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samedi 15 mars 2025
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ALAIN JATHIÈRE, UNE CERTAINE IDÉE DES COURSES

ALAIN JATHIÈRE, UNE CERTAINE IDÉE DES COURSES

Cela fait maintenant quinze ans qu’il promène sa silhouette élégante sur les hippodromes. Discret, Alain Jathière avait jusqu’alors évité les grands entretiens… que ce soit en relation avec les chevaux ou avec sa première grande passion, l’art. Faites le test : tapez son nom dans le moteur de recherche Google, vous constaterez la rareté de ses prises de parole ! Il nous avait promis de se raconter – un peu – quand il aurait gagné un Gr1 en plat. Puchkine a remporté le Jean Prat et Alain Jathière a tenu parole.

Par Adeline Gombaud

ag@jourdegalop.com

Ivre de joie, dans les bras de Pierre Talvard, puis ceux de Ioritz Mendizabal, Alain Jathière a révélé un premier trait de sa personnalité. Il aime la compétition, et surtout il aime gagner. « J’ai toujours cru en Puchkine. J’ai voulu le supplémenter dans le Jean Prat parce que j’étais sûr que c’était un poulain de vitesse plus qu’un miler. Dans la Poule d’Essai, l’énorme orage qui s’est abattu avant la course l’a grandement desservi. Il n’a pu accélérer comme il le fait d’habitude. Alors que nous déjeunions sur l’hippodrome, Ioritz est venu nous saluer avant le Jean Prat. Nous avons évoqué la stratégie à employer. Le poulain avait un bon numéro de corde, et j’ai insisté pour qu’il le laisse galoper. Je n’aime pas qu’on se batte avec les chevaux : ils se mettent alors à tirer et ne respirent pas. Le scénario s’est déroulé comme prévu et Puchkine a pu montrer son vrai visage, celui d’un cheval de Gr1 ! Son temps est tout à fait remarquable, tout près du record de Too Darn Hot… Mes sentiments après la course ? Une très grande émotion. J’ai ce goût de la victoire. J’aime gagner dans tout ce que j’entreprends. La joie était d’autant plus grande que Puchkine est le fruit de mon élevage, et que cette activité, source d’immenses satisfactions, est aussi faite de beaucoup d’échecs, de désillusions… J’ai repensé à la première fois que j’ai levé la main pour un pur-sang à Deauville… Pour être propriétaire, il faut faire preuve de résilience, de constance, de patience, avoir de la chance et une pincée d’insouciance ! C’est ce que j’ai appris de ces années… »

Il y a quinze ans, dans une salle de vente…

S’il a trouvé le temps long avant de décrocher ce Graal en plat, Alain Jathière est finalement un propriétaire assez récent dans le paysage hippique français. La beauté du pur-sang l’a touché jeune, mais il n’y a succombé que bien plus tard… « Enfant, j’ai découvert le cheval de course en suivant, sur la piste des Aigles, Domingo Perea. J’allais aussi sur les hippodromes parisiens, notamment celui d’Auteuil, mais personne dans ma famille n’avait réellement ce goût des courses. Je suis parti assez tôt au Vénézuela pour y faire carrière dans l’art, étant à la fois marchand d’art et représentant de Christie’s en Amérique latine. De chevaux, il n’était alors pas question, ou alors des chevaux de concours, à la belle époque de Caracas, quand un grand concours international attirait les meilleurs cavaliers. J’ai rencontré Michel Zerolo à Miami dans les années 80. Nous sommes devenus amis, et c’est lui qui m’a réintroduit, en quelque sorte, dans le monde du pur-sang. Je me souviens parfaitement de ma première apparition dans la salle des ventes de Deauville. Il y avait cette petite yearling des Capucines sur le ring. Je demande à Michel si elle est vendue. Il répond par la négative. Je lève la main et je deviens propriétaire pour la première fois. La pouliche s’appelait Louvakhova. Nous étions en août 2009. »

