Longchamp, dimanche
Emirates Poule d’Essai des Poulains (Gr1)
Metropolitan et les amoureux de la France
1er METROPOLITAN
2e DANCING GEMINI
3e ALCANTOR (K)
On aura rarement vu des conditions aussi différentes en l’espace d’une heure entre les deux Poules d’Essai… Le ciel, menaçant, a tenu bon pour celle des pouliches mais les violentes bourrasques de vent, au retour des concurrentes dans le rond, ne présageaient rien de bon… Et c’est peu dire car on ne s’attendait pas à un tel déluge ! Les cieux se sont déchaînés et 22mm de pluie se sont abattus sur Longchamp en moins de trente minutes, la course a été – logiquement – retardée, attendant que l’orage passe – au sens propre du terme ! Les jockeys et les équipes de Longchamp sont allés marcher la piste… Et le feu vert a été donné pour un départ à 17 h 05 pour l’Emirates Poules d’Essai des Poulains (Gr1), sur une piste mesurée à 3,5 (3,2 en début de journée). Metropolitan (Zarak) a été le plus fort dimanche, offrant un premier Gr1 classique à Mario Baratti, un Italien qui pensait s’installer à Newmarket, et un premier Gr1 européen aux couleurs de Peter Bradley, l’Américain qui aime tant la France !
Un as gagnant
« L’as dans les stalles était un cadeau venu du ciel ! », nous a dit Mario Baratti, entraîneur de Metropolitan. Un cadeau qui peut être empoisonné car il ne faut pas louper le départ, comme ce fut le cas dans le Prix de Fontainebleau (Gr3) où le poulain s’était un peu cabré à l’ouverture des stalles. Pas de souci dimanche… Metropolitan est bien parti et Alexis Pouchin a pu avoir le parcours parfait, sans faire un mètre de trop, le long du rail et dans le sillage de l’animateur, Orne (Acclamation). Il fallait que cela s’ouvre… Mais pas de panique, l’open stretch était bel et bien en place. Metropolitan a pu plonger à l’intérieur d’Orne, qui a fini par craquer, et il a mis son cÅ“ur sur la piste pour s’imposer d’une demi-longueur devant Dancing Gemini (Camelot), vu au milieu du « paquet » et qui a trouvé l’ouverture quand les deux poulains vus devant lui, Ramadan (Le Havre) et Diego Velasquez (Frankel) sont légèrement partis, le premier sur la droite, le second sur la gauche, créant un bien joli passage. Metropolitan a fini vite pour prendre une courte encolure à Alcantor (K) (New Bay), vu à l’extérieur de l’animateur. Diego Velasquez est quatrième à une encolure et Ramadan, passé assez tôt à l’attaque, est cinquième à trois quarts de longueur. Les sept premiers se tiennent en deux longueurs.
Concernant la tempête et l’évolution du terrain, Charles de Cordon, responsable des pistes de Longchamp et de Saint-Cloud, nous a dit lorsque le feu vert a été donné pour la reprise des opérations : « Il est tombé 22mm en moins de trente minutes. La piste a très bien drainé. Nous sommes allés marcher sur la piste avec mon équipe, les jockeys et Thierry Gillet. Pour la Poule d’Essai des Poulains, le terrain est estimé à 3,5 et va s’assouplir au fur et à mesure de la réunion. »
Super Mario !
Mario Baratti décroche son premier Gr1 dans l’Emirates Poule d’Essai des Poulains. Arrivé en 2015 en France, installé entraîneur à Chantilly depuis 2020, il avait décroché son premier Groupe – et premier classique – l’an passé dans les 2.000 Guinées allemandes (Gr2) avec Angers (Seabhac). Il avait prévu de s’installer à Newmarket mais, finalement, c’est la France qu’il a choisie.
