LES FAITS MARQUANTS

VENTE OBSTACLE AUCTAV

LA TENDANCE SE CONFIRME

Que ce soit en plat comme en obstacle, les différentes ventes européennes ont montré que le middle market souffrait. Cela s’est confirmé vendredi à Auctav qui organisait sa vente obstacle au haras de Bois Roussel. Le taux de vendus à 52 % témoigne à la fois de la timidité des acheteurs et de la réticence des vendeurs à laisser partir leurs chevaux à des prix ne couvrant pas toujours les coûts de revient… À l’inverse, les lots plus haut de gamme ont généré quelques belles batailles d’enchères, dont deux lots qui ont atteint ou dépassé les 100.000 €, à chaque fois pour des wild cards. Sur les trois étalons inscrits au catalogue, seul Morpheus (Oasis Dream) le frère de Frankel a été vendu et va partir en Afrique du Sud. La médiane progresse légèrement, passant de 13.500 € à 15.000 €.

Arnaud Angéliaume, directeur d’Auctav, a commenté : « Nous savions que le contexte était compliqué et cela s’est confirmé vendredi. Les éleveurs ont bien fait leur travail, je pense que nous aussi, mais les acheteurs ont simplement moins d’argent à investir. On l’a aussi vu avec les étalons qui représentent toujours un pari sur l’avenir, or l’avenir est incertain ! Tout n’est pas négatif. Nous avons enregistré quelques belles valorisations, avec les sujets cochant toutes les cases. »

Les grands indicateurs

Présentés

Vendus

Prix moyen (évol.)

Prix médian (évol.)

C.A. (évol.)

2024

141

73 (52 %)

21.178 € (-0,87 %)

15.000 € (+11,11 %)

1.546.000 € (+39 %)

Wild Card au catalogue, Catch On Me (Martinborough) venait de se classer troisième sur les haies d’Auteuil pour l’entraînement de Jean-Philippe Dubois. Le 4ans a gagné un bumper cet été à Vichy. Pour l’obtenir, Guy Petit est monté jusqu’à 120.000 €, signant le top price de la vente, comme l’an passé, quand il avait acheté All in You (Triple Threat) pour 230.000 € : « Je l’ai acheté pour un nouveau client de Venetia Williams. Il est encore novice en haies, mais il a un physique de chaser et son avenir se situe sûrement plus sur les gros obstacles. »

De nouveau une Wild Card avec cette Clotilda (Clovis du Berlais) qui a couru à huit reprises en obstacle pour sept places ! Cette 3ans de l’écurie Butel & Beaunez reste sur une troisième place sur le steeple de Compiègne. Élevée par la famille Devin, c’est la sœur de la bonne All Gold (No Risk At All) gagnante de six courses. Dans la salle, Guy Petit s’est retrouvé à enchérir contre Tom Malone, agissant quant à lui sur internet. Le courtier irlandais basé en Grande-Bretagne nous a déclaré : « Ses lignes sont très bonnes. Elle va arriver en Grande-Bretagne avec une valeur handicap mais encore maiden donc elle va avoir vraiment beaucoup de courses à sa disposition. Je pense qu’elle représente un très bon rapport qualité prix. Je ne l’ai pas achetée pour un client déjà désigné, mais je pense que je vais lui trouver facilement un propriétaire ! »

En novembre 2021, quand Florent Fonteyne a acheté La Grande Zohra (Martaline) pour le compte de l’entraîneur de trotteurs Alexandre de Jésus, la poulinière grise pleine de Latrobe (Camelot) n’était « que » la fille de la black type Popova (Kahyasi) deuxième du Prix André Michel (Gr3) et du top étalon Martaline (Linamix). Popova avait toutefois déjà produit Meredith (Soldier of Fortune) deuxième du Grand Prix de la Ville de Nice (Gr3). Fastorslow (Saint des Saints), lui, n’était qu’un 5ans exporté en Irlande après sa victoire dans le Prix Weather Permitting. Depuis, le cheval a gagné trois Groupes 1 pour Sean Mulryan ! Hubert Barbe a dû monter jusqu’à 80.000 € pour acheter la jument présentée pleine de Saint des Saints, représentant donc un croisement très similaire à celui de Fastorslow.

