mardi 16 juillet 2024
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Frédéric Landon, la grande interview

Frédéric Landon, la grande interview

À quelques heures du week-end du Grand Steeple-Chase de Paris, Frédéric Landon, vice-président de France Galop et président du Conseil de l’obstacle, nous a accordé un long entretien. Enjeux, programme, gouvernance, Auteuil, régions ou encore propriétariat, le nouvel homme fort de l’obstacle français n’a occulté aucun sujet !

Par Guillaume Boutillon et Christopher Galmiche

gb@jourdegalop.com et cg@jourdegalop.com

Jour de Galop. – Vous étiez déjà administrateur de France Galop sous la précédente mandature. Comment définiriez-vous la présidence de Guillaume de Saint-Seine, sachant que vous avez soutenu la candidature de Jacques Détré lors de la dernière campagne ?

Frédéric Landon. – Chaque président a son style. Édouard de Rothschild, avec qui j’ai eu plaisir à travailler, avait le sien. En dehors du style, ce qui me plaît chez Guillaume de Saint-Seine, c’est qu’il assume pleinement sa fonction de président, il « fait le job ». En outre, il met en application les préconisations de la Commission gouvernance dont il était l’un des membres. Il y a, de fait, une véritable gouvernance collective.

C’est-à-dire ?

Ce n’est pas une critique mais un constat : lorsque la commission gouvernance s’était réunie la première fois, j’avais évoqué une « présidence monarchique ». En réalité, elle résultait non pas de la lettre des statuts mais d’une pratique. Guillaume de Saint-Seine consulte toutes les semaines les vice-présidents et nous partageons les sujets en cours de France Galop. Le Conseil d’administration assume pleinement ses prérogatives statutaires, comme en témoigne notamment le choix du directeur général. La nomination d’Élie Hennau est une décision collective. Dans le passé, la désignation du directeur général procédait de l’imperium du président. Pour finir, effectivement, je n’ai pas soutenu la candidature de Guillaume de Saint-Seine, bien qu’il fût un candidat de qualité, ce qu’il démontre depuis sa prise de fonction, mais cela se passe remarquablement bien entre nous. Je ne peux que me réjouir d’avoir accepté sa proposition d’être vice-président, plus particulièrement en charge de l’obstacle. Et puis, afin d’être clair, le temps de l’élection est achevé. Nous sommes dans le temps de l’action qui impose que toutes les composantes de l’Institution s’unissent, et ce au nom de l’intérêt général.

On connaissait le style « Détré » à la présidence de l’obstacle, mais si nous devions définir le style « Landon », que dirions-nous ?

Que les deux ne sont pas vraiment éloignés [sourire]. C’est peut-être un défaut, mais comme Jacques, je ne pratique pas la langue de bois. Je dis ce que je pense. Pour en revenir à votre question, je suis personnellement contre le pouvoir personnel, c’est pourquoi j’essaie de faire participer le plus grand nombre de personnes sur les sujets à traiter. J’ai souhaité élargir au maximum le Conseil de l’obstacle, en faisant en sorte que toutes les composantes de l’Institution y soient représentées. C’est par exemple la première fois que les sociétés régionales s’y trouvent, à travers la présence des présidents de Pau et de Strasbourg. J’en profite pour souligner le rôle prépondérant des régions dans la discipline de l’obstacle : des hippodromes de qualité animés par des bénévoles dévoués, de très nombreux propriétaires passionnés, des entraîneurs compétents qui ont en charge une très grande majorité des chevaux d’obstacle, des éleveurs dont la renommée dépasse l’Hexagone, des jockeys femmes et hommes aguerris et un public nombreux et fidèle. Enfin, je ne suis que l’animateur et le porte-parole du Conseil de l’obstacle, car les décisions sont tranchées collectivement puis soumises à l’approbation du Conseil d’administration.

Il y a un plus d’un mois, le monde de l’obstacle s’est ému d’un article sur les Quintés + dans la discipline et leur chiffre d’affaires en perte de vitesse. Or, il semblerait que l’obstacle se défende bien à ce niveau. Qu’en est-il selon vous ?

