CHAMPS LIBRES
PIERRE-ALAIN CHEREAU : POUR UNE HARMONISATION DES RÈGLES DE CONSERVATION DU COULOIR
Dans cette tribune libre, l’agent de jockeys interroge l’Institution au sujet de la règle du changement de ligne après le départ d’une épreuve.
Le 9 juin à Longchamp, dans le Prix d’Évreux (Handicap classe 3), les commissaires de France Galop ont pris la décision de sanctionner Tony Piccone, en selle sur Cognac, et Anthony Crastus, en selle sur On y Va, d’une interdiction de monter d’une durée d’un jour pour ne pas avoir strictement conservé leur ligne respective.
Sur la vidéo de la course, que vous pouvez consulter sur le site web de France Galop, nous pouvons voir les deux jockeys s’élançant des stalles 10 et 12 conserver leur ligne jusqu’à environ un peu plus de 100m après l’ouverture des stalles avant de vérifier sur leur droite qu’ils ne gêneraient aucun concurrent dans leur progression. Effectivement, aucun concurrent n’a été gêné à la suite de ces deux mouvements. Mais nous pouvons aussi constater que les deux jockeys se sont bien rabattus avant le signal prévu à cet effet, soit le drapeau à damiers.
Voici ce que dit exactement le Code des courses à ce sujet : « Lorsque le départ a été donné, les jockeys doivent conserver leur ligne jusqu’au signal prévu à cet effet, puis veiller à ne pas gêner de concurrent en modifiant leur direction. Tout jockey qui a perturbé le bon déroulement du départ peut être sanctionné par les commissaires de courses d’une amende de 45 € à 800 €, ou d’une interdiction de monter. Tout jockey qui n’a pas gardé sa ligne jusqu’au signal prévu à cet effet peut être sanctionné par les commissaires de courses d’une amende de 10 € à 500 € ou d’une interdiction de monter. »
Était-il alors possible que ce drapeau à damiers soit placé trop loin ? Pour éviter ce genre de sanction, ne faudrait-il pas dans ce cas instaurer une règle plus précise ou une distance unique, suffisamment éloignée des stalles pour permettre aux jockeys de conserver leur ligne le temps de parcourir la distance nécessaire à la sécurité de tous, sans que cela ne « piège » les jockeys, si ce signal est placé à une distance exagérée ?
Au départ de cette course de handicap tout à fait banale, nous ne comprenons pas pourquoi les commissaires ont sanctionné aussi sévèrement Tony Piccone et Anthony Crastus pour s’être rabattus plus tôt que prévu alors que personne n’a été gêné. Ils se sont juste mis dans le peloton en épaisseur : une chose qui se passe dans toutes les courses, tous les jours. Il faudrait que la règle soit plus claire, ce qui n’est pas le cas actuellement. Il faudrait aussi que l’on puisse savoir s’il faut attendre les 200m pour commencer seulement à se rabattre ou, s’il n’y a personne à notre extérieur, commencer à se rabattre un petit peu, notamment avec un numéro complètement en dehors.
Anthony Crastus a fait appel et les commissaires ne sont pas revenus sur leur décision. Ma question est simple : que doivent faire les jockeys dans ce cas ? Que peuvent dire Anthony Crastus et Tony Piccone pour se justifier ? Le travail des commissaires à chaud n’est pas simple mais, avec l’appel, on peut revenir sur une décision. Je pense que c’était l’occasion de le faire. J’ai pu demander l’avis de nombreux entraîneurs et pour eux, ils ne voient aucune faute de la part des deux jockeys. Cette situation est tout simplement incompréhensible à mes yeux.
Enfin, et c’est un autre sujet sur lequel je serais heureux d’avoir l’avis des commissaires, j’ai plusieurs fois noté que, le dimanche, ils sont plus sévères qu’en semaine, ce qui peut être compréhensible avec les belles courses et le public, mais pose un problème quant à la cohérence des sanctions sur une année…