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lundi 17 mars 2025
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SANDS OF MALI, LE CHEVAL QUI A CHANGÉ DES VIES

SANDS OF MALI, LE CHEVAL QUI A CHANGÉ DES VIES

C’est l’histoire d’un cheval qui n’a coûté que 20.000 € chez Osarus. Sands of Mali (Panis), très bon 2ans, a été battu du minimum dans la Commonwealth Cup (Gr1) l’année suivante, avant de remporter les British Champions Sprint Stakes (Gr1). L’histoire aurait pu s’arrêter là car son pedigree peu orthodoxe a refroidi quelques haras anglo-irlandais. Mais Joe Foley, le patron de Ballyhane Stud, a raclé les fonds de tiroir pour le racheter en vente publique pour 600.000 Gns lorsque ses copropriétaires ont décidé de se séparer de lui. C’est à la fois beaucoup d’argent dans l’absolu, mais aussi peu de choses vu le prix d’un bon prospect étalon. Et c’est là que la magie opère. Après avoir « galéré » à convaincre les éleveurs irlandais de l’utiliser – il n’officiait qu’à 6.500 € en première saison – Sands of Mali se révèle l’un des meilleurs first crop sires de l’année en Europe. À Royal Ascot, il a crevé l’écran lorsque Ain’t Nobody (Sands of Mali) et Aviation Time (Sands of Mali) se sont classés premier et troisième des Windsor Castle Stakes (L). Peu après, Time For Sandals(Sands of Mali) a pris la deuxième place des Lowther Stakes (Gr2). À ce jour, en 2024, Sands of Mali est le first crop sire affichant le meilleur taux de black types par partant en Europe (9 %). Et son taux de gagnants par partant (33 %) fait partie des tout meilleurs de cette génération. Sands of Mali (déjà) a changé la vie (en mieux !) de beaucoup de gens qui ont croisé sa route et tout pousse à croire que ce n’est pas fini. Voici son histoire !

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

UN JEUNE ÉTALON EN VUE… AUX ALLURES DE CENDRILLON !

L’histoire de Sands of Mali débute avec Simon Urizzi, son éleveur. Ce dernier a été stagiaire chez Yann Loizeau (l’éleveur d’Ice Mood, gagnant du Prix Ferdinand Dufaure, Gr1), avant de devenir un pilier du haras des Faunes puis de créer sa propre structure à proximité de celle d’Alain Chopard. Le jeune Girondin explique : « Yann Loizeau, lorsqu’il a réduit son activité, m’a donné trois juments dont la mère de Sands of Mali, Kadiania (Indian Rocket). Elle n’avait jamais couru suite à un accident. Et la saillie de Panis (Miswaki), alors étalon au haras des Faunes, c’est monsieur Jarlan qui me l’avait offerte en me disant : « Si tu vends bien le poulain, on se fera un bon repas au restaurant. » Vous connaissez la suite de l’histoire. » Con Marnane a acheté Sands of Mali pour 20.000 € chez Osarus avant de le revendre 75.000 £ à l’Ascot Breeze Up de Tattersalls Ireland. À 2ans il a remporté les Gimcrack Stakes (Gr2) de près de trois longueurs devant Invincible Army (Invincible Spirit). Et à 3ans, Sands of Mali s’est imposé dans les British Champions Sprint Stakes (Gr1) et dans les Sandy Lane Stakes (Gr2), mais aussi dans le Prix Sigy (Gr3). Après ces succès, Simon Urizzi a très bien vendu les produits suivants de la jument et cela a changé sa vie car cela a financé la création de sa propre structure en 2024, le haras de la Commanderie : « Ce sont les retombées de Sands of Mali qui nous ont permis d’acheter des terres et d’autres juments. Nous avons un élevage assez extensif, avec des chevaux « vites et précoces » mais aussi des sujets plus faits pour devenir des 3ans car c’est le sens du programme français. Depuis deux ans, avec mon épouse, nous avons une dizaine de juments personnelles, mais également des poulinières de clients et des sujets au repos. Nous avons aussi élevé un gagnant de Groupe en Italie ou encore Lovers Day (Recorder), qui a remporté une Classe 1 en début d’année. » Au regard de l’histoire de Sands of Mali, il poursuit : « C’est vraiment Con Marnane qui a acheté la majorité des produits de la famille. J’ai toujours la mère. J’ai une yearling par Muhaarar que je conserve et un foal par le même père qui va passer en vente au mois de décembre. À 19ans, Kadiania est en forme, mais ayant pouliné tard, elle n’a pas été saillie cette année. »

