DELLOYE/POWELL : LA GRANDE INTERVIEW
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Pour sélectionner ces yearlings, vous êtes en compétition avec les autres grandes agences de vente européennes…
La compétition est féroce mais saine et plutôt amicale. Ce qui est positif, c’est que les vendeurs irlandais se donnent désormais beaucoup d’options : Irlande, Angleterre, France… Le phénomène est en partie lié au fait que depuis le Brexit, le coût du déplacement en France est équivalent à celui pour l’Angleterre. Concernant les vendeurs anglais, il est plus facile pour nous d’attirer des chevaux basés dans l’Ouest ou dans le Nord que ceux élevés à Newmarket, donc à proximité immédiate de Tattersalls. Au final, le choix d’une vente plutôt qu’une autre se fait vraiment par rapport au poulain, à son pedigree, à son degré de maturité, aux performances de ses collatéraux… Nous travaillons dur pour attirer les bons poulains ! Il faut savoir que la population de top-yearlings, ceux capables de dépasser les 400.000 €, est très restreinte. En Europe, l’an dernier, ils n’étaient que 150 !
Comment qualifieriez-vous le catalogue 2024Â ?
Le catalogue de l’édition 2024 est probablement encore supérieur à celui de 2023. Le sire power est très puissant. Nous avons une très bonne représentation des étalons confirmés, qui dominent les classements aux courses. Nous avons également beaucoup de produits issus de jeunes juments. C’est un critère important pour les acheteurs. Soixante-dix pour cent des lots sont qualifiés pour les primes françaises, même si ce critère est moins important pour une vente d’août, par essence internationale, que pour une vente d’octobre.
Autre élément important pour la réussite d’une vente, ce sont les résultats des chevaux qui en sont issus…
Les résultats en course des chevaux passés en vente sont en effet indispensables dans ce cercle vertueux. Certains veulent encore opposer les chevaux de vente et les chevaux de course, comme si les uns étaient élevés pour passer en vente et les autres pour aller aux courses, alors que tout est lié. Depuis le début de l’année, neuf gagnants de Gr1 sont issus de nos ventes. C’est remarquable, et c’est aussi la démonstration que les bons chevaux viennent de plus en plus souvent des ventes. Après Ace Impact l’an dernier, Arqana sera de nouveau bien représenté au départ de l’Arc 2024 avec Look de Vega, Al Riffa ou encore Shin Emperor. On a vu des 2ans gagner à Royal Ascot comme Rashabar, des pouliches de Morny comme Ramatuelle (RS) l’an dernier ou Daylight (RS) cette année. Ces succès de nos graduates ont lieu en France comme à l’étranger, sur des distances très variées…
Cette diversité, la retrouve-t-on aussi dans la provenance de ces chevaux ?
Tout à fait. En plus des grands haras connus et pourvoyeur de bons chevaux, des structures plus récentes se distinguent également, si bien qu’un acheteur potentiel, quand il vient à Deauville, se doit de regarder tous les chevaux. Nous avons aujourd’hui une qualité d’élevage en France très largement partagée.
La vente accueille-t-elle de nouveaux vendeurs ?
Le haras de la Croix Sonnet présente pour la première fois en août. Du côté des étrangers, les Anglais de Barton Stud, un consignor très important outre-Manche, viennent également pour la première fois à Deauville. De plus en plus d’éleveurs étrangers confient leur production aux préparateurs français, en qui ils ont totalement confiance, vu le degré de professionnalisme atteint.
Comment la réussite de l’entraînement français à l’étranger rejaillit-elle sur un tel rendez-vous ?
Il est certain que tout particulièrement cette année, il y a une belle dynamique de victoires de chevaux entraînés en France dans les grandes courses européennes. Jusqu’à Saratoga, on regarde les courses françaises très positivement. Chaque victoire tricolore apporte du positif à la filière tout entière. Elle crédibilise aussi notre système de courses, et c’est un élément important dans la valorisation des chevaux à l’entraînement. Cette valorisation est encore plus forte actuellement qu’il y a quelques années. C’est un élément rationnel, de nature à rassurer et à encourager les acheteurs de yearlings. Le marché amiable est notamment fort pour alimenter les gros meetings hivernaux dans le Golfe, auxquels s’ajoute l’arrivée de nouveaux gros propriétaires qui veulent des partants dans les grands meetings européens.
Quelles informations avez-vous sur la présence de ces grands propriétaires à Deauville ?
Les échos sont bons. Toutes les grandes casaques européennes et d’autres continents seront représentées pour voir les yearlings ici.
Les Arqana Series se courront jeudi à Deauville. Quel premier bilan en dressez-vous, après avoir réalisé quelques ajustements ?
Nous avons plus de partants dans le Critérium d’Été, pour les 2ans, mais c’est en revanche un peu faible et décevant chez les 2ans inédits. La participation étrangère est relativement forte. Ce circuit a été créé pour créer un effet d’entraînement au moment des ventes, et encourager le marché : à nous de trouver la formule la plus percutante. Nous ne sommes pas fermés aux changements.