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jeudi 27 février 2025
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POURQUOI IL FAUT OUVRIR L’ARC AUX HONGRES

POURQUOI IL FAUT OUVRIR L’ARC AUX HONGRES

La grande épreuve française aurait tout à gagner à s’ouvrir aux hongres et donc à un plus grand nombre de partants. 

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com  

Le débat de l’ouverture de l’Arc est intéressant dans le sens où il pose la question de ce qui constitue vraiment le support de la sélection du pur-sang anglais. Au fond, si cette course revenait à un hongre un jour, ce cheval ayant un père, une mère et une famille… Nous pourrions tout de même en tirer quelques enseignements du point de vue de ladite sélection. La crainte, pour certains, est de voir un bon mâle battu par un concurrent dont l’ablation des attributs reproductifs aurait constitué un avantage compétitif. Après tout, comme l’a si bien dit Sir Mark Prescott : « Donnez-moi une écurie pleine de hongres et les bookmakers viendront me manger dans la main. » Cela étant dit, il n’y a pas forcément en Europe des dizaines de noms qui viennent à l’esprit lorsqu’on cherche un hongre qui aurait pu constituer un penalty sans gardien dans la grande course. Sans leur manquer de respect, car ce sont de super chevaux qui nous ont tous fait rêver, je ne suis pas du tout persuadé que les quatre meilleurs hongres français (selon les valeurs) des années précédentes, Irésine (Manduro), Horizon Doré (Dabirsim), The Revenant (Dubawi) ou Skalleti (Kendargent) auraient gagné l’Arc. À ce titre, la situation de 2024 est inhabituelle avec deux hongres de tout premier plan sur 2.400m à l’entraînement en France (Calandagan et Goliath). 

Battus dans l’Arc, gagnants au haras

À mon sens, la défaite d’un bon cheval dans l’Arc ne constitue pas un si grand problème pour sa seconde carrière, à condition qu’il ait brillé au niveau classique précédemment. C’est une sorte de baroud d’honneur qu’on tente pour le sport et qui permettra de rajouter quelques milliers d’euros au prix de saillie si la victoire est au rendez-vous. Car l’essentiel, du point de vue de la sélection, s’est joué avant. Camelot (Montjeu) a terminé septième à Longchamp, Study of Man (Deep Impact) neuvième, Zarak (Dubawi) dixième, New Bay (Dubawi) septième puis troisième, Lope de Vega (Shamardal) onzième… Voici quelques exemples récents d’étalons en vue qui n’ont pas brillé le premier dimanche d’octobre à Longchamp après avoir bien couru (ou gagné) dans les classiques. Les personnes qui nous ont précédés avaient raison sur pas mal de choses en matière de sélection et je pense en particulier à l’importance des épreuves pour 2ans et des classiques en tant que stallion making races. 

Bien sûr, la notion de stallion making race est un concept fragile, comme beaucoup de cases que nous essayons de créer pour ranger l’indescriptible désordre que constitue le vivant. Beaucoup de gagnants d’Arc ont déçu au haras, c’est certain, d’autres ont été exceptionnels, de Montjeu (Sadler’s Wells) à Sea the Stars (Cape Cross). Mais quand les déceptions s’enchaînent, cela donne l’impression qu’une victoire dans l’Arc est une infamie si l’on veut sortir un étalon. Alors qu’il faut simplement faire preuve de patience : l’élevage en général se joue sur des temps très longs. À l’autre bout du spectre de la sélection, on voit d’ailleurs que cette théorie s’applique à n’importe quelle course. Si l’on se place à l’échelle de trois ou quatre décennies, la majorité des lauréats des 2.000 Guinées ou du Prix Morny ont échoué au haras. Je vous invite à faire le test en allant sur Wikipédia. Trois minutes de consultation des palmarès de ces trois épreuves suffisent à s’en convaincre. Le succès au haras reste une exception et ce n’est pas une question de distance ou d’âge des compétiteurs. 