La confiance de Mario Baratti
Gianluca Bietolini, Alessandro et Marco Botti – chez lequel Mario Baratti a travaillé… La diaspora italienne des courses est tout de suite venue féliciter chaleureusement le jeune entraîneur, en attendant la remise des trophées. C’est un beau travail que celui réalisé par « Super Mario » avec Metropolitan. Alezan brûlé, Metropolitan est beau, très beau… et bon ! Invaincu en deux sorties à 2ans, il venait de laisser une impression en demi-teinte pour sa rentrée dans le Prix de Fontainebleau (Gr3), même s’il ne finissait pas si mal que cela. Son entourage aurait pu tenter de le rallonger et prendre la route du Qatar Prix du Jockey Club (Gr1) mais ils ont choisi de suivre le plan établi l’an dernier : la Poule d’Essai. Et ils ont eu raison. Mario Baratti nous a dit : « Dans le Fontainebleau, sa performance n’était pas si mauvaise que cela. Nous étions prêts à ne pas gagner ce jour-là ! C’était une vraie rentrée pour le remettre en route. Il avait besoin de courir après un arrêt et avait été monté très sagement. Après, cela ne s’était pas bien goupillé : il n’était pas sorti des stalles et s’est retrouvé loin, mais sa ligne droite était bonne. Et, en regardant la course et son résultat, je me suis dit que nous étions au niveau des autres. Physiquement, il est splendide et il ne fait que progresser mentalement. J’ai toujours cru en lui, la Poule d’Essai était son objectif depuis l’an dernier. Après sa victoire à Chantilly dans le Prix des Aigles, nous pensions le courir à Saint-Cloud, mais il avait fait très chaud ce jour-là et nous avions fait l’impasse en pensant à 2024. J’avais gagné les 2.000 Guinées en Allemagne… En France, c’est une tout autre saveur ! J’ai une très bonne équipe, de très bons employés, passionnés. C’est un vrai travail de fond qui a été réalisé par tout le monde. »
Les leçons de Maître Pascal
Metropolitan est engagé dans le Qatar Prix du Jockey Club (Gr1) mais son entourage pourrait se laisser tenter par une supplémentation dans les St James’s Palace Stakes à Royal Ascot. Mario Baratti nous a dit : « Après sa rentrée, on m’a suggéré de le rallonger. Mais j’étais persuadé qu’il avait tous les atouts pour être un très bon miler, ne serait-ce que physiquement… Concernant la suite, je suis certain qu’il pourrait tenir et aller sur un peu plus long dans le Jockey Club, mais Pascal Bary m’a dit que lorsqu’on a un élément performant sur le mile, il ne faut pas le rallonger ! Nous n’excluons donc pas Royal Ascot et les St James’s Palace Stakes, même si nous ne l’avons pas engagé. Après sa rentrée, cela paraissait présomptueux. » Pascal Bary, les larmes aux yeux, est allé féliciter son « élève » dans le couloir reliant la piste au rond.
Le premier classique d’Alexis Pouchin
Metropolitan offre par ailleurs une première victoire classique à Alexis Pouchin, lequel a laissé exploser sa joie au passage du poteau et a été porté en triomphe par tout l’entourage de Metropolitan une fois descendu de cheval. Il a commenté au micro d’Equidia : « J’étais confiant avant la course. Nous lui avons donné une rentrée sage et le cheval nous l’a rendu aujourd’hui. Il est très facile. Il sort bien des boîtes et j’ai pu bien le positionner. Ensuite, je suis venu dans l’open-stretch. C’est ma première victoire classique, c’est un rêve ! »
L’Américain qui aimait tant la France
En descendant du podium, nous sommes allés voir Peter Bradley dont le sourire éclatait jusqu’aux oreilles. nous précise-t-il, sortant son téléphone et lisant ses notes :
Un premier Gr1 en France
Les couleurs de Peter Bradley décrochent leur premier Gr1 en France avec Metropolitan. L’Américain est rentré dans l’aventure en achetant 54 % du poulain auprès de la Scuderia Scolari (Hrand et Monique Aldjian) après sa victoire, en débutant, dans le Prix de Montaigu (Inédits) à Deauville. Le propriétaire est sous le charme : « Alexis Pouchin lui a donné une monte parfaite, c’est ce que nous espérions comme parcours… Et ce n’est jamais si facile que cela à réaliser ! Il faut que tout se passe bien… Il est peut-être venu un peu tôt dans la ligne droite mais, quand les autres sont venus, le poulain a tout donné, allant chercher tout au fond de lui pour s’imposer. Physiquement, il est absolument magnifique ! »
