MERCI LA SAMANA

Avant le départ du Prix de la Vallée d’Auge (L), beaucoup craignaient (encore une fois) d’entendre l’hymne anglais ou irlandais sur l’hippodrome. Il faut dire que, dans cette catégorie, la France ne joue pas à armes égales : l’Angleterre et l’Irlande représentent un nombre de 2ans à l’entraînement trois fois supérieur au nôtre. Qui plus est, dans notre pays, beaucoup ont un profil plus classique que pour briller sur 1.000m, la distance de ce Prix de la Vallée d’Auge. Dès lors, il faut apprécier à sa juste valeur chaque fois qu’un 2ans français « résiste » à nos voisins sur ce créneau ! Ainsi, La Samana (Goken) a grandement progressé pour décrocher sa première Listed, un succès qui en appelle d’autres. C’est une victoire totalement française car elle appartient à des casaques bien établies dans notre pays – Guy Pariente et Francis Teboul (Gemini Stud) – mais aussi compte tenu du fait qu’elle est entraînée à Chantilly et qu’elle est issue d’un étalon qui fait la monte dans notre pays. 

Petite mais jolie pouliche, La Samana a toujours montré de la qualité mais surtout de la vitesse. Elle a ouvert son palmarès sur 1.000m, dans le Prix de Malmaison (Maiden), à Longchamp en terrain collant. Rallongée pour sa sortie suivante, elle a terminé deuxième du Prix de la Croix des Veneurs (Classe 2), à Chantilly. Fin juillet dans le Critérium du Bequet – Ventes Osarus (L), elle courait de nouveau sur 1.200m et dans un terrain mesuré à 3,9. Troisième, elle décrochait alors du caractère gras. De retour sur 1.000m deux semaines plus tard, la pouliche retrouvait ce samedi sa distance de prédilection. Le port des Å“illères australiennes l’a certainement aussi aidée. 

Dans une épreuve très rythmée, La Samana a bien voyagé dans le sillage des poulains et pouliches de tête. Prise de vitesse au moment du démarrage, elle a mis un peu de temps à trouver son action. Mais, à 100m de l’arrivée, elle a appuyé sur l’accélérateur pour venir dépasser sur le poteau deux étrangères qui en ont fait beaucoup (voire trop) en première partie de parcours (comme en témoigne le tracking). Elle devance d’une tête Shamrock Breeze (Ardad), laquelle s’est montrée courageuse après avoir mené l’épreuve. L’arrivée est très serrée puisqu’un nez plus loin Maw Lam (Acclamation) termine troisième.

Après la course, Francis-Henri Graffard nous a dit : « Nous avons eu un bon leader, qui a donné du rythme à l’épreuve. Maxime Guyon m’a dit qu’il avait eu du mal à l’équilibrer tellement la course avait été rapide. Les œillères australiennes l’ont bien aidée. Je suis content qu’elle soit venue prendre l’avantage sur le poteau. C’est une pouliche bien née, jolie, qui possède de la vitesse et de la précocité. Je l’ai raccourcie et cela a bien fonctionné. Désormais, elle devrait se rendre sur le Prix d’Arenberg (Gr3). »

Shamrock Breeze participait à sa troisième course black type et venait de conclure troisième des Marwell Stakes (L), à Naas. Ce jour-là, elle avait également mené avant de se faire avaler par ses concurrentes. Jack Davison, son entraîneur, nous a confié « C’est un peu déprimant d’être battu tout à la fin et de si peu. Surtout après avoir dominé durant tout le parcours la pouliche qui semblait être la probable lauréate. Mais Shamrock Breeze a bien couru, il n’y a rien à redire et le terrain était idéal. Je pense que nous sommes tout simplement battus par meilleur. Peut-être reviendrons-nous pour le Prix d’Arenberg (Gr3). » Au mois de mai, la pouliche était entraînée par Adrian McGuinness pour le syndicat Shamrock Thoroughbreds, qui était alors managé par son assistant et cousin Stephen Thorne. Mi-juin, en désaccord, les deux hommes ont choisi de ne plus travailler ensemble, et Adrian McGuinness a perdu les 11 chevaux de Shamrock Thoroughbreds. C’est ainsi que Shamrock Breeze est arrivée chez Jack Davison. Mais la pouliche devrait une troisième fois changer de maison car Stephen Thorne est en train de passer sa licence d’entraîneur public. 

Maw Lam est la pouliche qui détenait les meilleures performances de l’épreuve. Elle redescendait de catégorie après sa troisième place dans les Queen Mary Stakes (Gr3) puis sa cinquième place dans les Duchess of Cambridge Stakes (Gr2). À l’image de La Samana et de Shamrock Breeze, nous pourrions la retrouver au départ du Prix d’Arenberg, comme nous l’a indiqué son entraîneur, Adrian Nicholls. « C’est une pouliche très brave, très consistante. Malheureusement elle est battue de très peu aujourd’hui mais on ne peut vraiment rien lui reprocher. Elle pourrait revenir en France début septembre pour disputer le Prix d’Arenberg (Gr3) à Longchamp, si le terrain reste rapide. »

Élevée par Guy Pariente, Gemini Stud et Jean Boniche, La Samana est une fille de Goken (Kendargent), étalon du haras de Coleville, qui donne ainsi sont neuvième lauréat black type. La mère, Steel Woman (Anabaa), est lauréate à 2ans de son maiden sur le mile de Saint-Cloud. Elle a produit six autres vainqueurs, dont Moscou (Makfi), gagnante entre 2.000m et 2.600m sur notre sol, Piedi Di Oro (Footstepsinthesand), à l’honneur dans six handicaps entre 1.300m et 2.000m en France, le bon Memphis Tenessee (Shalaa), lauréat d’un maiden puis d’une Classe 2 au mois d’avril sur 1.600m à Lyon-Parilly, et surtout Jimmy Two Times (Kendargent), gagnant du Prix du Muguet (Gr2) et troisième du Prix Maurice de Gheest (Gr1). Jimmy Two Times fait la monte au haras de Montaigu. Steel Woman a une yearling, Gentleman Victory (Galiway) achetée 42.000 € par TJ Bloodstock chez Auctav, alors qu’elle était présentée par le haras d’Ellon.

La deuxième mère, Saperlipoupette (Highest Honor), a remporté le Deutscher Herold-Preis (Gr3) sur 2.200m et a conclu troisième du Premio Lydia Tesio (Gr2). C’est une sÅ“ur du précoce Barouf (Kenmare), lauréat de ses deux premières courses au printemps de ses 2ans et troisième l’année suivante, à Longchamp, du Prix de Saint-Roman (Gr3).

Du départ à 600m : 23’’66

De 600m à 400m : 10’’61

De 400m à 200m : 10’’82

De 200m à l’arrivée : 11’’89

Temps total : 56’’98