RAMADAN A ENCORE FAIM

« J’ai beaucoup aimé le fighting spirit qu’il a montré aujourd’hui », sourit Christopher Head à l’issue du Prix Daphnis – Fonds Européen de l’Élevage (Gr3), que Ramadan (Le Havre) a remporté à la force du jarret, en devançant le tenace allemand Ghorgan (Study of Man). Le poulain de Nurlan Bizakov – présent à Deauville, comme souvent, en famille et accompagné de son staff (Tony Fry, Olivier Deveaux et Mathieu Le Forestier) – effectuait une petite rentrée après avoir eu des ambitions classiques au printemps. Ramadan avait débuté son année par un succès désinvolte dans le Prix Omnium II (L) – en terrain mesuré à 5,7 –, puis avait devancé Beauvatier (K) (Lope de Vega) dans le Prix de Fontainebleau (Gr3). Logiquement, il avait tenté sa chance dans la Poule d’Essai (cinquième), puis dans le Jockey Club (non placé). Ces combats auraient pu laisser des traces sur son organisme comme sur son moral… Mais après deux mois sans courir, Ramadan a montré qu’il n’avait rien perdu de son envie.

Joli poulain avec un cÅ“ur sur le chanfrein, Ramadan a été monté « classique » par Aurélien Lemaître, à trois quarts de longueur du leader, Ghorgan. Darlinghurst (Dark Angel), le favori, galopait dans son sillage. Dès la sortie du tournant final, Aurélien Lemaître a commencé à cadencer son partenaire. Ramadan a dû lutter face à Ghorgan mais il a fini par avoir raison de ce troisième des Guinées allemandes et italiennes (Grs3). Supercooled (K) (Lope de Vega), magnifique au rond et attentiste pendant le parcours, a conclu très vite pour prendre la troisième place, à une courte tête seulement de l’allemand. C’est lui signe les meilleurs temps partiels de la phase finale. 

Christopher Head nous a confié : « C’est le vrai miler. Nous avons essayé de le rallonger pour le Jockey Club, et je ne le regrette pas du tout : il fallait tenter, quitte à revenir sur le mile ensuite, ce que nous avons fait. La course a été rythmée, en partie grâce à lui, et il a apprécié ces conditions. Il a fourni ses meilleures valeurs en terrain profond, mais il n’est pas dépendant de l’état de la piste. C’est un poulain facile, qui peut aller devant comme attendre. Beaucoup d’options se présentent à lui. Il est engagé dans le Prix du Moulin de Longchamp, mais il y a aussi des courses pour lui à l’étranger… Nous allons y réfléchir avec son propriétaire. Rien ne presse. Je pense qu’il peut gagner un Gr1 sur le mile. »

Ghorgan venait lui aussi de soigner son moral en gagnant une course « facile » de neuf longueurs, après ses deux places classiques. Holger Faust, manager de Darius Racing, propriétaire du poulain, n’a pas cherché d’excuse : « C’est une très bonne performance. À mon sens, c’est le meilleur cheval de la course qui a gagné. Dans tous les cas, la course était relevée. Il est encore trop tôt pour dire avec certitude quelle sera la suite. Peut-être la Forêt (Gr1)… À voir s’il va courir une fois avant ou pas. C’est aussi potentiellement un cheval pour la vente de l’Arc. Il prouve qu’il est compétitif sur la scène internationale et il a le niveau pour faire carrière en Australie, à Hongkong, dans le Golfe ou aux États-Unis. Nous avons le temps d’y réfléchir. Pour l’instant, nous allons profiter et apprécier sa bonne performance du jour. »

Darlinghurst a complètement cédé dans la phase finale, perdant son action et penchant à droite. Il termine avant-dernier, une performance trop mauvaise pour refléter la vraie valeur du cheval. Jérôme Reynier a confirmé : « Il était sur la mauvaise jambe dans le tournant, et il n’a jamais été à l’aise sur la piste, un peu fausse par endroits. Christophe Soumillon sentait qu’il avait du gaz mais il n’a jamais pu s’en servir. Il faudra le revoir dans d’autres conditions. » Si le poulain s’était énervé avant la course à Royal Ascot, il était cette fois beaucoup plus posé, avec l’aide du bonnet, de l’attache-langue et d’un mors américain.

Élevé par Sumbe, Ramadan est un fils de Le Havre (Noverre). Une victoire de Gr1 permettrait au fils de briguer la succession du père… pourquoi pas dans le même box d’ailleurs !?

Ramadan est issu de Raushan (Dalakhani), lauréate de ses débuts, à 3ans, sur 2.000m, en Angleterre, pour la casaque de Nurlan Bizakov. Raushan avait été achetée 400.000 Gns yearling lors du book 1 de Tattersalls, présentée par Castlemartin Stud. Elle n’a eu que deux autres partants et notamment Rasima (Iffraaj), lauréate de deux épreuves dont les Fleur de Lys Fillies’ Stakes (L, 1.600m, 3ans). Elle s’est également classée deuxième des Hoppings Fillies’ Stakes (Gr3, 2.000m 3as). Raushan a une 2ans par Showcasing (Oasis Dream) et un yearling par Wootton Bassett (Iffraaj). La jument a pouliné de Golden Horde (Lethal Force) cette année, avant d’être saillie par Belbek (Showcasing) – deux des étalons maison Sumbe (avec Mishriff et Angel Bleu).

La deuxième mère, Chiang Mai (Sadler’s Wells), a remporté en Irlande les Blandford Stakes (Gr2, 2.200m) à 3ans ainsi que les Eyrefield Stakes (L, 1.800m) à 2ans. En France, elle s’est classée deuxième du Prix Jean de Chaudenay (Gr2 sur 2.400m au printemps pour les chevaux d’âge, il n’existe plus depuis 2004). Elle est la génitrice de Chinese White (Dalakhani), gagnante des Pretty Polly Stakes et troisième de la Gold Cup (Grs1). Comme souvent chez Sumbe, on retrouve une grande souche en fond de « papier ». Dans le cas de Ramadan, c’est la belle famille du prince Faisal, celle de la gagnante du Prix de Diane Rafha (Kris), mère – notamment – d’Invincible Spirit (Green Desert) et aïeule de Mishriff (Make Believe), qui fait la monte à Sumbe. C’est aussi la souche à l’origine de Pinatubo (Shamardal).

Du départ à 1.000m : 42 »51

De 1.000m à 600m : 24 »88

De 600m à 400m : 11 »69

De 400m à 200m : 11 »53

De 200m à l’arrivée : 12 »23

Temps total : 1’42 »84