Con Marnane découvre la famille

Ce pinhooker est un habitué de La Teste. Et l’histoire, avant Sands of Mali, commence en fait avec son oncle Such A Maj (Soave), acheté 6.000 € chez Osarus. C’était un fils de Kapi Creek (Sicyos), une pouliche que Martial Boisseuil avait louée (au jeune) Arnaud Chaillé-Chaillé pour l’aider à se lancer. À 2ans, elle avait gagné trois fois avant de se classer deuxième du Grand Critérium de Bordeaux (L). Son fils Such A Maj a gagné cinq courses en France après être passé dans les mains de l’Irlandais. Et lorsque Kadiania est devenue poulinière, Con Marnane a alors acheté le premier produit de cette sœur de Such A Maj. Le produit en question, Kadrizzi (Hurricane Cat), acheté 16.000 € et revendu 25.000 £ aux breeze up, n’a pas enrichi son pinhooker. Mais c’était un bon cheval et il a décroché un rating de 104 dans les grands handicaps sur le sprint en Angleterre. C’est théoriquement la valeur d’un sujet black type, bien qu’il n’ait jamais décroché de caractère gras. Toujours dans la production de Kadiania, l’Irlandais a aussi acheté Flawless Jewel (Kheleyf) pour 70.000 € avant de la revendre 95.000 £, sans véritable profit donc. Battue du minimum en débutant, elle a gagné sa deuxième sortie (sur 1.000m)… de 16 longueurs ! Malheureusement, Flawless Jewel s’est accidentée à cette occasion. Au haras, elle n’a eu que deux partants – El Bodon (Churchill) et Pillow Talk (Kodiac) – mais les deux sont black types en Angleterre. Au départ très blanche, la page de Kadiania s’est donc considérablement noircie !

Un cheval qui avait vraiment l’envie de gagner

Con Marnane – alias King Con – ne peut s’arrêter lorsqu’il s’agit de Sands of Mali : « J’ai eu toute la famille, même si au début la page était très blanche. Ce sont des chevaux qui ont vraiment l’envie, qui aiment travailler le matin et qui sont droits dans leur tête. J’essaye, avant tout, de trouver des individus et cela m’a porté chance car j’ai ainsi déniché beaucoup de bons chevaux chez Osarus. Et j’y serai encore une fois cette année pour les yearlings en septembre. Sands of Mali était très courageux en course, c’est important pour un étalon, il est toujours venu finir ses courses avec bravoure. Dans les derniers mètres, il repartait systématiquement. Beaucoup de futurs bons étalons étaient comme ça. Surtout c’est un outcross qui apporte aussi du modèle. Cela offre une solution pour croiser avec les petites juments de la lignée de Green Desert (Danzig)… et elles sont nombreuses en Irlande. Moi-même, j’ai largement utilisé Sands of Mali comme étalon. Je me souviens du jour où Joe Foley m’a appelé pour savoir quel était mon avis sur le cheval en vue de faire une offre pour qu’il rejoigne son haras, Ballyhane Stud. J’ai répondu : « Joe, ne perdons pas de temps à parler au téléphone. Raccroche vite et va acheter ce cheval. » Sands of Mali était un cheval hyper facile. Un grand et beau cheval, très sain, très solide. Il était à la fois très précoce et très bon ! Mais surtout, c’était un cheval avec un comportement irréprochable. C’est Anthony Stroud et Matt Coleman qui l’ont acheté pour leur client aux breeze up… pour seulement 75.000 £. C’est le cinquième gagnant de Gr1 qu’ils trouvent chez moi ! Ce que Sands of Mali réalise comme un étalon, c’est complètement fou. La majorité des juments qu’il a saillies ne devraient pas avoir le droit d’être à la reproduction (rires) ! Sands of Mali avec du modèle et il était encore meilleur à 3ans qu’à 2ans. Cela donne de l’espoir pour sa production. C’est vraiment génial pour Joe Foley et tous ses clients, beaucoup de petits éleveurs, d’avoir un bon étalon comme Sands of Mali. S’il vous plaît, écrivez dans votre article que Joe Foley a été un homme très important et très positif pour l’Irlande des courses et de l’élevage. J’y tiens vraiment. »