Les Quintés + en obstacle sont bien meilleurs que ce qui a pu être écrit récemment. Vous savez, quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Il n’est pas question de diminuer le nombre de courses support d’événements dans notre discipline. Nous en avons déjà perdu deux depuis 2019. L’idée serait plutôt d’en récupérer, sur des handicaps de bonne valeur.

« Le problème de l’obstacle n’est pas uniquement un problème de partants, c’est aussi un problème d’exposition »

En réalité, c’est davantage à cause des jeux simples que l’obstacle pèche…

Oui, car nous avons parfois des courses avec peu de partants. C’est là-dessus que nous devons améliorer les choses et passer plus souvent cette barre des huit partants. Les épreuves dont il est question concernent souvent des courses de sélection. Le plat connaît également la même problématique et le trot aussi, parfois. Nous y sommes arrivés durant les derniers meetings de Pau et Cagnes, où nous avons eu beaucoup plus de partants. Depuis le début de l’année, nous sommes plutôt satisfaits à Auteuil, où finalement nous avons eu peu de courses creuses. Mais le problème de l’obstacle n’est pas uniquement un problème de partants, c’est aussi un problème d’exposition. L’obstacle est moins bien exposé, surtout en régions, que le plat ou le trot, avec des plages horaires peu propices aux enjeux. Et à mon grand regret, je constate qu’en régions, quand on ne diffuse que six courses sur huit lors de réunions premium, ce sont pratiquement toujours des courses d’obstacles, mises en fin de réunion, qui sont sacrifiées. Il ne faut pas se leurrer : si l’obstacle ne part pas régulièrement sur la même ligne de départ que le plat ou le trot, il est évident que nous ferons moins d’enjeux que les autres disciplines. J’ai toujours dit à mes amis du plat que le galop ne s’en sortira qu’avec l’obstacle et à mes amis du trot que le trot ne peut s’en sortir qu’avec le galop, lequel est composé du plat et de l’obstacle.

« Je vois difficilement des paris propres à l’obstacle. Il me paraît difficile de créer un pari qui consisterait à trouver le premier cheval qui va tomber… »

Vous parlez de partants ou encore d’exposition, mais ne faudrait-il pas inventer des jeux propres à la discipline de l’obstacle ?

Je vais reprendre une casquette que j’avais dans le temps : celle d’administrateur du PMU lors de la précédente mandature. Nous y avons réfléchi à l’époque, notamment avec le cheval dit de substitution. Nous avions imaginé ceci : lorsque le cheval joué tombait, on pouvait reporter le pari sur un autre cheval. Mais nous avons constaté que cette idée ne correspondait pas tout à fait à l’attente des parieurs, en plus d’occasionner certaines difficultés techniques… À vrai dire, je vois difficilement des paris propres à l’obstacle. Il me paraît compliqué de créer un pari qui consisterait à trouver le premier cheval qui va tomber… Plus que sur les jeux, il faudrait travailler sur les conditions des départs en obstacle qui constituent un irritant majeur pour les parieurs. Ils ne comprennent pas pourquoi un peloton s’élance sur 10m,15m ou 20m, voire plus. Et pourtant, la règle édictée par le Code des courses est claire : les chevaux doivent être dirigés vers la ligne de départ au pas et groupés. En mouvement ne veut pas dire au galop. Cette règle ne m’apparaît pas incompatible avec les ordres qui peuvent être donnés aux jockeys : partir devant ou s’élancer derrière. Si la plupart des jockeys sont disciplinés, je pense que nous devons encore faire mieux. Nous gagnerions aussi à améliorer la compréhension des courses d’obstacle et leur présentation. Par exemple, nous avons la chance en obstacle d’avoir des concurrents qui courent assez régulièrement et plus longtemps qu’en plat. Nous devons dès lors l’exploiter davantage.

« La priorité est de construire un programme national »

Vous présidez le Conseil de l’obstacle. Quelles priorités avez-vous fixées ?