Collectionneur dans l’âme

En quinze ans, l’écurie s’est bien développée. Actuellement, Alain Jathière détient une quarantaine de chevaux de plat, une dizaine d’obstacle chez une vingtaine d’entraîneurs différents, seul ou en association, ainsi qu’une quinzaine de poulinières, réparties entre le haras du Cadran, celui de Saint-Vincent et les Capucines. Un côté collectionneur, que cet esthète ne renie pas : « Quand on a un cheval, on en veut un deuxième. Quand on en a deux, on en veut un troisième… Je ne me lasse pas de la beauté de l’animal. Et surtout, plus on a de chevaux, plus on a de chances de gagner ! L’augmentation de mon effectif est aussi liée au fait que j’ai beaucoup de mal à vendre mes chevaux. Beaucoup de marchands d’art sont des collectionneurs contrariés. Parce que nous sommes obligés de vendre des œuvres, souvent les plus belles, pour en acheter d’autres… Avec les chevaux, j’essaie de faire différemment. Bien sûr, il faut parfois savoir vendre – j’ai réduit mon nombre de poulinières. Mais je préfère acheter que vendre ! C’est Nicolas de Watrigant qui gère cela. Quand je suis dans une salle de ventes, j’ai du mal à ne pas lever la main. Donc j’évite les tentations en laissant Nicolas opérer. Il a un excellent œil ! Quand il s’agit de chevaux clés en main, souvent je m’associe, dans une logique économique et d’accroissement de la probabilité de victoires ! Dans ce cas, je laisse le cheval à l’entraîneur qui l’a formé. C’est logique : on ne défait pas une équipe qui gagne. Et puis cela donne la chance à des jeunes. C’est important : on m’a donné ma chance au début de ma carrière, je fais de même. Mais Jean-Claude Rouget, mon premier entraîneur de plat, et Jean-Paul Gallorini, qui m’a initié à l’obstacle, m’ont énormément appris. Je sais ce que je leur dois. »

Pour les jeunes (ou moins jeunes) professionnels à qui il confie ses chevaux, à l’élevage, au pré-entraînement, à l’entraînement, Alain Jathière est presque une figure tutélaire. Un bienfaiteur des courses… Comme cela existe aussi dans le monde de l’art : « J’ai sûrement aidé certains artistes en misant sur eux, mais la comparaison est plus juste avec un yearling. Quand on achète un yearling, avec les incertitudes mais surtout les espoirs que cela comporte, c’est un peu comme acheter l’œuvre d’un artiste au stade de la galerie, avant qu’il n’arrive dans les maisons des ventes. C’est un pari. La principale différence, c’est que généralement, une œuvre d’art prend de la valeur avec le temps. C’est beaucoup plus rare avec un pur-sang ! »

Les chevaux, tous les chevaux

Si Alain Jathière n’a d’abord eu que des chevaux de plat, il s’est diversifié vers l’obstacle, et même le trot, ces dernières années. Son goût pour les sauteurs ? Une fascination pour ces gladiateurs : « J’ai beaucoup de respect pour les chevaux d’obstacle, beaucoup d’admiration. L’obstacle est une discipline à risques, et cela rend les sauteurs encore plus attachants. Et puis j’ai connu pas mal de succès avec des chevaux nés pour le plat et reconvertis en sauteurs, comme Kyrov. Enfin, ce sont des chevaux qui ont une carrière plus longue… » Les couleurs d’Alain Jathière parlent d’ailleurs à tous les passionnés d’obstacle, puisque ce sont celles du baron Finot… Un pur hasard cependant : « Alors que j’avais ma casaque depuis deux ans déjà, j’ai vu son exacte réplique à Auteuil. Je ne savais pas que j’avais choisi les couleurs du baron Finot ! Cela me va parfaitement, quand on connaît l’influence de l’homme sur la discipline… » Marron, toque rouge. Une casaque discrète, qui s’accorde avec la robe des chevaux pour leur laisser la vedette. Le cheval, avant tout.

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