Il est repassé sur un ring à 4ans

Peter Swann et ses proches courent sous l’entité Cool Silk Partnership. Après avoir fait fortune dans l’univers du spectacle, il s’est offert successivement plusieurs clubs de foot – Scunthorpe United en dernier lieu – et a souvent acheté aux breeze up avec réussite. Le Britannique nous a confié : « Le cheval avait bien breezé aux ventes, mais il n’était pas si avancé que cela dans ses travaux. Et il s’est d’ailleurs classé septième en débutant. Mais chez Richard Fahey, le matin, il battait des chevaux de Groupe ! La suite a été fantastique. Le jour de sa victoire dans les Gimcrack Stakes, il a pris une autre dimension. Nous avons compris que nous avions un cheval pour les très grandes courses. À la dernière minute, il a été engagé dans la Breeders’ Cup Juvenile Turf (Gr1), mais cela n’a pas fonctionné. La course était hyper relevée mais il n’a pas montré son vrai visage. Ensuite, pour sa rentrée à 3ans, il a gagné dans un terrain très profond à Chantilly. Il aurait dû gagner la Commonwealth Cup, mais si on parle vous allez dire que les propriétaires se plaignent toujours des jockeys en cas de défaite ! Avec le recul, on se rend compte qu’une fois devant Sands of Mali ne lâchait jamais et qu’il ne voulait pas être battu. » En décembre 2018, après sa victoire dans les British Champions Sprint Stakes (Gr1), Phoenix Thoroughbreds a acheté la majorité de Sands of Mali, Cool Silk Partnership restant porteur d’une part minoritaire, pour une somme forcément très élevée mais confidentielle. Un an plus tard, Phoenix Thoroughbreds s’est révélé être financé par une pyramide de Ponzi. Alors que l’entité était prise dans une affaire judiciaire aux États-Unis, dans le cadre du procès intenté contre OneCoin (si vous avez Netflix, regardez le documentaire !), Sands of Mali est passé sur le ring de Tattersalls. Là, Peter Swann l’a racheté en plaçant l’enchère finale à 600.000 Gns. Il nous a confié : « Les derniers mois avec Phoenix Thoroughbreds ne s’étaient pas très bien passés. Je voulais le racheter pour qu’il aille au haras et pas eux. Au lieu de partir au tribunal, nous nous sommes mis d’accord sur le fait qu’il passe sur un ring de vente. Je l’ai donc racheté et j’ai immédiatement revendu, à prix coûtant, la majorité du cheval à Joe Foley. Je me suis dit qu’un cheval aussi courageux, aussi sain et avec autant de vitesse pouvait réussir au haras s’il transmettait ses qualités. Nous avions déjà eu un étalon avec Joe Foley, Prince of Lir (Kodiac), qui a donné plusieurs bons chevaux ici. C’était une bonne première expérience, bien que le cheval ait finalement été vendu en Inde. Quatre ou cinq haras m’ont approché pour Sands of Mali, mais seul Joe Foley a été capable de le payer un prix correct. Et nous sommes heureux d’avoir des saillies pour continuer à le soutenir. Sa réussite avec sa première production nous remplit de joie. À présent, il faut qu’il sorte un gagnant de Groupe et tout sera parfait pour la prochaine saison de monte. »

L’ascenseur émotionnel

Client de longue date de Joe Foley, Steve Parkin (Clipper Logistics) a décidé de créer son propre haras. En début d’année, l’homme de Ballyhane Studs s’est donc retrouvé privé de presque tous les étalons dont il avait fait la promotion. Quelques mois plus tard, l’ambiance est tout autre car Sands of Mali, un de ceux qui ne sont pas partis, se révèle être une réussite ! Avant cela, vendre des saillies d’un fils de Panis (Miswaki) aux éleveurs irlandais n’était pas un pari gagné d’avance. Mais Joe Foley analyse : « Effectivement, cela n’a pas été exactement facile ! Mais d’un autre côté, le physique et le palmarès du cheval ont beaucoup aidé. Les statistiques prouvent que les meilleurs étalons sont souvent ceux qui ont été de très bons chevaux de course même si bien sûr cela n’a rien d’automatique. Pour moi, le plus important pour un étalon, c’est la conformation et les performances. Le pedigree est important, bien sûr. Mais dans celui de Sands of Mali j’ai vu des choses qui me plaisaient, à commencer par la lignée mâle de Mr Prospector (Raise of Native). Et la mère n’a produit que des bons chevaux, avec de la qualité. J’attache beaucoup d’attention à la production de la première mère d’un étalon. Beaucoup de gens n’étaient pas forcément d’accord avec moi, mais j’ai toujours vu le pedigree de Sands of Mali comme un atout. D’ailleurs, avec de meilleurs étalons, on voit que sa sÅ“ur produit vraiment bien en Angleterre. Enfin, cerise sur le gâteau, Sands of Mali a un super mental. » Joe Foley a envoyé 20 juments à sa nouvelle recrue en première saison et son prix très accessible – 6.500 € – lui a permis d’atteindre les 115 saillies, mais avec beaucoup de juments de piètre qualité. L’homme de Ballyhane Stud analyse : « Ce qu’il s’est passé à Royal Ascot avec sa production a été exceptionnel. Ses produits sont comme lui, de bons et beaux chevaux, faciles et courageux. En fait j’ai élevé Ain’t Nobody et Aviation Time, premier et troisième des Windsor Castle Stakes (L). Les deux ont un inbreeding sur Mr Prospector que j’aime beaucoup reproduire dans mes croisements. Beaucoup de gens voient Sands of Mali comme un outcross. Pour moi, c’est un facteur sur les inbreedings que je recherche. J’ai volontairement fait un inbreeding sur Miswaki, fils de Mr Prospector, dans le cas d’Ain’t Nobody. Les bons résultats de sa production font que son carnet de bal 2025 se remplit très vite. Les éleveurs commencent à le regarder d’un autre Å“il désormais. Les demandes affluent pour être tout à fait honnêtes. »

Après avoir changé la vie de Simon Urizzi, Sands of Mali va certainement changer aussi celle de Joe Foley : « C’est tout simplement le meilleur étalon que j’aie eu. Tout du moins, un certain nombre d’éléments poussent à le croire. Ses produits vont tôt aux courses, ils progressent et sont très réguliers. Ils semblent vraiment capables de progresser de 2 à 3ans. J’ai beaucoup d’espoir pour les générations conçues cette année car il a sailli de meilleures juments. Son prix de saillie 2025 ne devrait pas trop augmenter car je veux récompenser les éleveurs qui l’ont soutenu dès le premier jour. J’essaye de viser le long terme avec lui. »

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