DIMANCHE À DEAUVILLE
DES GROUPES POUR 2ANS EN PETIT COMITÉ
Autour du Prix Rothschild, la réunion de dimanche accueille un programme de qualité, avec trois Grs3, une Listed et deux maidens de luxe (les Marettes et le Crèvecœur).
Sur le créneau de la vitesse et de la précocité, le réservoir de 2ans anglais est assez considérable, aussi bien en qualité qu’en quantité. Trois des cinq sujets en lice dans le Prix de Cabourg (Gr3) sont ainsi entraînés en Grande-Bretagne, mais aucun ne semble imbattable. Richard Fahey a deux engagés pour le compte de Wathnan Racing, Columnist (Ardad), troisième des Coventry Stakes (Gr3) puis quatrième des Superlative Stakes (Gr2), ainsi que Shadow Army (Showcasing), deuxième du Prix Robert Papin (Gr2). À la veille des ventes de yearlings, une victoire avec cette casaque (aux moyens illimités) serait la bienvenue pour l’entraîneur du nord de l’Angleterre. Il nous a confié : « Je ne vais finalement pas courir les deux, bien qu’ils travaillent très bien le matin. Je pense venir avec Columnist. Shadow Army sera certainement revu dans les Gimcrack Stakes (Gr2) ou dans les National Stakes (Gr1). » Alice Haynes continue son tour d’Europe – elle a remporté deux épreuves black types cette année en Italie – pour obtenir du caractère gras. Dans le Cabourg, elle a laissé Naana’s Diamond (Invincible Army), lauréate de peu du Premio Mario e Vittorio Crespi (L). Cette pouliche est dure, mais la ligne est difficile à juger et, sur le papier, il lui faudra beaucoup progresser pour briller à Deauville.
La ligne du Prix de la Reine Blanche
La cantilienne Polyvega (K) (Lope de Vega) nous a vendu du rêve en remportant avec classe le Prix de la Reine Blanche. De grande naissance, elle a fait forte impression. Et sa candidature dans le Prix de Cabourg a encore pris du crédit, car à Chantilly, elle devançait de plus de deux longueurs Apollo Fountain (No Nay Never), qui a ensuite survolé le Prix Yacowlef (L).
Progrès attendus pour Daylight
Brillante en débutant, Daylight (Earthlight) reste sur une méritoire troisième place dans le Prix du Bois (Gr3) et Pauline Chehboub nous a confié (au nom de Gousserie Racing) : « Nous avons privilégié le Cabourg au Robert Papin pour Daylight. La pouliche a beaucoup évolué depuis le Prix du Bois, à la fois physiquement et mentalement. Dans le « Bois », nous étions un peu déçus de sa troisième place. Elle s’est révélée trop tendre face aux poulains anglais plus endurcis qu’elle. Mais elle a pris un peu de métier et on a hâte de la voir dimanche. »
L’armée de 2ans de Christopher Head
Elles sont encore huit en lice dans le Prix Six Perfections (Gr3). Dont quatre françaises. Angeal (Wootton Bassett) est invaincue en deux sorties, et en dernier lieu – dans le Prix Amber Rama (Classe 2) –, elle a battu deux concurrents qui sont devenus black types lors de leur sortie suivante (Stupido et Imparable) ! Christopher Head a actuellement 55 sujets de 2ans à l’entraînement. Il en a couru 12 et six ont déjà gagné. Le jeune Cantilien a donc des éléments de comparaison valables « à la maison », surtout lorsque l’on sait qu’il peut compter sur plusieurs éléments de classe pour établir des lignes le matin (Madero, Houquetot (K), La Guapisima) …
La ligne du Prix La Belle II
En débutant dans le Prix La Belle II, Angeal a battu Relaxx (City Light), une pouliche entraînée par les Lerner père et fils – autre maison en pleine réussite – qui a survolé son maiden à Chantilly ensuite. Relaxx est en lice dans le Six Perfections ! C’est aussi le cas de la quatrième du Prix La Belle II, Bravo Bay (New Bay). L’élève et représentante de Rashit Shaykhutdinov a ensuite ouvert son palmarès de haute lutte lors de sa deuxième sortie, et Gianluca Bietolini nous a dit : « C’est une pouliche très sympa. Avec un peu de chance, elle aurait dû gagner lors de ses débuts. La ligne de cette course a confirmé et Bravo Bay a progressé de manière régulière. Il n’est pas simple de la juger par rapport aux anglaises qui feront le déplacement. Mais je pense qu’elle sera compétitive face aux françaises. Elle peut encore une fois nous faire plaisir… »
Pour créer la surprise
Passer des réclamers aux Groupes n’a rien d’improbable chez les 2ans et Pauline Chehboub nous a confié (au nom de Gousserie Racing), au sujet de Miss Lacouma (Calyx) : « La pouliche a tout à fait le droit d’être au départ du Prix Six Perfections. Nous l’avons achetée à réclamer à Dax, où elle s’était vraiment promenée, puis elle a bien gagné son maiden à Vichy. Elle est restée très bien. En débutant, elle avait fini à une demi-longueur de Secret Wood, qui a fini devant Daylight dans le Prix du Bois. C’est sur cette ligne que nous avons mis un bulletin. »
