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mercredi 26 février 2025
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SUNDAY SILENCE, LE CHAMPION EN PISTE

L’histoire de Sunday Silence – Partie 1

SUNDAY SILENCE, LE CHAMPION EN PISTE

Méchant ! Tordu ! Sans aucun pedigree ! Un vilain petit canard devenu un champion en piste comme au haras. Voici ce que vous pourriez nous répondre si l’on vous demandait de nous parler de Sunday Silence, tant les défauts du cheval sont bien documentés. Mais ses qualités ? Il devait bien en avoir pour devenir celui qui a changé le Japon hippique… et dont l’influence se fait désormais sentir dans l’ensemble du monde des courses. La preuve ? Son petit-fils Auguste Rodin est favori samedi des King George…

Par Anne-Louise Echevin

ale@jourdegalop.com

Sunday Silence est un fils de Halo. De son père, il a hérité la robe presque noire et un tempérament volcanique. C’est un euphémisme ! Halo n’était pas « muselé » pour rien. S’il pouvait vous attraper, il le faisait et il n’est pas passé loin de tuer l’un de ses grooms, Randy Mitchell, après l’avoir saisi au niveau du ventre pour le plaquer au sol et le mordre violemment. Sunday Silence, comme son père, n’était pas un ange. Laura de Seroux travaillait chez Charlie Whittingham, entraîneur de Sunday Silence. Elle s’est plongée dans ses souvenirs : « Le caractère « vicieux » de Sunday Silence n’est pas une légende, et tous ceux qui le manipulaient à l’écurie devaient être extrêmement prudents. J’ai toujours trouvé un peu triste le fait que Charlie Whittingham n’ait jamais pu lui caresser l’encolure ou l’embrasser, tant il était fier du cheval et tant il l’aimait. Quand il lui donnait des bonbons à la menthe, il devrait faire attention à ne pas se faire mordre la main à l’occasion… »

Du caractère, oui, mais qu’il savait utiliser

Avoir un caractère aussi fort est à double tranchant : une force et une faiblesse. Cela peut rendre un cheval « inutilisable » comme, peut-être, lui donner un « truc » en plus. Sunday Silence a su utiliser son tempérament en course… à condition de savoir l’écouter : « Je suis certaine à 100 % que le caractère de Sunday Silence était sa grande force et lui a donné cette envie de se battre et de gagner. À l’entraînement, il était extrêmement agressif et ne pouvait être géré que si on le laissait aller librement. Charles Clay, son groom, et Pam Mabes, sa cavalière, étaient ceux qui s’en occupaient le plus et ils sont passés à côté de blessures sérieuses. Il faut aussi noter une chose : Sunday Silence détestait la cravache, très certainement parce qu’il donnait naturellement le meilleur de lui-même et jetait tout dans la bataille. »

Le tempérament pour survivre à la mort… à deux reprises

Le tempérament de Sunday Silence s’est transformé en fighting spirit en course. C’est peut-être aussi ce qui l’a sauvé dans sa jeunesse. Il est passé proche de la mort à deux reprises, et un cheval normal ne se serait peut-être pas relevé. Arthur Hancock avait expliqué à Trainer Magazine : « Le jour de Thanksgiving, il a eu une diarrhée très sérieuse. C’était vraiment inquiétant. J’ai appelé notre vétérinaire, Carl Morrison et, entre 9 h du matin et midi, il lui a donné 23 litres de fluide. Nous pensions qu’il allait mourir mais Sunday Silence a refusé d’abandonner. […] En cinquante ans, à Stone Farm comme à Claiborne avant, je n’avais jamais vu cela. J’ai pensé que ce n’était pas quelque chose de normal de sa part que de posséder ce tempérament et se battre de la façon dont il l’a fait. » À 2ans, Sunday Silence échappe de nouveau à la mort, après un accident de la route de retour des ventes, où personne n’avait voulu de lui. Le chauffeur du camion est victime, sur l’autoroute, d’un arrêt cardiaque. Blessé, le cheval se remet presque miraculeusement. Laura de Seroux nous a livré son sentiment : « Oui, c’est vrai, je pense que son tempérament lui a permis de survivre deux fois à une mort très proche… »