Hubert Barbe était accompagné d’Hubert O’Delant du haras de Couëly qui nous a confié : « La Grande Zohra va devenir la quatorzième poulinière du haras ! Je travaille avec Hubert Barbe depuis toujours. Mon élevage est à vocation commerciale, et donc le pedigree de cette jument était assez évident. Nous n’avons pas encore réfléchi au prochain croisement mais nous avons le temps pour ça ! » Le haras de Couëly, situé en Loire-Atlantique, s’est distingué lors du dernier National du Pin via Dino de Couëly (Doctor Dino) champion suprême des foals et qui sera proposé à la vente d’automne Arqana. Ce foal est issu d’une sœur d’Irésine (Manduro) qu’Hubert Barbe avait achetée 90.000 € à la vente d’été Arqana en juillet 2023. Green Dragoness (Enrique), sœur du champion Blue Dragon et payée le même prix en février 2022, fait elle aussi partie des reproductrices de Couëly.

Représenté par ses premiers 2ans, Moises Has (Martaline) a vu l’un de ses produits atteindre les 65.000 €. Pour ce frère d’Icéo Madrik (Chœur du Nord) gagnant de Listed et troisième du Prix Ferdinand Dufaure (Gr1), Bertrand Le Métayer est monté jusqu’à 65.000 €.  Le courtier nous a confié : « Je l’ai acheté pour une association entre Hamel Stud et deux ou trois autres personnes et il va être entraîné par François Nicolle. Nous soutenons l’étalon : j’en ai acheté deux en juillet chez Arqana. Il fait des chevaux avec un super tempérament, de bons pieds… des chevaux de course comme lui l’était ! » Comme son nom l’indique, Moise Madrik a été élevé non loin de Bois Roussel, chez Emmanuel Leclerc.

Chachnak réussit un drôle de début de carrière au haras : le fils de Kingman affiche le taux assez hallucinant de 50 % de gagnants par partant ! Pour un cheval ayant peu sailli, c’est remarquable. Il n’est donc pas étonnant que les professionnels s’intéressent à ses yearlings. Pour obtenir celui-ci, fils de la bonne Plaisir d’Amour (Linngari) qui a gagné son black type majuscule sur les haies outre-Manche, Matthieu Pitart, au téléphone avec Franck Amar (Neuilly Bloodstock), a dû monter jusqu’à 60.000 €.

Chœur du Nord (Voix du Nord) rencontre un vif succès notamment chez la clientèle anglo-irlandaise, et Toby Jones est allé jusqu’à 45.000 € pour acheter ce lot 118, un hongre de 2ans proposé par Roc Let Stud. Le poulain présente un inbreeding assez rapproché (2×4) sur Cardoudalle (Cadoudal) deuxième mère de Cokoriko, de Bénie des Dieux, de Ceasar’s Palace… Toby Jones nous a confié : « Je l’ai acheté pour Jamie et Lucie Snowden et il va partir en Grande-Bretagne. Je leur ai déjà acheté à Auctav une jument comme La Marquise (Beaumec de Houelle), plusieurs fois gagnante et récente placée de Gr2. Chœur du Nord produit bien. »

Le haras du Cadran présentait pour la première fois à Auctav et cette femelle par Nathaniel a réalisé 45.000 €, déboursés par le courtier anglais Jerry McGrath. C’est le deuxième produit de Daphné du Clos (Spanish Moon), lauréate d’un bumper labellisé Listed outre-Manche. Le courtier nous a dit : « Je l’ai achetée pour un syndicat et elle va rester en France. C’est une AQPS, cela fait plus de sens qu’elle soit entraînée ici. »

Goliath du Berlais (Saint des Saints) réalise de superbes débuts au haras puisque de sa première production sont issus des éléments de la valeur d’Entourloupe, Sobriquette, Early Mist, World Apart, Altura… Le lot 56, troisième produit de la bonne Évidence Madrik (Sageburg) gagnante de Listed et deuxième du Prix Ferdinand Dufaure (Gr1), a suivi la tendance : les enchères sont montées jusqu’à 40.000 €. Guy Petit a signé le bon et nous a confié : « Goliath du Berlais est très à la mode, et avec une mère black type, on ne peut rien reprocher à ce foal ! Je l’ai acheté pour un client anglais. Il va aller à la maison et il y a de fortes chances qu’il soit exploité en France. »

Le haras d’Étreham continue de soutenir son étalon basé à la Tuilerie. C’est ainsi que le lot 9, une yearling présentée par le haras du Cadran, a été adjugé 32.000 € au haras de la famille Chambure. La pouliche est issue d’une propre sœur de Raffles Face (Authorized) gagnant du Prix Questarabad (Gr3) et deuxième du Prix Cambacérès (Gr1). Franck Champion nous a appris : « Notre politique a toujours été de soutenir nos jeunes étalons. Nous n’avons pas énormément de yearlings de Goliath et nous avons donc décidé d’acheter celle-là. Vu la réussite du cheval, je pense qu’il est judicieux de se dépêcher de les acheter, car leur prix de revient est amené à progresser… »