Ce que nous pourrions y gagner

Le Prix de l’Arc de Triomphe se doit d’être une fête internationale, avec des chevaux venus du monde entier. Et je reste persuadé que le fait de ne pas avoir Verry Elleegant (Zed) et La Parisienne (Zarak) au départ en 2022 était une erreur du point de vue du spectacle et de la communication. L’histoire autour de La Parisienne était formidable et porteuse d’espoir pour bien des propriétaires français. Même hors de forme, une Verry Elleegant avait la capacité à drainer l’attention de toute la communauté hippique de Nouvelle-Zélande et de l’Australie.

Tous les parieurs anglais et irlandais vont suivre le périple de leur idole Willie Mullins en vue de la Melbourne Cup (Gr1) où il pourrait présenter plusieurs hongres, comme les French bred Vauban (Galiway) et Absurde (Fastnet Rock). On voit d’ailleurs aux antipodes fleurir de plus en plus de courses millionnaires – pour le plus grand plaisir des propriétaires et du public – qui n’ont même pas le label black type et qui présentent des conditions ubuesques. Comme le Golden Eagle, sur 1.500m, pour 4ans uniquement… et doté de 10 millions de dollars australiens (environ 6 M€). De même en Angleterre, l’excitation est réelle autour d’épreuves comme l’Ebor Handicap ou le Cesarewitch Handicap. Toute nation hippique a besoin de ces grands moments de détente (hippique) en complément du programme classique. Le fait d’ouvrir l’Arc aux hongres permettrait à des chevaux populaires venus du monde entier d’y prendre part et ce serait un grand plus pour l’aura de cette compétition.

Pas de raz-de-marée à prévoir

Certaines grandes courses internationales sont ouvertes aux hongres de longue date et ils ne sont pourtant pas majoritaires dans le palmarès. Aucun n’a réussi à gagner la Breeders’ Cup Classic. Seulement trois se sont imposés dans la Japan Cup (le dernier en 1994), tout comme dans la Dubai World Cup et le Grosser Preis von Baden. Cirrus des Aigles (Even Top) n’a pas pu courir l’Arc, mais aussi bon fut-il, je ne suis pas certain qu’il aurait battu l’élite sur une distance aussi longue. Dans tous les cas, il est l’un des deux seuls hongres à avoir remporté les Champion Stakes. Aucun cheval castré n’a gagné les Irish Champion Stakes. Si l’Arc s’ouvre aux hongres en 2025, Calandagan (Gleneagles) et Goliath (Adlerflug) pourraient défendre les chances françaises. Tout en sachant que Goliath a été le premier « castré » de l’histoire à remporter les King George VI and Queen Elizabeth Stakes (Gr1). L’Arc d’été anglais est loin d’être dominé par les hongres ! 

Ce que nous aurions (aussi) à y gagner

Lorsque le Prix de l’Arc de Triomphe a été créé, en 1920, le monde des courses était beaucoup plus petit et bien moins international. La valeur d’un étalon n’avait rien de comparable avec celle d’aujourd’hui car les sires saillissaient peu et le commerce des saillies était infiniment plus modeste que de nos jours. Dès lors, il n’y avait aucune urgence économique à rentrer les meilleurs tôt au haras. De même, la compétition extra-européenne n’existait pas. Il y a un siècle, aucun courtier australien ou américain n’appelait les propriétaires de manière systématique pour essayer d’acheter chaque jeune cheval ayant fait preuve de tenue et de qualité. 

Le grand challenge aujourd’hui, c’est d’essayer de conserver un maximum de chevaux – surtout s’ils sont bons – à l’entraînement en France et même en Europe. Pour certains propriétaires internationaux, qu’ils soient américains ou australiens, la possibilité de courir l’Arc peut inciter à laisser un cheval à Chantilly six mois de plus… plutôt que de l’envoyer immédiatement chez un professionnel de Royal Randwick ou de Santa Anita. Qu’il soit hongre ou pas ! Et si le cheval court bien à Longchamp au mois d’octobre, c’est un bon point de départ pour commencer à investir en France de manière plus importante, notamment avec les jeunes chevaux…

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