FAUT-IL REPRODUIRE UN CROISEMENT QUI A FONCTIONNÉ ?
C’est une question que chaque éleveur se pose. Doit-on reproduire un croisement qui a déjà réussi, ou après avoir obtenu le meilleur produit d’une jument, faut-il au contraire changer d’étalon ? À chacun ses croyances : les éleveurs des gagnants classiques 2024 en France adoptent par exemple des stratégies différentes. Mais les chiffres d’une étude américaine de grande envergure donnent un avantage significatif à la première, celle de la « fidélité »…
Par Adrien Cugnasse
ac@jourdegalop.com
La mère de la gagnante du Prix de Diane (Gr1) Sparkling Plenty (K) n’a eu que trois produits à ce jour en France et les trois sont par Kingman (Invincible Spirit). On ne va pas trois fois à un étalon aussi cher par facilité ou par hasard. Après quelques décennies d’élevage, on peut se dire que Jean-Pierre Dubois doit avoir une petite idée sur la question. La mère de son Love You (Coktail Jet) a donné huit produits par Coktail Jet (Quouky Williams). Ce dernier étant un élève de la famille Dubois, on peut se dire que l’exemple est un peu biaisé. Prenons donc un étalon qui n’a aucun lien avec Jean-Pierre Dubois et les siens. Stacelita (Monsun) a remporté le Prix de Diane (Gr1) en 2009. Sa mère est rapidement retournée à Monsun (Königsstuhl) alors en fin de carrière (il est mort en septembre 2012). Toujours chez Jean-Pierre Dubois, la mère de Purplepay (Zarak) est assez rapidement retournée à Zarak (Dubawi) après les bonnes performances de sa fille. De même, son fils, Jean-Philippe Dubois, a brillé mercredi à Royal Ascot avec Highbury (Galileo), deuxième du Queen’s Vase (Gr2). La mère, High Celebrity (K) (Invincible Spirit) est allée (au moins) cinq fois à Galileo (Sadler’s Wells).
Il y a deux écoles
Beaucoup d’éleveurs ont eu un jour ou l’autre dans leur effectif une jument qui avait déjà donné un cheval black type (voire plus). La question qui se pose alors, c’est de savoir si on retourne au père de ce bon cheval ou si on tente autre chose. Et là , il y a clairement deux écoles. Ceux qui y retournent. Et ceux qui n’y retournent pas.Â
Parfois, le choix s’impose de lui-même. Si le bon gagnant de la jument était par un étalon improbable, alors on est bien sûr plutôt enclin à monter en gamme. Il y a aussi le cas des juments peu fertiles ou des étalons morts. Ou encore celui de Tesio dont certaines juments – en temps de guerre – étaient plus ou moins forcées de rester à la maison. L’autre grand éleveur de cette époque, Edward Stanley (17e comte de Derby), aimait à dire que si on croyait à un croisement, il fallait le répéter plusieurs fois de suite.Â
Il est intéressant de regarder le cas des lauréats classiques de l’année en France. Joëlle Mestrallet, coéleveur de Look de Vega (K) (Lope de Vega), a déclaré que la jument ne retournerait probablement pas à Lope de Vega car il est difficile de reproduire deux fois la même réussite. Stuart Mcphee voulait renvoyer la mère de Metropolitan (Zarak) à l’étoile montante des Aga Khan Studs. Faute de moyens, il est allé à son voisin de box, Erevann (Dubawi), pour retrouver le sang de Dubawi (Dubai Millennium). Mais rien n’exclut que la jument, désormais mère d’un black type, retourne à Zarak à l’avenir. Rouhiya (Lope de Vega) est devenue black type tard dans la saison de monte – le 12 mai – et sa mère était déjà promise à Siyouni (Pivotal). Il sera intéressant de voir quel étalon lui est attribué en 2025 et en particulier s’il s’agit de Lope de Vega (Shamardal). Cependant, si l’on regarde les mères des récents bons performers des Aga Khan Studs (Vadeni, Zarak, Tahiyra, Siyarafina…) on voit qu’elles n’ont qu’assez rarement retrouvé le père de leur meilleur produit après la réussite de ce dernier en piste.Â
Coolmore et Juddmonte, l’éloge de la fidélité
Du côté du leader irlandais, il est assez évident que lorsqu’une jument a bien produit avec Galileo (Sadler’s W
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