LES TRENTE ANS DES CAPUCINES

Borna (Saxon Warrior), élevé par la famille Doumen, a été vendu à Deauville par les Capucines. Selon les ratings, c’est l’un des meilleurs gagnants du Derby italien (Gr2) de la décennie et il a été battu du minimum dans le Derby allemand (Gr1). Lauréate du Diane, Sparkling Plenty (RS) (Kingman) a confirmé en se classant troisième (pas très heureuse) des Nassau Stakes (Gr1). Éric Puerari, l’un des associés de la structure normande, avec Michel Zerolo et Philippe Lazare, commente : « Sparkling Plenty était une yearling ravissante. La réserve était assez élevée [elle a été rachetée 600.000 €, ndlr]. Nous sommes ravis pour Jean-Pierre Dubois, son éleveur et copropriétaire. L’ayant conservée, il a remarquablement bien managé sa carrière. » L’autre bonne pouliche de l’année, c’est War Chimes (Summer Front). L’élève d’Hubert Honoré, Nicolas et Christophe Clément s’est classée troisième des Oaks (Gr1) : « C’était un petit modèle, pas très spectaculaire. David Menuisier a su déceler sa qualité [pour 62.000 €, ndlr], ce qui n’était pas si facile. Sa sÅ“ur que nous présentons cette année lui est supérieure physiquement [c’est le lot 94, ndlr]. » Pour sa trentième année de vente, les Capucines présente un consignement attractif : « Nous avons 19 frères ou sÅ“urs de chevaux de Groupe. Nous sommes forts en nombre, mais aussi en ce qui concerne les pères avec des produits d’étalons en vue comme Kingman, Justify, Zarak, Wootton Bassett, No Nay Never… C’est un lot assez diversifié avec des pedigrees internationaux. Une majorité des yearlings que nous présentons ont des modèles équivalents à ceux du book 1 de Tattersalls ou de la vacation de Saratoga. »

Le lot 28 est une fille de Frankel (Galileo). Sa mère, Waldjagd (Observatory), placée de préparatoire classique, a déjà donné deux lauréats de stakes. Mais la victoire de son 2ans, Misunderstood (RS) (Hello Youmzain), dans le Prix de CrèvecÅ“ur (Inédits) n’apparaît pas au catalogue : « Cette pouliche est très spectaculaire, très signée du père également. Le 3ans de la mère, Awaking (Kingman), a été impressionnant au Japon et il doit venir courir les Groupes en France à la fin de la saison [ses propriétaires l’ont engagé dans le Prix de la Forêt, Gr1 et son entourage a déclaré qu’il ferait le déplacement avec Shin Emperor, ndlr]. Cela représente de sérieux espoirs. » Lors de l’impression du catalogue, Tiego the First (RS) (Blue Point) n’était qu’un simple lauréat de maiden. En s’imposant dans le Prix Roland de Chambure (L), il a validé son ticket pour le Prix Jean-Luc Lagardère (Gr1). Le lot 181 est son frère ! Issu d’une famille “vite”, il fait partie de la première production de yearlings de Victor Ludorum (Shamardal) : « C’est un poulain extrêmement bien “équipé” physiquement. Il est plus spectaculaire que ne l’était son frère. C’est le même croisement, Blue Point et Victor Ludorum étant par Shamardal. »

Le lot 111 est un fils de Sottsass (Siyouni), un étalon qui est représenté par ses premiers 2ans en 2024 : « Nous avons élevé au haras – pour Peter Brant – Chauncey Gardiner (Sottsass), deuxième du Prix de CrèvecÅ“ur en étant battu de peu. Nous sommes des supporters de cet étalon qui fait des chevaux très équilibrés et bien dans leur tête. Ce lot 111 est le frère d’un cheval acheté l’an dernier par Godolphin [pour 600.000 €, ndlr] et qui était estimé en début de saison, mais dont l’entraîneur prend son temps [il n’a pas encore débuté, ndlr]. »

Hervé Morin obtient de très bons résultats, en solo ou en association. Le lot 4 est la propre sœur de Chachnak (Kingman), gagnant des Prix de Guiche et du Prince d’Orange (Grs3)  : « Chachnak fait des débuts prometteurs comme étalon. Cette fille de Kingman a énormément de classe. Elle semble être assez précoce et se déplace remarquablement. Le croisement à déjà fonctionné. » Issu du même élevage, le lot 198 est la sœur de trois black types : « Et en particulier celle de Lindy (Le Havre), deuxième de la Poule d’Essai des Pouliches et des Queen Elizabeth II Challenge Cup Stakes (Grs1). C’est une Wootton Bassett avec beaucoup de chic. »