Rien pour plaire aux ventes

Sunday Silence est passé deux fois en vente. À la Keeneland July Sale, yearling, il est racheté 17.000 $. À 2ans, lors de la Californian March Two Year-Old Sale, Arthur Hancock le rachète 32.000 $. Il est difficile de blâmer les acheteurs potentiels. Le poulain n’avait pas grand-chose pour plaire à ce stade, comme l’explique Laura de Seroux : « Son tempérament a été un problème à chacune des ventes, il avait beaucoup trop d’énergie et était si difficile à manipuler que, par conséquent, il ne se présentait pas dans sa robe de mariée. Les autres problèmes étaient ses défauts perçus de conformation et une lignée maternelle faible, même si sa mère, Wishing Well, était une bonne jument sur le gazon. Elle a gagné ou s’est placée dans les meilleures courses sur la surface en Californie. Cela explique certainement le fait que les descendants de Sunday Silence brillent sur toutes les surfaces. Physiquement, je le décrirais comme un cheval très athlétique, avec un bel angle d’épaule qui lui a permis d’avoir cette belle foulée. Il avait bien des jarrets serrés, qui étaient probablement liés à son développement dans l’utérus. L’apparence de ces jarrets était exagérée quand il était jeune, encore immature physiquement, mais elle s’est atténuée avec le temps au point de ne plus être visible une fois étalon. Cela n’a jamais compromis sa vitesse, sa puissance ou son athlétisme et ne lui a pas donné de problèmes pathologiques. »

Aller avec lui, la clé

Malgré tout, Charlie Whittingham a vu quelque chose chez Sunday Silence, au milieu de tous ses défauts. L’entraîneur appelle Arthur Hancock et achète la moitié du poulain, part qu’il revendra à moitié à son ami Ernest Galliard. Arthur Hancock a toujours estimé que l’entraîneur avait joué un rôle déterminant dans la carrière du cheval, et Laura de Seroux explique : « Il a utilisé avec Sunday Silence les mêmes méthodes qu’avec tous les bons chevaux. Sunday Silence n’a jamais été difficile à préparer mentalement, à partir du moment où on le laissait aller le matin. Charlie Whittingham entraînait chaque cheval en ayant une parfaite compréhension de leur personnalité. Sunday Silence, à l’entraînement, était facile et un vrai bonheur à monter… tant qu’il pouvait aller à un bon rythme. Les grosses difficultés étaient pour ceux qui le manipulaient en main et devaient faire attention à ne pas être tapés ou mordus. Certains articles disent que Sunday Silence a, à plusieurs reprises, découragé son entraîneur et son équipe. Je n’ai jamais eu ce sentiment. »

Le guépard

Outre sa volonté, qu’est-ce qui démarquait Sunday Silence en piste ? Chris McCarron, qui l’a monté dans la Classic, a parlé d’un cheval très agile et souple, galopant comme un chat et capable d’accélérer à n’importe quel moment du parcours. Laura de Seroux confirme : « Il était comme un grand chat, un guépard si vous voulez. En contraste, Easy Goer [son grand rival, ndlr] allait tout le temps, et c’est pourquoi Sunday Silence avait l’avantage sur lui. Les résultats parlent d’eux-mêmes. Et Sunday Silence a transmis ses points forts à sa descendance mais je ne peux pas dire en ce qui concerne son physique ou ses défauts. »

L’histoire de Sunday Silence s’est écrite avec sa rivalité avec Easy Goer. L’histoire du vilain petit canard imparfait face au splendide cygne bien né. En piste, le noir a montré sa supériorité sur l’alezan mais, une fois venu le temps du haras, les éleveurs américains ont vite fait leur choix. Les parts et saillies d’Easy Goer sont parties comme des petits pains. Arthur Hancock a expliqué à Trainer Magazine : « Nous avons essayé de le syndiquer et avons appelé partout : Kentucky, Angleterre, France. Il est vite devenu clair que personne n’en voulait. Partout, dans l’industrie, on disait qu’il était un « coup de bol », un Secretariat ou Citation qui pouvait galoper mais ne serait jamais bon au haras. On disait qu’il était tordu, ce qu’il n’était pas, et qu’il avait de mauvais jarrets, ce qui était surtout le cas dans sa jeunesse. Nous avions trois personnes qui étaient partantes pour prendre des parts, et deux qui voulaient lui envoyer des juments. J’ai parlé avec mon frère Seth qui travaillait à Claiborne, et il avait quarante contrats envoyés pour Easy Goer. […] Au même moment, un représentant de Teruya Yoshida m’a appelé et a dit que Shadai était intéressé pour acheter le cheval en totalité [ils avaient investi sur 25 % du cheval durant sa carrière de course, ndlr]. Ils proposaient 250.000 $ par part, j’ai parlé avec plusieurs personnes de l’industrie et ils m’ont dit la même chose : il n’y avait pas à réfléchir, il fallait vendre. Le jour où il est parti, je l’ai monté moi-même dans le camion. Et je n’ai pas honte d’admettre que lorsque le van s’est éloigné, j’ai pleuré. » La suite de l’histoire est connue : Easy Goer n’a pas brillé au haras, Sunday Silence a changé l’élevage d’un pays et son influence est désormais mondiale.

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