La priorité est de construire un programme national. France Galop a la maîtrise sur les courses premium, mais une maîtrise relative sur les P.M.H. Comme vous le savez, statutairement, ce sont les fédérations régionales, en accord avec les sociétés organisatrices, qui fixent les conditions. Nous devons arriver à nous mettre d’accord, sans modifier les textes, pour qu’il y ait vraiment un programme national et que nous n’ayons plus de réunions qui viennent en phagocyter d’autres, notamment les premium. C’est LA priorité car nous avons quand même beaucoup de réunions en régions qui parfois prennent des partants sur des réunions premium. Par ailleurs, à certaines dates de l’année, il y a trop de réunions, et à d’autres, pas assez d’opportunités de courir. Nous allons également poursuivre le travail déjà entrepris sur le bien-être équin. Mais aussi sur le bien-être humain, notamment sur l’exercice du métier de jockey d’obstacle. Pour ce faire, nous serons particulièrement attentifs à l’accidentologie sur les hippodromes. L’autre sujet important sera la saisonnalité des courses d’obstacle.

Que comptez-vous faire à ce sujet ?

Nous avons déjà commencé à travailler sur le programme d’Auteuil puisque, en raison des Jeux Olympiques, Auteuil ne pourra pas rouvrir avant la mi-septembre. Nous avons construit un programme pour le second semestre qui va du 10 septembre au 8 décembre. Nous sommes en train de poursuivre ce travail sur le premier semestre 2025 afin de voir si nous pouvons débuter à Auteuil plus tôt, vers début février, comme par le passé, et terminer fin mai. Cela nous permettrait d’éviter d’avoir les problèmes que nous rencontrons au mois de juin en raison des fortes chaleurs : peu de partants, des horaires avancés ou décalés. Dans un second temps, nous nous pencherons sur les réunions régionales premium et P.M.H., en lien avec les instances régionales. Pour ce faire, j’établirai dans un premier temps une large concertation avec les présidents (-es) des Conseils et Comités régionaux du galop, en y associant les présidents des hippodromes régionaux. La question de la saisonnalité est une composante essentielle du bien-être équin. Ajuster une saisonnalité modifiée permettrait aussi de nous rapprocher du calendrier britannique et irlandais afin qu’ils puissent faire venir courir leurs chevaux sur nos hippodromes.

« N’est-il pas temps de se plonger dans la cartographie des hippodromes ? »

Si Auteuil ferme plus tard et commence plus tôt, que deviennent les meetings cruciaux pour beaucoup d’écuries de Pau et Cagnes ?

En toute hypothèse, il n’est pas question de toucher à ces deux meetings. La modification des dates du second semestre ne porte atteinte ni au meeting de Pau ni à celui de Cagnes. Il y a eu des interrogations sur le meeting cagnois, mais il n’y en a plus. Les deux derniers meetings ont donné satisfaction, aussi bien sur le plan technique que sur celui des partants et des enjeux. Et pour le meeting de Pau, qui a été un peu « resserré » il y a 3 ou 4 ans, il n’est pas question non plus d’y toucher. Par ailleurs, inscrire un meeting de printemps à Pau n’est pas envisageable en l’état puisque, il faut être clair, il n’y a pas de place. Ensuite, c’est toujours la vaste question que j’aborderai à demi-mot devant vous : n’est-il pas temps de se plonger dans la cartographie des hippodromes ? Peut-on continuer à fonctionner avec un si grand nombre d’hippodromes au XXIe siècle ? Pour des questions techniques et économiques, cela aurait peut-être du sens de courir sur moins de sites qu’auparavant…

À quels hippodromes pensez-vous ?

