Retour GP Chantilly C4

Un nez. C’est ce qu’est parvenu à préserver Junko (Intello) face à Marquisat (Zarak) dans le Grand Prix de Chantilly (Gr2). Les deux pensionnaires d’André Fabre s’étaient déjà affrontés en compétition. C’était l’an dernier, dans le Prix du Conseil de Paris (Gr2). Ils avaient laissé la victoire à Irésine (Manduro), mais en terrain bon souple. Marquisat avait terminé deuxième, trois quarts de longueur devant Junko. Après cette rencontre, les deux chevaux ont pris des trajectoires diamétralement opposées. Junko a voyagé : un Gr1 en Allemagne, un autre à Sha Tin (le Hong Kong Vase), avant d’être préparé pour Dubaï où, dans la Sheema Classic (Gr1), il est tombé sur un lot assez exceptionnel. Marquisat, d’un an son cadet, n’a pas (encore) son palmarès, et n’a pas (encore) voyagé.

L’anglais Al Qareem (Awtaad) a mené benoîtement, alors que Junko, très placide au rond avant de se mettre en eau derrière les boîtes, sans pour autant perdre son calme, suivait en deuxième position, à flanc de peloton. Maxime Guyon a voulu faire parler la grande action de son partenaire et lui a demandé de commencer à s’étendre à 400m du but. Junko a alors pris les commandes, mais il restait du chemin à faire, surtout quand on n’a pas couru depuis deux mois. Marquisat, qui l’a toujours eu en ligne de mire, l’a attaqué. Il est venu à sa hauteur à 50m du poteau, mais Junko avait son courage et le balancier pour lui… La troisième place revient à Dubai Honour (Pride of Dubai) – encore un hongre ! Goliath (Adlerflug), qui a voyagé en dernière position, a fait un bout dans la ligne droite. Pas suffisant pour accrocher mieux que la quatrième place…

Pierre-Yves Bureau, en présence d’Alain et Gérard Wertheimer, était soulagé de retrouver « son » cheval à son bon niveau : « Junko et Marquisat sont deux bons chevaux, et ils se sont livré une belle lutte… C’est bien de revoir Junko à ce niveau. À Dubaï, cela avait été un peu dur pour lui. Le niveau de la course était particulièrement relevé, et les chevaux étrangers sont arrivés ultra-préparés. Junko, lui, a dû décompresser après Hongkong, et peut-être que la course est arrivée un peu vite. Logiquement, il va désormais aller sur le Grand Prix de Saint-Cloud. »

Marquisat a justifié sa supplémentation et ce poulain encore tout neuf (il a couru une fois en fin d’année de 2ans, et trois fois l’an dernier) pourrait poursuivre une carrière « à la Junko ». Louise Bénard, représentante de Godolphin, analyse : « Marquisat court très bien et confirme qu’il avait bien sa place au départ. Il est venu comme un gagnant. Nous avons un cheval à 100 % qui pourra performer dans ce type de courses. Nous le reverrons bientôt, avec si possible le nez devant ! Il avait très bien travaillé en amont. Monsieur Fabre avait jugé opportun de le supplémenter, par rapport à l’opposition, au timing et à ses travaux. »

Grand voyageur (Dubaï, Australie, Hongkong…), Dubai Honour découvrait le tracé de Chantilly, lui qui avait couru deux fois en France, à Longchamp et Deauville. Le pensionnaire de William Haggas restait sur sa septième place dans les Queen Elizabeth II Stakes (Gr1), à Sha Tin. Philip Robinson, racing manager de Mohamed Obaida, se réjouit : « Il aime les voyages ! Nous sommes ravis car, aujourd’hui, il montre pouvoir tenir les 2.400m, ce qui va nous ouvrir des opportunités, comme le Hong Kong Vase en fin d’année. On l’a vu jusque-là sur 2.000m à Hongkong et ce n’est pas forcément son sport, car cela fonce à l’ouverture des boîtes et il n’a pas cette vitesse de base. Il est bon, il est dur. Nous aviserons avec son entraîneur pour sa prochaine sortie. »

Élevé par ses propriétaires, l’écurie Wertheimer & Frère, Junko est un fils d’Intello (Galileo), stationné au haras de Beaumont, et de l’américaine Lady Zuzu (Dynaformer), troisième des Edgewood Stakes (Gr3, 1.700m) et deuxième des Regret Stakes (Gr3, 1.800m). En 2016, à la vente d’élevage de Fasig-Tipton, la jument avait été acquise 2.350.000 $ pleine de War Front (Danzig) par l’écurie Wertheimer & Frère. Junko est le troisième produit gagnant de sa mère, qui a aussi un 4ans nommé Zuzukel (Frankel), exporté en Irlande et un 2ans par Siyouni (Pivotal) nommé Nitoi, à l’entraînement chez André Fabre. Elle est repartie aux États-Unis, où elle a rencontré Tapit (Pulpit) en 2023.

Son premier produit, Warzuzu (War Front), a gagné le Prix du Mézeray (Maiden) à Deauville et elle fut un espoir classique. Elle est désormais poulinière au haras d’Étreham où elle a été croisée à deux reprises à Persian King (Kingman). Le deuxième, Zileo (Galileo), s’est classé quatrième du Derby du Languedoc (L).

La deuxième mère, Indy Pick (AP Indy), est gagnante aux États-Unis à 2ans et 3ans et a eu des ambitions au niveau Gr1. Outre Lady Zuzu, c’est la mère de l’étalon Optimizer (English Channel), vainqueur de trois Grs3 et deuxième du Woodford Reserve Manhattan Handicap (Gr1, 2.000m) et des Woodford Reserve Turf Classic Stakes (Gr1, 1.800m), entre autres.

Du départ à 1.000m : 1’32’’56

De 1.000m à 600m : 25’’10

De 600m à 400m : 12’’09

De 400m à 200m : 11’’45

De 200m à l’arrivée : 11’’83

Temps total : 2’33’’03