Peter Bradley a eu un autre produit de Zarak sous ses couleurs. Une pouliche nommée La Parisienne avec laquelle les émotions ont été autres ! Il y a eu cette lutte dans le Prix de Diane, où elle s’est inclinée d’une courte encolure face à Nashwa (Frankel)… Puis l’élimination, quelques mois plus tard, dans le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1) par le jeu des ratings… Peter Bradley est philosophe : « Ce sont les courses, il y a les grandes joies et les moments plus difficiles ! La Parisienne était très puissante et longue. C’est en course qu’elle était la plus belle. Metropolitan, lui, est un top-modèle. »
Le plus beau pays du monde
Peter Bradley est, peut-être l’un des meilleurs ambassadeurs des courses françaises, qu’il aime passionnément. « Cela fait trente ans que j’achète des chevaux en France à Arqana. Je les ai fait courir aux États-Unis et, il y a quelques années, j’ai souhaité en laisser en France. C’est mon but, avoir deux ou trois chevaux chaque année dans votre pays. Actuellement, j’ai Metropolitan chez Mario ainsi qu’une Justify chez Carlos et Yann Lerner. Pourquoi avoir des chevaux en France ? Parce que personne ne fait les courses comme chez vous ! »
Sur le choix de ses entraîneurs, il nous explique : « J’aime les hommes de chevaux. D’ailleurs, à l’époque aux États-Unis, j’avais fait confiance à un jeune entraîneur qui avait été l’assistant de Bobby Frankel et c’est avec un de mes chevaux qu’il avait remporté son premier Groupe sur le gazon. » Son nom ? Chad Brown.
Dans le clan des placés
Roger Teal entre joie et déception
Roger Teal est passé tout proche de son premier classique avec Dancing Gemini (Camelot). Son entourage a dû y croire jusqu’au bout. L’élève et représentant de Fishdance Ltd a tracé une magnifique ligne droite, échouant seulement à une demi-longueur de Metropolitan. Le poulain avait couru cinq fois à 2ans et avait achevé sa saison sur une cinquième place dans le Futurity Trophy (Gr1) à Doncaster. Il effectuait sa rentrée, tout comme d’autres poulains au départ. Roger Teal était partagé après être passé si proche de l’exploit : « C’est formidable mais aussi cruel à la fois. Aujourd’hui, il nous rend très fier. On a vu le cheval que nous avons toujours pensé avoir. Sur le papier, il est né pour gagner un Derby. Epsom comme Chantilly sont des options. Son changement de vitesse est formidable. Nous allons revenir à la maison et y réfléchir calmement. Nous avons un « tout bon » en devenir. Il n’a qu’une mauvaise performance et c’était dans un terrain très souple et il était encore en croissance. Il a pris de la force et retrouvé son meilleur niveau. Trouver ce type de chevaux est difficile mais les garder est encore plus dur. À nous de lui trouver les bonnes courses. »
Alcantor (K) rassure
Après une rentrée décevante – sixième des Craven Stakes (Gr3) à Newmarket –, Alcantor (K) (New Bay) ne se présentait pas parmi les favoris de la Poule d’Essai des Poulains. D’autant plus que le représentant d’Édouard de Rothschild devait composer avec un numéro difficile en dehors, le 13. Mais il a livré une grande performance et a rassuré tout son entourage. Muni pour la première fois d’un bonnet, Alcantor est allé sur la ligne de tête et a été courageux dans la ligne droite pour conserver la troisième place. Heureux, son propriétaire nous a dit : « Nous avons retrouvé Alcantor ! Nous avions le 13 dans les stalles de départ et malgré cela, il a eu un très bon parcours et il était détendu. C’est une belle préparation pour le Jockey Club. Nous sommes ravis. »
Diego Velazquez vers les 2.400m
On attendait plutôt Henry Longfellow (Dubawi) du côté des Ballydoyle… Le fils de Minding (Galileo) n’a pu faire mieux que huitième après avoir été loin dans le parcours. Il faut le revoir. En revanche, nous avions un peu mis de côté Diego Velazquez (Frankel), acheté 2,4 millions de Gns yearling par Coolmore, Westerberg et Peter Brant. Il a créé une petite surprise en se classant quatrième, d’autant plus qu’il a eu un parcours difficile en épaisseur avec Christophe Soumillon. Mais, à 2ans, son entraîneur n’avait pas caché son estime pour le poulain qui avait gagné les Champions Juvenile Stakes (Gr2) pour sa deuxième sortie avant de s’enliser dans les Futurity Trophy Stakes (Gr1). Aidan O’Brien nous a confié : « Mes deux chevaux ont bien couru mais la course a manqué de rythme. Je suis content de leur performance et nous regardons vers l’avenir désormais. Le terrain souple, tout au long du printemps, n’a pas aidé. Je pense que Diego Velazquez tient au moins 2.400m. » Il est le frère de Broome (Australia) et Point Lonsdale (Australia), qui ne manquent pas de tenue.
