INSPIRAL TENTE UN TRIPLÉ HISTORIQUE

Ils sont huit au départ du Prix du Haras de Fresnay-le-Buffard – Jacques Le Marois (Gr1), dans lequel Inspiral (Frankel) tente un triplé inédit. La jument de Cheveley Park Stud prend le départ avec quelques doutes… En 2024, elle n’a pas encore remontré son meilleur niveau mais ses deux tentatives peuvent toutefois comporter des excuses : une grande rentrée dans les Lockinge Stakes (Gr1) et, dans les Prince of Wales’s Stakes (Gr1), une distance peut-être trop longue pour ses aptitudes. Des doutes, il y a en également autour de la candidature de Big Rock (Rock of Gibraltar), deuxième l’an dernier d’Inspiral dans le Marois. Le représentant de la Yeguada Centurion n’a pas encore convaincu cette année. Charyn (Dark Angel) arrive quant à lui en pleine forme. Plus fort que jamais en 2024, il a remporté les Queen Anne Stakes (Gr1) à Royal Ascot et, jugé sur cette performance, s’annonce comme le cheval à battre. Dimanche, il peut fort bien poursuivre le beau meeting deauvillais de Nurlan Bizakov. Deux 3ans défient leurs aînés. Gagnant de la Poule d’Essai des Poulains (Gr1), Metropolitan (Zarak) a bien couru dans les Prince of Wales’s Stakes (Gr1), confirmant qu’il est l’un des meilleurs milers de 3ans européens. Il va toutefois découvrir la ligne droite. Haatem (Phoenix of Spain) n’est pas classique, mais le pensionnaire de Richard Hannon est monté sur les podiums des 2.000 Guinées anglaises et irlandaises (Grs1). Lauréat ensuite des Jersey Stakes (Gr3) sur 1.400m, il revient sur le mile. Quddwah (Kingman) passe son premier test au niveau Gr1. Invaincu en quatre sorties, absent un an entre mai 2023 et 2024, il reste sur un succès dans le Summer Mile (Gr2). Il a beaucoup à prouver dans ce lot mais ses lignes sont bonnes et ses limites demeurent inconnues. Marhaba Ya Sanafi (Muhaarar), bien que de tous les combats, répond toujours présent. Reste l’interrogation liée au parcours rectiligne. Le 4ans n’a couru qu’une seule fois sur ce type de parcours, dans le Marois 2023, où il a réalisé la plus mauvaise performance de sa carrière. Quant à King Gold (Anodin), il court de façon rapprochée, à une semaine de sa neuvième place dans le Maurice de Gheest (Gr1). Il lui faudra progresser…

ILS ONT DIT

Chris Richardson, représentant de Cheveley Park Stud, propriétaire d’Inspiral : « Elle a vraiment commencé à fleurir au mois de juin et nous sommes désormais en août. J’espère qu’elle va dès à présent arriver à son top. Nous ne nous laissons pas aveugler par nos attentes, mais le tracé lui plaît et si la météo reste en notre faveur, nous méritons de tenter notre chance. »

Roger Varian, entraîneur de Charyn : « Mon pensionnaire a l’air prêt et il est en très bonne forme. Nous avons hâte de le voir en piste dimanche. Je ne pense pas que le déplacement constituera un problème. C’est un poulain qui possède un très bon mental et qui est très détendu. Qui plus est, il a déjà voyagé puisqu’il a gagné un Gr2 à Chantilly à 2ans. Je pense que tout devrait bien se passer. La course va être relevée, comme toujours. Certes, il n’y a pas beaucoup de partants mais le niveau est bien là. »

Nicolas Caullery, entraîneur de King Gold : « Nous y allons ! King Gold ne court pas si mal dans le Maurice de Gheest. Il s’est retrouvé un peu loin dans une course qui a beaucoup roulé, et quand Stéphane Pasquier a vu que la mission devenait compliquée, il ne lui a pas infligé une course dure. Il a très bien récupéré et, à 7ans, il n’a rien à perdre à courir le Jacques Le Marois… Bien sûr, il y a de très bons chevaux dans ce lot mais je pense qu’une place est à sa portée. Il peut tenir le mile. »

Richard Hannon, entraîneur d’Haatem : « Nous avons hâte de le voir en piste. Il va bien et le retour sur le mile devrait lui plaire. Ceci étant dit, il s’agit d’une course relevée. J’espère qu’il va réaliser une grande performance. »

L’ENJEU ÉLEVAGE

Sept des huit partants du Marois 2024 sont entiers et donc potentiellement étalons. L’étude du palmarès des cinquante dernières années est riche d’enseignements, car trente-sept des vainqueurs ont fait la monte et dix-huit peuvent être considérés comme ayant réussi au haras (même si cela reste subjectif). Comme dans toutes les courses au monde, les gagnants de ce sommet sur le mile de Deauville ont connu des fortunes diverses en tant qu’étalon. Néanmoins, on note que les lauréats, à 3ans – qui sont majoritaires d’un point de vue « réussite » – ont connu un taux six fois supérieur dans leur seconde carrière par rapport à celle des 4ans et plus. Un bon point pour Metropolitan et Haatem. Parmi les quatorze gagnants du Marois ayant brillé au haras, huit ont été capables de s’illustrer au-delà du mile.

UNE ÉDITION MÉMORABLE

Difficile de choisir une édition dans ce qui est le plus beau mile de France, si ce n’est d’Europe ! De Miesque à sa dynastie du Marois (East of the Moon puis Alpha Centauri, ainsi que Divine Proportions via son fils Kingmambo), de Dubai Millennium à sa dynastie (Dubawi, Makfi)… Mais quand on pense Deauville, on pense avant tout à sa reine, Goldikova (RS) (Anabaa). En 2009, elle dispute son premier Marois, quinze jours après avoir conservé sa couronne dans le Prix Rothschild (Gr1). La pensionnaire de Freddy Head y réalise une démonstration, s’imposant par six longueurs et écrivant un peu plus sa légende. En 2010 et 2011, elle sera de nouveau au départ du Marois, concluant deuxième de Makfi (RS) (Dubawi) et d’Immortal Verse (RS) (Pivotal).

Un regret autour du Jacques Le Marois ? Que Frankel (Galileo) n’y ait jamais tenté sa chance…