Samedi, Maxime Guyon a remporté le Grand Prix de Paris (Gr1) en selle sur Sosie (Sea the Stars), décrochant déjà un troisième Gr1 en 2024, après la Dubai Turf de Facteur Cheval (K) et l’Emirates Poule d’Essai des Pouliches de Rouhiya. Le jockey, toujours en tête au classement de la Cravache d’or, s’est confié avant d’attaquer la seconde partie de la saison.
Par Sacha Rochereau
sr@jourdegalop.com
Jour de Galop. – En 2022, vous avez remporté la Cravache d’or mais avez qualifié votre saison de « médiocre » au niveau des belles courses, avec aucune victoire de Gr1. Les choses semblent bien mieux se passer depuis…
Maxime Guyon. – L’année a très bien commencé par la victoire de Facteur Cheval au mois de mars. Il y a ensuite eu cette victoire dans la Poule d’Essai des Pouliches grâce à Rouhiya, puis le succès de Sosie samedi, avec lequel je m’étais déjà classé troisième du Prix du Jockey Club. Tout s’enchaîne bien en ce moment.
Sosie est-il capable de vous offrir votre premier Arc ?
Nous ne pouvons rien lui reprocher pour l’instant. Le poulain était certainement battu par la distance à Chantilly, même s’il était rallongé pour la première fois. Nous avons vu qu’il était vraiment taillé pour les 2.400m. Dans le Grand Prix de Paris, il était bien plus à l’aise durant la course et a moins subi que dans le Jockey Club. Il a accéléré très fort. Sosie vient de se produire sur le parcours qu’il retrouvera dans l’Arc, mais nous ne serons pas seuls au départ… Il faudra toutefois compter sur lui, en espérant qu’il ne pleuve pas trop au mois d’octobre…
Quelles sont les sensations avec ce poulain ?
Sosie est très puissant et massif. Il dégage énormément de force mais il est aussi très serein. Il ne se tend pas, ce qui est plus simple pour un jockey. En fait, il est très facile à monter.
De nombreux jockeys affirment que les grandes victoires sont plus importantes que des Cravaches d’or. Partagez-vous cette vision ?
Je pense effectivement que les victoires de Gr1 sont plus importantes que la Cravache d’or. Celle-ci reste toutefois essentielle car elle représente la réussite d’une année, couronnant la régularité.
Après Olivier Peslier, c’est un autre grand jockey qui a pris sa retraite, Gérald Mossé. Une carrière comme la sienne vous fait-elle rêver ?
Évidemment ! Il a remporté cinq Prix de Diane, trois Jockey Clubs pour ne citer que ces classiques. C’est énorme. Il a remporté de nombreuses grandes courses à travers le monde et a eu une très longue carrière. Comme il l’a dit, l’heure était venue de s’arrêter. Je trouve sa carrière magnifique. Il faut savoir s’arrêter quand on est encore compétitif, plutôt que d’attendre d’y être quasiment contraint par le faible nombre de montes…
Avec le départ de plusieurs anciens grands jockeys, vous allez maintenant faire partie des anciens du vestiaire…
Pas encore mais presque (rires)… J’ai 35 ans et il y a encore des jockeys plus vieux que moi, qui ne vont pas s’arrêter tout de suite !
Carlos Laffon-Parias va également stopper prochainement. Quel regard portez-vous sur sa carrière ?
C’est un excellent entraîneur, qui n’a jamais eu énormément de chevaux. Il a toujours été très adroit et a gagné de belles courses. Il préfère certainement arrêter avant de voir ses résultats décliner et son nombre de chevaux diminuer. Il doit être fier de ce qu’il a pu accomplir, d’autant plus en étant arrivé d’un autre pays. Il a vraiment eu une belle carrière.
Celle d’un sportif de haut niveau n’est jamais linéaire, il y a des hauts et des bas. La vôtre n’a cependant jamais connu de moments réellement creux. Comment avez-vous réussi ce tour de force ?
Il est vrai que cela fait quinze ans que je ne suis pas sorti des trois premiers du classement des jockeys français. J’ai la chance d’être toujours là … même les années où je ne gagne pas de Gr1. Cela prouve que je remporte énormément de courses. J’ai la chance de ne pas connaître de moments creux pour l’instant. J’espère que cela pourra durer le plus longtemps possible. Je m’efforce de travailler dans cet objectif et de faire du mieux possible. Je n’ai pas connu de grosses blessures, il y a une part de chance. J’ai toujours la même envie de gagner, que ce soit un petit réclamer ou un Gr1. J’ai également l’opportunité d’être le premier jockey des frères Wertheimer, qui réalisent une année 2024 exceptionnelle. Tous ces éléments font que je gagne des courses et que je suis en conséquence appelé par de nombreux entraîneurs et propriétaires.
De par votre contrat, vous êtes plus rarement associés à des pensionnaires d’André Fabre qui défendent d’autres casaques. La relation est-elle toujours bonne avec lui ?
Nous avons toujours de bons rapports, cela n’a jamais changé. Monsieur Fabre a besoin d’un premier jockey plus disponible et c’est la raison pour laquelle je monte moins pour lui, en dehors des pensionnaires des frères Wertheimer.
Avec quels 2ans de la casaque Wertheimer & Frère fondez-vous de gros espoirs en 2024 ?
Le nom qui me vient en premier à l’esprit est celui de Polyvega (K) (Lope de Vega). Nous espérons la voir évoluer au plus haut niveau afin qu’elle puisse confirmer tous les espoirs que nous portons en elle. Polyvega nous a fait rêver en débutant.
En parallèle, votre carte sur le jeu Jockiz a été adjugée pour 980€ à la fin des enchères. Que pensez-vous de ce nouveau jeu qui met en lumière les jockeys ?
Le principe du jeu est intéressant et il semble qu’il y ait de plus en plus d’engouement autour. C’est amusant et nous allons voir comment cela va évoluer. Il y a d’ailleurs certains de mes collègues du vestiaire qui sont impliqués. Cela va notamment permettre aux gens de mieux connaître les jockeys.
Vous travaillez dans le milieu des courses depuis presque vingt ans maintenant. Quelles évolutions avez-vous constatées au niveau du bien-être animal ?
Des personnes venues de l’extérieur peuvent penser que nous ne prenons pas soin des chevaux, alors que la réalité est tout autre. Les animaux disposent de nombreux soins, ils sont très suivis et sont considérés comme des athlètes. Il y a forcément des blessures, mais cela fait partie du sport, comme dans toute discipline. Nous essayons d’aller dans le bon sens et d’afficher nos efforts, afin que le grand public se rende compte que nous prenons soin des chevaux. Prenons l’exemple de la cravache, celle-ci a beaucoup évolué et les chevaux ne sentent pratiquement plus rien désormais. Le nombre de coups a aussi été réduit. Les choses vont dans le bon sens et le bien-être est là au quotidien et depuis de nombreuses années. Cela est primordial.
Pour conclure, il est difficile d’éviter le sujet de la Cravache d’or 2024. Une nouvelle est-elle en prévision cette année ?
Je n’ai qu’une dizaine de victoires d’avance sur Mickaël Barzalona. Nous verrons bien. Je vais jouer le jeu et cela me fait plaisir de lutter avec un ami. C’est plus agréable dans ce contexte. Si cette récompense arrive, tant mieux. Quoi qu’il en soit, l’année aura été magnifique, et j’espère que cela va se poursuivre…