Ramadan donne rendez-vous dans le Jockey Club
De son côté, Christopher Head s’est dit satisfait de la performance de Ramadan (Le Havre), qui devrait à présent prendre la direction du Prix du Jockey Club (Gr1), le plan prévu de longue date. L’élève et représentant de Nurlan Bizakov n’a pas d’excuses concernant le terrain mais a lui aussi eu un parcours difficile en épaisseur, avec Diego Velazquez sur son porte-bagages. L’entraîneur a déclaré : « Ramadan a eu un parcours assez difficile, à l’extérieur. Il n’est pas disgracié par ce résultat. Nous allons continuer sur le programme prévu avec lui, qui est d’aller désormais sur le Prix du Jockey Club (Gr1). Nous sommes là pour gagner, alors il y a un peu de déception. »
Le premier classique de Zarak
Metropolitan, né et élevé au haras de Clairefontaine par Stuart McPhee, a été acheté 78.000 € à la vente d’octobre. Il était présenté par le haras de Clairefontaine, par Alessandro Marconi. Il est le premier classique et le troisième lauréat de Gr1 en trois générations de 3ans et plus de son père, Zarak (Dubawi), qui officiait à l’époque à 12.000 €. Son tarif est monté à 25.000 € en 2022 et, cette saison, il est proposé à 60.000 €. Son score est de 16 gagnants de Groupe et ses yearlings ont affiché un prix moyen de 76.376 € pour 40 vendus l’an dernier. Sa génération 2022 compte sur 80 juniors, dont 26 déjà enregistrés à l’entraînement en France.
La mère a coûté 800 Gns !
La mère, Alianza (Halling), inédite, a été achetée pour 800 Gns (977 €) par Stuart McPhee à Tattersalls February où elle était offerte comme 3ans sortie d’entraînement par Darley. Elle a donné un autre gagnant, Mistercharlie (Myboycharlie) qui a décroché avec la prime plus de 154.000 € et a remporté quatre courses en six saisons.
La deuxième mère, Cercle d’Amour (Storm Cat), a coûté… 1,7 M$ (1,57 M€) yearling à Keeneland September ! C’était en 2004. Elle n’a pas couru. Elle a produit quatre gagnants dont la placée black type à 2ans Boater (Helmet). Deux gagnantes de Cercle d’Amour ont été bradées pour moins de 5.000 Gns. Cercle d’Amour est une propre sœur de la gagnante du Leopardstown 1.000 Guineas Trial (L) Royal Tigress, ainsi qu’une demi-sœur de Warm Heart (Diesis), qui a gagné les Norfolk Stakes (Gr3) à Royal Ascot et s’est classée deuxième dans le Prix Morny (Gr1).
Alianza a un 2ans par Elarqam (Frankel), acheté 21.000 € à la vente d’octobre et à l’entraînement chez Stéphane Cerulis pour la casaque de Michael Motschmann. La poulinière a un yearling par Romanised (Holy Roman Emperor). Elle a rencontré Goken (Kendargent) en 2023.
LES CHRONOS
TEMPS PARTIELS
Du départ à 1.000m : 38’’10
De 1.000m à 600m : 24’’35
De 600m à 400m : 12’’02
De 400m à 200m : 11’’50
De 200m à l’arrivée : 11’’87
Temps total : 1’37’’84
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Dubai Millennium |
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Dubawi |
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Zomaradah |
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Zarak |
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Zamindar |
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Zarkava |
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Zarkasha |
METROPOLITAN (M3) |
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Diesis |
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Halling |
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Dance Machine |
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Alianza |
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Storm Cat |
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Cercle d’Amour |
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Warm Mood |