Entre la pluie et le beau temps, on oublie la pluie… Ainsi, de l’été 2023, on a retenu un épisode caniculaire. Mais il ne faut pas oublier le début d’été « pourri » que nous avions eu et, le samedi soir précédant le Maurice de Gheest, les pluies importantes tombées sur Deauville avec un vent à décorner les bœufs ! En 2024, les conditions dans les jours précédant la course sont plus clémentes et la course a réuni un très beau plateau. L’édition 2023 du Maurice de Gheest n’avait pas convaincu les handicapeurs. La course avait obtenu un rating moyen de 110,5 (on estime le niveau Gr1 à 115). Cela n’enlève rien à King Gold, le lauréat, ni au bonheur communicatif de tout son entourage. Les courses, c’est aussi cela : la fête et la joie… et ce ne sont pas des Sud-Américains qui nous diront le contraire ! Toujours est-il qu’il est positif de voir trois récents lauréats de Gr1 s’affronter sur les 1.300m du Maurice de Gheest, à la croisée des épreuves pour sprinters et flyers. Horacio Esposito nous a dit : « Nous sommes vraiment heureux de voir l’évolution du Maurice de Gheest au fur et à mesure des années et cela est le résultat du travail fantastique des merveilleuses équipes de France Galop. Nous ne relâcherons pas nos efforts pour qu’elle devienne une course encore plus importante pour les chevaux locaux et internationaux avec de hauts ratings. »
Un partenariat gagnant-gagnant
Pablo Kavulakian nous a expliqué : « Avec ce partenariat, nous avons posé les bases d’un partenariat gagnant-gagnant et nous sommes ravis de continuer à apporter notre soutien à l’industrie hippique de façon générale et au Maurice de Gheest en particulier. Je dirai que la création d’un cercle vertueux entre l’Amérique du Sud et la France est l’enseignement le plus important. Pour nous, les courses françaises sont comme un phare et elles nous poussent à évoluer en les prenant comme modèle, pour proposer un produit accepté par les parieurs français et qui génère ainsi des revenus pour tous les acteurs impliqués. Nous apportons notre aide pour développer une meilleure et plus profonde relation entre les propriétaires éleveurs et les opérateurs de paris, afin que tout le monde puisse en tirer des avantages. »
Les figures des courses sud-américaines à l’honneur
Dimanche, certaines courses portent le nom d’hippodromes. Mais la journée du Maurice de Gheest met aussi chaque année en valeur de grands noms des courses sud-américaines. Ainsi, en 2024, le Prix Moonlight Cloud (L) voit apposé le nom de Maria Luisa Solari (ICHA) et le Daphnis celui de la famille Steinbruch. Horacio Esposito explique : « Maria Luisa « ICHA » Solari Falabella a été une des propriétaires de l’empire SACI Falabella, un grand nom du commerce dans la vente au détail au Chili. Elle nous a quittés le 2 novembre 2015, à l’âge de 73 ans. Maria Luisa était éleveuse et directrice honoraire de l’hippodrome chilien de Chile. Sa passion pour les chevaux, à travers laquelle elle s’est créé de nombreuses grandes amitiés, a été développée depuis son enfance par son père. Elle a aussi partagé cette passion avec son époux, avec lequel elle a connu de nombreux succès et a partagé la propriété, pendant de nombreuses années, du Haras el Sheik. Son héritage est toujours vivant, à travers sa fille Cecilia associée à son mari Alejandro. Ils ont donné au haras le nom de Doña Icha, en l’honneur de leur mère. Nous souhaitons partager cette reconnaissance bien méritée avec toute sa famille, qui l’aimait tant, ainsi que ses sœurs Liliana et Teresa Solari, lesquelles sont des éleveuses importantes au Chili. De plus, son neveu Carlos Heller, associé à sa mère, Liliana, non seulement possède le plus grand haras du Chili mais tous deux ont porté leur passion jusqu’aux États-Unis, où ils sont propriétaires de Don Alberto Farm. »
La famille Steinbruch est plus connue en France puisque, récemment, ils ont eu des chevaux en France, chez David Smaga. On se souvient ainsi de Going Somewhere (Sulamani), lequel a enregistré quelques belles performances chez nous du côté des stayers, notamment une deuxième place dans le Prix Royal-Oak (Gr1) en 2013. Pablo Kavulakian nous a dit : « La famille Steinbruch est connue par leur haras Phillipson. Benjamin et son fils Felipe gèrent les différentes entités de Phillipson au Brésil, en Uruguay, ainsi qu’aux États-Unis à Lexington, dans le Kentucky, et à New York. Benjamin Steinbruch est une personnalité importante au Brésil, passionné de chevaux de course, et il est devenu un emblème pour l’Amérique du Sud. Il est actuellement président du Jockey Club de San Pablo, a gagné les plus grandes courses du continent et aime voir ses chevaux dans le monde entier. Going Somewhere, gagnant du Gran Premio Carlos Pellegrini, avait continué sa carrière en France, se classant deuxième du Royal Oak et troisième du Prix Maurice de Nieuil ainsi que du Grand Prix de Deauville (Grs2). Gaga A et Noa Da Mais sont d’autres chevaux à citer. » Gaga A (T H Approval) a gagné le Prix Fille de l’Air (Gr3) et le Prix Luth Enchantée (L) et Nao Da Mais (T H Approval) a remporté deux courses durant son passage en France.
Du côté de l’Amérique du Sud, les inquiétudes pour São Paulo
Les courses sud-américaines font face à de nombreux défis, cela n’est pas nouveau. Cependant, au tout début du mois de juillet, une nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre. La mairie de São Paulo a en effet voté un texte ayant pour but de « tuer » les courses dans la ville en fermant l’hippodrome de Cidade Jardim. Comment ? En rendant illégales les courses impliquant animaux et paris dans la ville de São Paulo. Pablo Kavulakian nous a précisé sur ce sujet : « Le texte voté par São Paulo disait, en substance, qu’il n’était pas possible d’organiser des courses si elles étaient support de paris. Cela a désormais été stoppé mais la menace est toujours bien présente et nous devons être solidaires pour faire face à cette pression. L’hippodrome de Cidade Jardim, qui appartient au Jockey Club de São Paulo, est l’une des propriétés terrestres possédant le plus de valeur en Amérique du Sud et il est donc sous pression pour être utilisé à d’autres fins. C’est un problème auquel beaucoup d’hippodromes d’Amérique du Sud font face, eux qui ont été construits il y a plusieurs décennies, si ce n’est siècles, dans des villes qui sont devenues d’immenses capitales au fur et à mesure des années, avec une population et une économie grandissantes, comme São Paulo, Rio de Janeiro, Buenos Aires, Santiago de Chile et Lima. »