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jeudi 26 décembre 2024

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Les Kelce lancent une bombe dans le peloton

Les Kelce lancent une bombe dans le peloton

Par Emmanuel Roussel

Éditorialiste invité

Jason et Travis Kelce comptent parmi les plus célèbres joueurs de football américain de notre époque. Ils animent un podcast hebdomadaire, « New Heights » (2,4 millions d’abonnés sur Youtube), dont une récente édition a mis le monde des courses US en émoi.

Travis, boyfriend de la méga star Taylor Swift et joueur clé des Kansas Chiefs (trois Super Bowls en cinq ans), y évoque avec son frangin barbu sa première visite à Churchill Downs à l’occasion du Kentucky Derby. Édition dont il est revenu enthousiaste.

Moins policé que Travis, Jason se moque du costume de gangster qu’il s’est fait faire pour l’occasion, puis se souvient avoir lui aussi, étudiant, assisté à l’événement, mais à la pelouse, l’infield – sans avoir vu un seul cheval de l’après-midi ! En revanche, il n’a pas oublié ses libations matinales, ni le combat qui avait eu lieu dans la boue en ce jour de Derby pluvieux… avant de conclure malicieusement : « Travis, je te donne rendez-vous l’année prochaine, mais cette fois, on ira tous les deux à la pelouse après le carré VIP, et on ira en costard ! Tu ne seras pas déçu ! »

S comme Secretariat et stéroïdes

Jusque-là, tout le monde rit. Et les courses se frottent les mains d’avoir trouvé deux ambassadeurs aussi populaires qu’inattendus. Puis c’est le drame : au débotté, Jason relève que cinquante ans après la fin de sa carrière, Secretariat détient toujours le record de vitesse de toutes les courses de la Triple couronne : « … Et pour cause, il était gavé de stéroïdes ! Dans les années 1970, tous les joueurs de NFL [football américain, ndlr] et de baseball étaient gavés de stéroïdes ! Secretariat n’était pas aussi contrôlé que l’a été Mystik Dan cette année ! »

La twittosphère s’enflamme immédiatement. Big Red [le surnom de Secretariat, ndlr] est un mythe aux États-Unis. Une icône à laquelle il est interdit de toucher. Il a même fait l’objet d’un film de Disney [qui est peut-être le meilleur film sur les courses, ndlr]. De plus, la droiture de son éleveur-propriétaire, la charismatique Penny Cheney, est quasiment proverbiale là-bas. Alors des armées de fans se lèvent comme un seul jockey au son de la trompe pour défendre leur équine idole et la blanche Penny.

D comme défense et déni

L’émotion est telle que le géant Jason, touché, s’excuse peu après d’avoir porté cette accusation. Son post sera vu 2,6 millions de fois. Il défend tout de même son point de vue à l’aide d’arguments circonstanciés, mais évidemment sans pouvoir apporter de preuve. Et ses opposants, toujours indignés, en particulier les journalistes hippiques locaux, le couvrent de noms d’oiseaux.

L’anecdote expose l’attitude que les fans et les horsemen adoptent face aux agressions extérieures. Telle une oie blanche marchant vers la cuisine de Jupiter, la communauté est systématiquement sur la défensive, voire dans le déni. Or que dit Jason Kelce ? En substance : que les records du passé sont sans doute faussés par les pratiques de l’époque ; que c’était le cas dans tous les sports ; et que les courses actuelles sont assurément plus propres que celles d’hier.

A comme adulation et apathie

Le problème vient plutôt du fait qu’il le dise à 2 millions de personnes qui n’en ont pas grand-chose à faire de Secretariat et de l’hippisme. En somme, il valide notre éthique auprès d’un public nouveau qui doute, bien souvent, de la probité de notre milieu, qu’on le veuille ou non. Certes, il écorche au passage une icône des courses et c’est dommage, mais l’essentiel n’est pas là. Si nous devons sortir de notre monde pour élargir notre audience, alors nous devons quitter la tranchée armés et résolus. L’activité que nous chérissons est passée de l’adulation des foules à une globale indifférence ; et ce passage s’est fait sans effort, sans douleur. Le chemin inverse sera, en revanche, long et pénible. Et tant qu’à faire, je préfère le parcourir avec deux gros balourds du foot US qui vont me charrier pendant le voyage qu’avec des ayatollahs qui me voileront la face.

Pour écouter le podcast, c’est ici (à partir de 28’45’’) : https://youtu.be/4gENiwnyvb8?si=eJ3sJ4CJsTRXfjdo

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