mardi 16 juillet 2024
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Le soleil se lève sur Maisons-Laffitte

Le soleil se lève sur Maisons-Laffitte

« Maisons » n’a jamais cessé de produire d’excellents chevaux. Mais sur le plan structurel et économique, le centre d’entraînement a connu quelques années dans l’ombre du doute. Dimanche, il a été projeté en pleine lumière par la victoire de Look de Vega (K) dans le Qatar Prix du Jockey Club (Gr1), mais au-delà de la dimension sportive, le triomphe du cheval de Carlos et Yann Lerner symbolise surtout le cercle vertueux qui a débuté, dans le courant de l’année 2019, avec les premiers travaux de restructuration du centre. D’un site coûteux et en perte de vitesse, Maisons-Laffitte est devenu un lieu attractif où les projets foisonnent, grâce à un travail collaboratif entre les usagers du centre et France Galop. Édouard Boutolleau, en charge de Maisons-Laffitte au sein de la société-mère, a vécu cette transformation aux premières loges…

Édouard Boutolleau est arrivé à Maisons-Laffitte début 2018 : « Quand j’ai été nommé pour m’occuper de Maisons-Laffitte, le site était dimensionné pour l’accueil de 2.000 à 2.500 chevaux. Or, au plus bas de son activité, Maisons a chuté à 380 chevaux. Le centre coûtait extrêmement cher à France Galop sans que, pour autant, les installations ne donnent pleinement satisfaction aux entraîneurs. Il était évident qu’il fallait agir pour redonner de l’attractivité à Maisons-Laffitte, tout en rationalisant les coûts. Ce travail de restructuration, nous n’aurions pas pu le faire sans une collaboration étroite avec les professionnels. » À l’époque, les entraîneurs mansonniens choisissent cinq représentants – Pascal Adda, Gianluca Bietolini, Patricia Butel, Didier Prod’homme et Yann Lerner – pour porter leur voix auprès de France Galop. De nombreuses réunions de travail sont organisées : « Dans un premier temps, il a fallu choisir les pistes que l’on allait garder, et celles dont il était nécessaire de se passer, pour retrouver un dimensionnement qui corresponde au nombre de chevaux entraînés sur place. Une fois ces choix arrêtés, un état des lieux des travaux à réaliser pour améliorer la qualité du site a été effectué. Encore une fois, j’insiste sur la collaboration avec les entraîneurs : ce sont eux qui ont la connaissance de l’entraînement du cheval et de la nature des pistes. Nous, nous sommes là pour leur fournir le meilleur outil possible. » L’étroite collaboration entre les équipes de France Galop et les entraîneurs du site est toujours d’actualité, comme l’a rappelé Yann Lerner lors de la conférence de presse post-Jockey Club.

Par Adeline Gombaud

ag@jourdegalop.com

Arrosage, drainage… Une réfection complète !

De plus de 100 ha, le centre d’entraînement est alors regroupé sur 55 ha. « Les travaux ont duré six mois, de septembre 2019 à mars 2020, pour un budget de 1,5 M€. Le système d’arrosage des pistes de Lamballe a été refait, le drainage des pistes de Laffitte et Poniatowski a été complètement rénové, ce qui permet d’avoir des pistes praticables même en cas de fortes pluies, des trottings ont vu le jour, la P.S.F. de Fromainville a été totalement refaite, ainsi que les obstacles disponibles sur le gazon… » Toutes les méthodes d’entretien du site, notamment le hersage, ont été repensées, alors que certaines pistes ont vu leur largeur diminuer de moitié, passant de 10 à 5m, là aussi dans un souci de rationalisation économique.

Fidéliser et recruter

Avant d’attirer de nouveaux professionnels, Maisons-Laffitte s’est d’abord attaché à garder ses figures historiques. C’est ainsi que France Galop a proposé à ses locataires (entraîneurs occupants) de lui acheter les cours : « Pour les entraîneurs locataires depuis de nombreuses années, accéder à la propriété était un argument pour pérenniser leur activité sur le site. Et pour la société-mère, cela a permis des rentrées d’argent. Mais France Galop a souhaité conserver 350 boxes, que nous louons à des entraîneurs qui n’ont pas envie ou pas encore la possibilité d’acheter. Enfin, comme vous le savez, nous avons vendu des parcelles ces dernières années. C’est le cas, notamment, des terrains vendus à la ville, qu’elle a ensuite viabilisés et vendus à des entraîneurs, comme Sylvain Dehez, mais aussi du rond Saint-Hélène, qui va accueillir le centre de rééducation pour chevaux de M. Hinderze. »

