LE CADRAN DANS LA BONNE FOULÉE

Gros, gros week-end en vue pour le haras du Cadran dans une dizaine de jours. Avec aux ventes une vingtaine de lots sélectionnée et, aux courses, la présence de Daylight (RS) (Earthlight) dans le Sumbe Prix Morny (Gr1). La 2ans, déjà lauréate du Prix de Cabourg (Gr3) plus tôt dans le meeting, a été vendue 85.000 € l’an dernier chez Arqana, soit exactement le prix médian réalisé par les yearlings du Cadran cette année-là. Au-delà de ce chiffre, Daylight illustre bien la stratégie de Pierre Talvard quand il s’agit d’élevage : une jeune mère black type, en l’occurrence Latita (Silver Frost), détenue en association avec celui dont elle défendait les couleurs, Pierre Van Belle. Daylight est par ailleurs la première gagnante de Groupe de son père, Earthlight (Shamardal), qui faisait partie des débutants à qui Pierre Talvard avait accordé sa confiance. À l’image de Blue Point (Shamardal) il y a deux ans, de Hello Youmzain (Kodiac), de Persian King (Kingman) l’an dernier, ou encore de St Mark’s Basilica (Siyouni) cette année.

Mais c’est bien LA valeur sûre du parc étalon européen, le grand Wootton Bassett (Iffraaj), qui sera le plus représenté dans le lot du Cadran cette année avec quatre yearlings. Notre coup de cÅ“ur va au lot 236, un mâle presque noir très signé par son père et remarquable marcheur. Night Music (Sea the Stars), la mère, est gagnante de Gr2 en Italie. C’est une sÅ“ur de la classique Night Magic (Sholokhov), lauréate du Preis der Diana (Gr1) et du Grosser Preis von Baden (Gr1), et qui représente une superbe souche du Gestüt Etzean. Dans un autre registre, mais toujours par Wootton Bassett, le lot 95, au profil plus classique, est le premier produit de Chuppy (Le Havre). Il s’agit d’une propre sÅ“ur de la gagnante de Gr1 Wonderful Tonight (Le Havre).

Pierre Talvard a été l’un des premiers à accorder sa confiance à Blue Point, et il a évidemment continué à envoyer des juments à la « sensation de Darley ». Trois yearlings sont issus des œuvres du champion des étalons de première production l’an passé. Pierre Talvard est particulièrement fier de nous montrer le lot 193, le premier produit de la bonne Lanana (Sepoy), lauréate du Prix Dahlia (L). C’est simple : la pouliche est déjà tellement mature physiquement que l’on a envie de la seller !

De façon générale, c’est l’une des marques de fabrique du Cadran : des yearlings très manipulés (une quinzaine de salariés travaillent à temps plein au haras), rentrés au box tous les soirs dès la période hivernale, ce qui permet notamment de veiller à ce que chacun mange ce dont il a réellement besoin… Résultat des courses : quelques longueurs d’avance au moment de se rendre aux ventes ! Bien que le Cadran compte désormais 400 hectares et une centaine de juments, il conserve un fonctionnement, certes demandeur en main-d’œuvre, mais qui permet de réellement individualiser la préparation de chaque yearling. Et désormais, ce n’est pas une paire d’yeux mais bien deux qui évaluent la progression des poulains. Depuis juillet, Emmanuel Talvard a enfin rejoint son père. Et si le fils supportera évidemment Daylight dans le Morny, il gardera également un Å“il sur Reshabar, le lauréat des Coventry qu’il a « imaginé » lorsqu’il dirigeait le haras de Beaufay… Sacrée famille !

Quelle est la chose la plus importante dans la préparation d’un yearling ?

Pierre & Emmanuel Talvard. – De l’individualiser pour chaque poulain ! La préparation aux ventes, c’est le premier contact qu’ils vont avoir avec la compétition. Cela peut donc avoir une grande influence sur leur future carrière de course…

Votre plus grand moment aux ventes ?

Pierre Talvard. – Mon grand plaisir, ce n’est pas de vendre des yearlings… Plutôt d’acheter des juments ! Mais je ne suis jamais aussi heureux que lorsque l’un des chevaux que nous avons vendu gagne un Groupe… Quel que soit le montant qu’il a fait afficher !

Votre plus grande déception aux ventes ?

Pierre Talvard. – Quand j’ai été battu pour acheter Burgarita…

Une routine, un porte-bonheur avant le passage sur le ring ?

Pierre Talvard. – Je ne suis pas vraiment superstitieux. En tout cas, pas aux ventes. Aux courses, j’ai tendance à remettre les cravates qui « vont vite ».

La qualité que vous préférez chez un homme/chez un cheval ?

Pierre & Emmanuel Talvard. – Chez un homme, qu’il soit passionné. Chez un cheval, qu’il aille vite !

Le défaut pour lequel vous avez le plus d’indulgence chez un homme/chez un cheval ?

Emmanuel Talvard. – Chez un cheval, des aplombs un peu moyens.

Si vous pouviez refaire quelque chose (dans votre vie pro), que referiez-vous ?

Pierre Talvard – Trouver dès mes débuts un bon comptable… Un bon comptable, c’est capital, parce que cela vous permet d’avoir un bon banquier. Et avec un bon banquier, on peut réaliser des investissements ! J’ai fini par trouver une bonne comptable… et je l’ai épousée !

Emmanuel Talvard. – J’aurais travaillé à l’entraînement. Je regrette de ne jamais l’avoir fait, et maintenant, c’est un peu tard. Mais je suis sûr que cela m’aurait donné des idées pour l’élevage.

Quel est le livre que vous recommanderiez au plus grand nombre ?

Pierre Talvard. – Un catalogue d’une vente d’élevage

Quelle est votre définition du luxe ?

Pierre Talvard. – Avoir des gagnantes de Gr1 dans ses boxes

Quel est l’enseignement le plus précieux que le cheval vous ait appris ?

Pierre & Emmanuel Talvard. – Le respect.

À quel endroit vous sentez-vous à votre place ?

Pierre Talvard. – Dans les herbages

Emmanuel Talvard. – Dans les barns.

LES YEARLINGS DE LA VENTE D’AOÛT

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LES YEARLINGS DE LA V.2