Trois anglaises en quête de black type
Quatre pouliches britanniques sont engagées mais Ollie Sangster nous a confié que Celestial Orbit (No Nay Never) n’effectuerait pas le déplacement. Sur le papier, la meilleure des trois restantes est Royalty Bay (Kodiac), qui vient de gagner son maiden de trois longueurs à York après avoir terminé sixième des Albany Stakes (Gr3). Love Talk (Ten Sovereigns) reste sur une quatrième place dans le Prix du Bois (Gr3). Biniorella Bay (New Bay) vient de gagner avec autorité pour sa deuxième sortie, à Newmarket, et son entraîneur, Tom Clover, nous a confié : « Nous sommes là pour essayer de prendre du caractère gras. C’est la raison pour laquelle nous faisons le déplacement en France où la tâche est plus aisée dans cette catégorie. Plus le terrain sera rapide, mieux cela sera pour elle. Mais du bon-souple ne la dérangera pas. Et nous devrions avoir Christophe Soumillon, ce qui est toujours un avantage. »
Psyché : Une belle opportunité pour Rose Jaipur
Si le handicapeur a vu juste, Rose Jaipur (Doctor Dino) doit gagner le Prix de Psyché (Gr3) car c’est elle qui détient le meilleur rating ! Avant de courir le Prix Eugène Adam (Gr2), elle a remporté le Prix Mélisande (L) en battant (entre autres) Almara (Almanzor) qui est elle aussi en lice dimanche à Deauville. Face à elles, André Fabre a engagé deux pouliches aux profils différents dans cette épreuve visiblement très ouverte. Rock n’ Swing (Camelot) a couru sans succès deux classiques. Elle redescend de catégorie, ce qui n’est pas forcément bon signe. À l’inverse, Al Kamlah (Shalaa) saute trois marches en passant d’une deuxième place dans une Classe 2 à un Gr3… ce qui est bon signe ! Fabrice Chappet présente Bubble Gum (Cloth of Stars) qui reste sur sa bonne tentative dans le Diane (6e).
En 2024, Ralph Beckett a la forme – 16 % de gagnants par partant et deux Grs1 avec les pouliches –, c’est donc le moment pour venir chercher du black type sur le continent. Classical Song (Lope de Vega), quatrième de Gr1 à 2ans, s’est classée troisième des Musidora Stakes (Gr3) pour sa rentrée. À ce jour, la ligne n’a fait que décevoir. Comme prévu, Joseph O’Brien a laissé Uluru (Zoffany). Placée de gros handicap à Royal Ascot, elle est en phase ascendante et ses bons travaux incitent son entourage à tenter l’aventure.
UN POINT SUR LA PISTE
À quelques jours du lancement du meeting de Deauville, Guillaume Flavigny, responsable de l’hippodrome et du centre d’entraînement de Deauville-La Touques, nous a confié : « Mercredi matin à 10 h, la piste était mesurée à 3,5 après 4,2 mm de pluie dans la nuit et un arrosage lundi soir. Lorsque l’on consulte différentes prévisions météorologiques pour les jours à venir, cela change en permanence et plusieurs scénarios contradictoires se dessinent : 1,5 mm dans la nuit de jeudi à vendredi, ou pas d’eau du tout jusqu’à dimanche, ou 12 mm dans la nuit de vendredi à samedi. S’il pleut un peu entre jeudi et vendredi, cela n’a rien de grave. Cette eau va permettre de maintenir un peu d’humidité en surface et on pourrait avoir un terrain compris entre « bon » et « bon souple » pour dimanche. Si on prend le cas des 12 mm de précipitation – ce qui serait assez exceptionnel –, alors il y a la possibilité d’avoir du souple. S’il n’y a pas de pluie, nous arroserons pour éviter d’avoir un terrain trop ferme. » Après deux débuts de meeting difficiles à gérer – énormément d’eau en 2023 et la sécheresse en 2022 –, l’édition 2024 s’annonce dans des conditions plus « normales » car le climat a été moins extrême à Deauville : « La seule chose, cette année, c’est que les températures relativement peu élevées n’ont pas forcément stimulé la pousse du gazon. Mais nous avons eu des pluies de manière régulière, ce qui favorise l’homogénéité de la piste. Sur ce point, la piste de Deauville est d’une homogénéité que l’on a rarement vue. C’est très important. À ce stade, nous sommes assez satisfaits de ce que nous devrions pouvoir proposer dimanche. L’espoir est d’avoir quelque chose de comparable à la piste du Prix Jean Prat, où nous avions eu de bons retours [bon souple, mesurée à 3,3, ndlr]. Nous avons travaillé pour essayer d’obtenir quelque chose de comparable. » En espérant que la météo ne complique pas la tâche des équipes de Deauville…