Les efforts payent

Le centre accueille désormais approximativement 540 chevaux ; des entraîneurs ont fait le choix de s’y installer (Lucie Pontoir, Forian Guyader, Jérémy Da Silva… ) ; d’autres manifestent leur intérêt. Les pistes attirent des chevaux d’autres centres : il n’est pas rare que David Cottin ou Marcel Rolland y emmènent leurs sauteurs en vue d’échéances d’importance… Et d’autres projets pointent le bout de leur nez : « Outre le centre de rééducation et la clinique vétérinaire qui vont constituer des facteurs d’attractivité majeurs, un projet de centre de rééducation pour les jockeys est également à l’étude. Si l’hippodrome venait à accueillir plusieurs courses, c’est un vrai écosystème autour du cheval qui se serait construit, et Maisons-Laffitte pourrait revendiquer de nouveau son titre de cité du cheval ! »

Les différents espaces du site

• Fromainville

Cet espace réunit des pistes rondes en gazon pour la préparation des chevaux de plat et d’obstacle. Pour le plat, trois parcours circulaires en gazon de 2.100m, 2.200m et 2.300m sont à disposition, et peuvent être travaillés corde à gauche ou à droite. Pour l’obstacle, Fromainville intègre des pistes en gazon de 1.600m (corde à droite) et de 1.700 m (corde à gauche), ponctuées de haies aux dimensions identiques à celles d’Auteuil (1,10m de hauteur). S’ajoute un troisième parcours en « U », doté d’obstacles d’entraînement au steeple-chase, avec la possibilité de finir par une ligne droite également en gazon. Enfin, une piste en sable fibrée de 1.500m de long, entièrement rénovée, complète ces équipements. GEll permet de continuer à travailler les chevaux quotidiennement en période de grand froid.

Le rond Adam

C’est un espace dédié à l’entraînement des chevaux d’obstacle sur sable, quel que soit le type de parcours, haies ou steeple-chase.

Le rond Poniatowski

Cet ensemble de pistes en sable sert à travailler les chevaux de plat et d’obstacle sur des parcours plats, corde à gauche ou à droite, afin de les préparer aux différents profils proposés par les hippodromes de galop, toutes disciplines confondues. Cet espace réunit une piste de canter de 1.200m, une piste de galop de chasse de 1.000m et une piste de trotting de 600m.

Les pistes Jacques Laffitte

Ces pistes en sable de 1.800m en ligne ont pour particularité de présenter une légère courbe à gauche qui permet aux chevaux d’apprendre à reprendre leur souffle, et à se rééquilibrer avant les 400 derniers mètres de travail.

Les pistes Lamballe

Ce sont des pistes profondes en sable, en ligne droite, un peu montantes ou descendantes selon le sens d’utilisation, longues de 1.800m. Elles sont utilisées pour les chevaux de plat et d’obstacle.

La déclaration d’amour de Gianluca Bietolini

« Maisons-Laffitte est et reste un centre d’entraînement merveilleux. Nous avons de nombreux avantages ici, par rapport à d’autres centres : des pistes en sable d’une qualité exceptionnelle, des fibrées dernière génération. Les gazons sont excellents.

Suite à la restructuration, je n’ai qu’un seul regret : la perte de la ligne droite gazon de Penthièvre. Il nous manque juste celle-là. Nous avons des lignes droites en sable mais, si nous voulons par exemple travailler sur une ligne droite sélective en gazon, nous devons nous rendre à Chantilly. Au moment de la restructuration et de la perte de Penthièvre, on nous avait dit que nous pourrions travailler sur la ligne droite de l’hippodrome. Or, quelques mois plus tard, on nous annonçait sa fermeture. Penthièvre était un outil que j’ai utilisé pour les préparations de Dicton ou Grand Glory et me manque beaucoup. Pour travailler les 2ans, par exemple, sur une ligne droite sélective sur le gazon, afin de voir où nous en sommes, nous devons donc aller à Chantilly.

Ce regret étant exprimé, Maisons-Laffitte reste un centre exceptionnel. Nous avons presque l’impression d’être sur un centre privé, avec une ambiance très familiale, de l’espace, et les équipes sont à l’écoute. Il y a le centre mais aussi tout l’environnement. Les chevaux marchent dans le parc, dans les contre-allées. Ils y voient des voitures, des vélos, des trottinettes et tout cela a une certaine importance. Cela les désensibilise, les chevaux entraînés à Maisons-Laffitte sont calmes. Les chevaux de sport sont aussi présents. Eux n’ont pas accès au centre d’entraînement, ils profitent des balades et des carrières à côté de l’hippodrome pour le travail. Nous nous croisons sans être vraiment liés, nous n’avons pas les mêmes horaires de travail mais, parfois, nous pouvons créer de belles synergies. Ainsi, je peux avoir des chevaux qui vont galoper le matin sur le centre et, l’après-midi, ils peuvent sortir en promenade, derrière les chevaux de concours. Maisons-Laffitte mérite une belle reconnaissance et ses succès. La victoire de Look de Vega dans le Jockey Club nous a fait très plaisir. »

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