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vendredi 27 septembre 2024
AccueilÉlevageBRYAN CARLSON : « L’INDIVIDU PRIME, EN CE QUI CONCERNE LA PRÉCOCITÉ »

BRYAN CARLSON : « L’INDIVIDU PRIME, EN CE QUI CONCERNE LA PRÉCOCITÉ »

LA PRÉCOCITÉ EN QUESTION

BRYAN CARLSON : « L’INDIVIDU PRIME, EN CE QUI CONCERNE LA PRÉCOCITÉ »

On dit souvent qu’en Australie, le niveau des 2ans est le plus élevé du monde. Et à ce jeu-là, Emirates Park est le haras local qui affiche le meilleur taux de réussite dans la catégorie, avec notamment deux gagnants du Golden Slipper (le “Morny” wallaby) en dix ans. Bryan Carlson, qui dirige le haras, nous a présenté leur méthode.

« Emirates Park a la réputation et les statistiques d’un haras qui tire son épingle du jeu avec les 2ans, je vous l’accorde… Mais il n’y a pas de véritable secret derrière tout cela. C’est plutôt une série de petits détails et de décisions au quotidien. Le pedigree est une chose, mais je pense que l’individu prime en ce qui concerne la précocité. Pour le dire autrement, je pense que beaucoup de chevaux sont nés dans cet objectif, mais une bonne partie ne sera pas précoce dans les faits. Au-delà du côté éventuellement attractif de la page de catalogue, je crois beaucoup au fait que la mère ait montré de la qualité à 2ans en course. J’y vois une garantie de santé et de solidité. De la même manière, au-delà du pedigree du yearling et de son père, d’autres éléments sont importants. D’une part, il doit avoir un physique en phase avec la précocité que l’on attend de lui. Et d’autre part, je pense que la nutrition, la qualité des prairies, la géographie du haras et la nature du sol jouent énormément sur la précocité… car cela agit sur la santé et la solidité. Chez Emirates Park, comme dans la plupart des haras australiens, nous bénéficions de grands paddocks qui poussent les jeunes chevaux à beaucoup bouger. En fait, je ne crois pas que l’on puisse élever les futurs précoces différemment des autres. Si je devais élever des chevaux classiques à l’européenne, je ne pense pas que nous changerions notre manière de faire au quotidien. Dans tous les cas, il faut essayer au maximum d’élever des chevaux sains et solides, car cela leur donnera un maximum de chance de réussir en course. Un peu comme en Europe, les haras australiens manipulent les foals très tôt dans leur vie. Les étalons qui ont produit des chevaux précoces en France l’ont aussi fait ici, comme le montre l’exemple de Kenmare (Kalamoun). À l’avenir, j’espère qu’un plus grand nombre d’étalons français viendront faire la monte en Australie. Par exemple des fils de Siyouni (Pivotal), car il présente lui-même des statistiques stratosphériques dans l’hémisphère Sud. »

« En fait, je ne crois pas que l’on élève les futurs précoces différemment des autres. »

Le cas par cas, cela fonctionne

« Nous vendons 75 % de nos yearlings et en conservons 25 %, notamment des pouliches qui iront au haras un jour. C’est intéressant de comparer ces deux situations. Quand vous gardez les yearlings, vous avez le contrôle sur la suite de l’histoire, notamment en choisissant l’entraîneur qui leur conviendra le mieux. En matière de précocité, je crois que l’Australie a un atout insoupçonné : si un cheval a besoin de faire une pause, il part en “spell” rapidement et ne reste pas dans la cour d’entraînement. Cette alternance (qu’on appelle le “spelling”), entre une période de repos au paddock et une période de travail dans un centre d’entraînement, est très importante. Cela joue énormément sur le mental et la croissance… et donc sur la précocité. Ce qui est intéressant, à l’échelle d’une génération entière issue du même haras, c’est de voir lesquels sont effectivement capables d’aller tôt aux courses. J’ai le sentiment que l’aspect mental joue énormément, car ce sont ceux qui sont le plus “chevaux de course” dans leur tête qui démarrent le plus tôt. Et là, il y a un côté génétique, mais aussi un aspect éducation et entraînement. Si nous prenons l’exemple de la 2ans Manaal (Tassort), gagnante des Sires’ Produce Stakes (Gr1), elle avait clairement envie de faire ce qu’on lui demandait [et on pourrait en dire autant de Siyouni, lors de son année de 2ans, ndlr]. Cette capacité mentale ressemble vraiment à celle que montrait son père. On ne peut pas nier que certains étalons apportent un plus en matière de précocité. Par exemple, Emirates Park a acheté des parts de Tassort (Brazen Beau), qui nous a donné plusieurs 2ans de Groupe. Pour sa part, le fait qu’il produise précoce n’a rien d’un hasard : c’est un Brazen Beau avec une famille précoce et une mère par Exceed and Excel, certainement le plus grand facteur de précocité de notre temps. À titre personnel, j’accorde une importance prioritaire au père de mère d’un étalon ou d’une poulinière. »

« Le mental joue énormément, car ce sont ceux qui sont le plus “chevaux de course” dans leur tête qui démarrent le plus tôt. »

On ne peut pas forcer un cheval à être précoce

« Au fond, je ne crois pas que nous puissions insuffler de la précocité à un cheval. Ou bien il est capable, mentalement et physiquement, d’aller tôt aux courses… ou bien il ne l’est pas. Par contre, parmi ceux qui ont cette capacité, le bon environnement joue énormément, du haras au centre d’entraînement. Par exemple, ceux qui semblent précoces chez nous vont au débourrage en janvier [au milieu de l’été chez nous, ndlr]. Les autres iront vers juin ou juillet [pendant l’hiver chez nous, ndlr], six mois plus tard donc. Je crois vraiment en cela : essayer de faire du cas par cas, en fonction de chaque individu. Je suis convaincu qu’il est capital, pour avoir des précoces, de mettre en place un système qui va de l’élevage à l’entraînement, en passant par les débourreurs et les pré-entraîneurs, dans lequel tout le monde va suivre la même politique. C’est cette chaîne de compétences qui aboutit au fait que certains 2ans, que vous avez repérés de bonne heure, vont effectivement montrer de la précocité en compétition. L’entraîneur et son équipe font vraiment la différence. Non pas en forçant tous les 2ans à suivre le même programme, mais plutôt en étant capables d’identifier qui est doué pour quoi et à quel moment. Beaucoup de gens pensent que la réussite de l’élevage ne dépend que de votre capacité d’investissement au départ. Cela compte, bien sûr, mais cela ne suffit pas. Nous voyons d’ailleurs des haras avec des budgets intermédiaires qui ne cessent de se distinguer. »

« C’est cette chaîne de compétences qui aboutit au fait que certains 2ans vont effectivement montrer de la précocité. »

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