcément – le Prix de l’Arc de Triomphe, l’épreuve phare de l’automne à Longchamp. 

La sélection ne peut être tranchée par des intérêts immédiats

En la matière, la procédure référendaire ou même sondagière est tentante et il est assez naturel que Jour de Galop l’ai engagée. Pour autant, les débats des programmes de sélection ne peuvent être tranchés avec les préoccupations immédiates des uns ou des autres. La grande sélectivité des courses britanniques et, aussi, allemandes est la résultante d’une persistance des programmes de haut niveau : pas de sacrifice ou de suppression de grandes courses, pas ou très peu de mutations de courses en jouant sur les conditions, le champ de courses, le calendrier ou la distance. Sans doute, en revanche, les Anglais n’ont pas hésité à créer ou à promouvoir des épreuves qui ont obtenu le label Gr1 avec le soutien français. Mais en s’interdisant de pécher contre leur programme établi.

Notre système centralisé ne nous a pas mis à l’abri, au contraire, et le programme français du haut niveau a pas mal été bousculé, sans que cela ne semble avoir toujours eu des effets bien positifs. Avec l’ouverture aux hongres du Prix de l’Arc de Triomphe, nous passerions à une étape qui marquerait finalement une mutation profonde. 

Deux révolutions marquantes : l’essor du marché à l’entraînement et les courses aux millions de l’hiver

Il n’est pas inutile de revenir aux fondamentaux des programmes des grandes courses. Ils ont été construits au fil des décennies ou des siècles pour sélectionner les meilleurs pour la reproduction et donc, pour fixer les objectifs pour la race. Cela est évidemment la base intangible, mais deux grandes évolutions en ont modifié et même parfois bouleversé la pratique.

La première est le fort développement des transactions de chevaux pendant le cycle de la sélection et de la pré-sélection. À côté d’éleveurs-propriétaires – souvent des grands – organisant leurs écuries et leurs élevages pour sélectionner les meilleurs pour la reproduction et viser les victoires classiques, une catégorie de propriétaires que l’on peut qualifier de spéculateurs au bon sens du mot a émergé : une partie non marginale des candidats aux programmes classiques est à vendre sans attendre les fins de carrières et le choix du haras.

Cette fluidité organise un réel marché avec les apports de dynamisme à l’ensemble des filières qui font désormais partie de la vivacité des grandes courses plates.

La deuxième évolution est un peu liée à la première et en est en tout cas concomitante. C’est la montée en puissance continue de courses très bien dotées en dehors du calendrier de la sélection européenne, d’Amérique du Nord et du Japon. Ce sont les courses disputées entre novembre et avril au Proche Orient, en Orient plus lointain, en Amérique du Nord, en Océanie. Une véritable compétition d’allocations à coup de centaines de milliers ou de millions de dollars se traduit par des surenchères toujours dépassées entre pays.

La sélection européenne est au service du marché et du choix des concurrents des courses aux millions

Cette double évolution n’a pas marginalisé les programmes classiques. Sans parler de la sélection américaine autour d’une Triple couronne immuable tant pour les distances que pour le calendrier serré, le dispositif européen a tenu. Il a même fait davantage en trouvant une nouvelle vocation.

Il est bien naturel que le système de classification des courses en groupe (les Pattern) construit en 1971 par les Anglais et les Français à notre initiative et rallié dès l’origine par les Irlandais, les Allemands et les Italiens soit plus que le modèle : le garant de la pérennité de la race du pur-sang anglais. Malgré une certaine dénaturation liée à l’augmentation du nombre des grands courses – 83 Groupes 1 cette année pour 44 en 1971 – le programme de haut niveau européen sanctionné par le comité européen des Pattern (408 courses contre 272 il y a 52 ans) a plus que jamais valeur de sélection.

Une sélection qui n’est plus seulement au service de l’élevage, mais aussi, à celui du marché des chevaux à l’entraînement et, finalement, du programme des courses aux millions de la période novembre – avril.

Les courses de sélection nourrissent les courses de démonstration

À l’observation, on peut en effet diviser les grandes courses en deux catégories : d’une part les grandes courses « de sélection », de l’autre, les courses que l’on peut qualifier « de démonstration » qui réunissent des concurrents… sélectionnés par le programme de sélection. On peut dire que les Belmont Stakes sont une course de sélection et que les Breeder’s Cup Series sont des courses de démonstration regroupant ceux qui viennent des programmes classiques. En Europe, classique n’est pas synonyme de courses de 3ans : le Derby, les Guinées ou leurs équivalents français et irlandais sélectionnent pour les courses de démonstration, mais c’est le cas aussi à l’évidence des Eclipse Stakes, des Champion stakes anglais et irlandais, comme du Prix Jacques Le Marois ou… de l’Arc de Triomphe.

L’Arc course de démonstration et plus de sélection ? Une marginalisation inéluctable

Ouvrir notre course phare de l’automne aux hongres ne serait ainsi pas une simple facilité de court terme pour tel ou tel. Ce serait un profond changement de nature. L’Arc nouveau genre serait peut-être un objectif encore meilleur pour le marché des chevaux à l’entraînement. Il ferait surtout quitter la course du circuit de sélection pour l’intégrer aux courses de démonstration. Avec à la clé une spirale de compétitivité basée sur l’allocation. Une séquence d’enchères dans laquelle France Galop n’a pas de chance de tenir et, même si une fuite en avant était tentée, la marginalisation au sein du programme de démonstration serait inéluctable face aux « nouveaux » entrants.

Renoncer à la sélection : Non, Non, Non trois fois Non !

C’est un choix et celui de l’ouverture aux hongres détermine l’ambition qui doit être celle de France Galop : sélection ou démonstration ? On aura compris que mon choix pour la sélection est déterminé et définitif. Nous avons tout à risquer et rien à gagner ou presque à entrer dans la bataille des dotations. Notre valeur est ailleurs : dans une construction constante, équilibrée et ambitieuse. 

À mon sens, c’est autour du programme européen de sélection que nous devons serrer les rangs et promouvoir encore et toujours notre supériorité. Le comité européen des courses principales (European Pattern) doit réaffirmer ses ambitions et son autorité.Bien sûr, pour cela, il doit sans doute limiter l’inflation des courses de Groupe et notamment de Grs1. Bien sûr, pour cela aussi, il doit rééquilibrer au profit des Groupes français ses procédures aujourd’hui devenues trop favorables aux courses britanniques. Mais renoncer à la sélection pour plonger dans la démonstration, non non non, trois fois non.

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