Le lot 35, par Wootton Bassett, est un élève des frères Larrieu. Sa mère Zain Al Boldan (Poliglote) est lauréate lors de son unique sortie à 2ans sur le mile de Brighton. Elle a ensuite gagné les Oaks Trial Stakes (L, 2.300m) à Lingfield. Poetic Dream (Poet’s Voice), son premier bon produit, a remporté les 2.000 Guinées allemandes (Gr2, 1.600m). Zain Al Boldan a aussi produit Who Knows (Siyouni), gagnante du Prix François Boutin (Gr3). Zain Al Boldan est déjà la deuxième mère d’Ocean Quest (Sioux Nation), gagnante des Ballyogan Stakes (Gr3, 1.200m) à Naas : « La mère produit bien. Ce Wootton Bassett est un poulain très étoffé qui devrait plaire aux acheteurs étrangers. »

Justify (Scat Daddy) présente des “stats” stratosphériques sur le gazon européen avec 26 % de black types par partant. Père de deux lauréats de Gr1 en Europe, c’est le géniteur de City of Troy, le meilleur 3ans actuel en Europe. Les Capucines a deux des trois Justify de la vente d’août, dont le lot 200. Il s’agit de la sÅ“ur de Champagne Anyone (Street Sense), gagnante des Gulfstream Park Oaks (Gr2, 1.800m). La mère est par Ghostzapper (Awesome Again), un étalon qui a lui aussi une bonne réussite sur le gazon (67 black types sur la surface) : « C’est un beau pedigree. La sÅ“ur est placée de Gr1. Cette yearling a beaucoup de modèle. L’inbreeding assez serré sur Ghostzapper est intéressant. Justify est parti pour être un grand étalon. »

Les Capucines utilisent de longue date Galiway (Galileo) et le haras présente huit yearlings par l’étalon du haras de Colleville à la vente d’août. Le lot 218 est par exemple le frère d’Étoile (Siyouni), gagnante des E. P. Taylor Stakes (Gr1) et du Prix Cléopâtre (Gr3) : « L’année prochaine sera intéressante car les yearlings de cette année sont ceux issus de la première année où l’étalon a sailli des juments de bonne qualité. Cela devrait faire la différence. Ceux que nous avons sont extrêmement réussis au niveau modèle. Ils sont solides, avec de bonnes visites. » Par le même étalon, le lot 70 est issu de Beagling (Wootton Bassett), troisième du Prix Cléopâtre (Gr3) : « C’est la proche famille d’Audarya (Wootton Bassett). Le yearling représente le croisement à l’envers de celui que Coolmore pratique abondamment : Galileo sur Wootton Bassett. »

LES YEARLINGS DE LA VENTE D’AOÛT

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LES YEARLINGS DE LA V.2

Alors que le haras Capucines aborde trentième vente de yearlings, Éric Puerari, un des trois associés du haras, se souvient : « Si j’ai bien regardé les statistiques sur les 24 dernières années, nous avons 20 fois été dans les trois premiers vendeurs, à égalité avec Étreham. Il s’est passé beaucoup de choses en trente ans. Mais plus que jamais je pense qu’il faut aider les éleveurs dont la tâche est très difficile. Le meilleur moyen, c’est privilégier un peu plus les jeunes chevaux dans le programme, en leur donnant plus de possibilités. Car beaucoup de sujets pris dans une bonne valeur se retrouvent rapidement sans objectif. Aux États-Unis, par exemple, il existe un certain nombre d’ouvertures, comme des optional claimings qui permettent à ces chevaux de continuer à faire carrière.

Une réflexion doit être menée pour encourager le marché car il manque de profondeur. La santé de l’élevage français en dépend. Nous sommes dans un monde de concurrence entre différentes nations hippiques pour attirer les propriétaires. Ces personnes ont le choix pour faire courir leurs chevaux. Même si l’orientation n’est pas si mauvaise, il est important de ne pas se regarder le nombril et de mettre en place un programme qui permet d’être attractif. Je souhaite beaucoup de réussite au nouveau président de France Galop et à celui d’Arqana. J’espère qu’ils pourront, mieux qu’avant, coordonner leurs forces. Je suis pour un lien fort entre le système commercial et l’institution des courses, car les deux sont très interdépendants. »

Cette trentième année de vente pour les Capucines aura pour théâtre les nouveaux boxes mis à disposition par Arqana : « Ils ont une très bonne aération et cela devrait faire une différence pour nos yearlings. C’est du très bon travail. Il faut également saluer la présidence d’Éric Hoyeau qui a su développer cette agence de vente pendant des années. C’est désormais une place forte et internationale, avec des vacations très fortes au-delà des yearlings, comme les breeze up ou décembre. » Les chevaux entraînés en France réalisent une bonne année à domicile et à l’international. L’éleveur, vendeur et élu analyse : « C’est très positif. Mais pour y parvenir, les entraîneurs ont besoin d’avoir des pensionnaires de qualité. Les jeunes professionnels ayant de l’ambition ont donc besoin de jeunes chevaux. Et cela implique donc d’être capable de se mouiller. Je voudrais également tirer un coup de chapeau à Jean-Claude Rouget qui a beaucoup acheté aux Capucines et avec succès. D’une manière générale, il a énormément apporté à l’élevage français par la réussite de ses achats et nous avons tous hâte de le revoir aux courses. »