À ce stade, c’est trop tôt pour le dire. Il faudra d’abord procéder à un état des lieux, en concertation avec toutes les composantes de l’Institution. Et ce sans tabou, ni a priori, ni dogmatisme. Et puis revisiter la cartographie des hippodromes ne veut pas nécessairement dire fermer des hippodromes mais peut-être simplement les spécialiser, voire recentrer plus de réunions sur certains d’entre eux. Sous l’ancienne gouvernance, nous avions entamé un retour sur la décentralisation des réunions premium. En réalité, nous avons beaucoup décentralisé, trop selon certains, mais sans vraiment nous demander si cela fonctionnait bien, s’il fallait recentrer ou pas… La cartographie des hippodromes ne pourra être revisitée qu’en accord avec nos amis trotteurs puisque les hippodromes régionaux sont pour la plupart pluridisciplinaires. Je suis convaincu qu’il faut se saisir du dossier afin d’éviter que la décision nous soit imposée par les pouvoirs publics, comme cela s’est passé ces dernières années, ou par la réalité économique. Tel a été notamment le cas en 1995. Pour des motifs bassement politiques, les pouvoirs publics ont imposé la fermeture de l’hippodrome d’Évry, à l’époque le plus moderne d’Europe. Quel gâchis ! Évitons qu’une telle erreur se répète. Soyons maîtres de notre avenir. Ce chantier concerne le galop dans ses deux composantes et le trot.

J’y réfléchis depuis bien longtemps. J’espère que nous arriverons un jour à dépassionner ce débat. En l’état, contrairement à ce que je peux lire ou entendre, aucune décision de fermeture d’hippodrome n’a été prise, ce chantier n’ayant pas été encore ouvert. Il le sera peut-être un jour. L’histoire nous le dira…

« Nous avons voulu faire monter trop vite les chevaux à Paris pour faire des partants à Auteuil alors que c’est peut-être une erreur »

Restons sur les régions. Quelle place occupent-elles dans votre esprit ?

L’élu régional que je suis considère que les régions ont un rôle prépondérant dans l’Institution des courses. Les hippodromes régionaux sont une grande force, un atout considérable pour les courses, notamment pour la discipline de l’obstacle. C’est là que l’on peut recruter de nouveaux parieurs et propriétaires, mais aussi que l’on façonne les chevaux. Sportivement, je souhaite que l’on s’appuie davantage sur eux. J’estime qu’il ne faut peut-être pas faire monter trop tôt les chevaux à Paris, notamment les jeunes chevaux, car ce sont des parcours exigeants. C’est un fait : les jeunes chevaux qui arrivent trop tôt à Auteuil ou à Compiègne, nous avons tendance à ne plus les revoir en piste avant un certain temps. Nous avons voulu faire monter trop vite les chevaux à Paris afin d’avoir des partants à Auteuil alors que c’est peut-être une erreur.

Le plan propriétaires vient d’être adopté. Allez-vous mettre en place des mesures spécifiques pour l’obstacle ?

Nous essayons que les jeunes chevaux de grande valeur qui ont été vendus – ce que je comprends tout à fait pour les éleveurs – puissent rester sur le territoire national. Nous entreprenons diverses démarches auprès des propriétaires anglais et irlandais pour qu’ils viennent courir en France. Soit participer à nos réunions, soit éventuellement placer leurs chevaux chez nos entraîneurs. À l’occasion du week-end du Grand Steeple, nous invitons d’ailleurs un certain nombre de propriétaires britanniques et irlandais pour les mettre en relation avec les entraîneurs français. En outre, il faut continuer à fidéliser les propriétaires français. De plus en plus de jeunes propriétaires s’intéressent à notre discipline. Il faut s’en réjouir car ils sont l’avenir. Afin de les retenir et d’en faire venir d’autres, il faut améliorer l’accueil, le rendre plus convivial et festif. France Galop doit s’inspirer de ce qui est fait en régions et mettre en application toutes les préconisations du séminaire de l’obstacle organisé en 2021 par Jacques Détré.

Pourrait-on imaginer de démarcher des propriétaires d’outre-Manche directement sur place lors des grands festivals ?

Nous avons voulu le faire cette année pour Cheltenham, mais malheureusement, cela n’a pas été possible. L’an prochain, je souhaite faire venir là-bas un maximum de professionnels français pour qu’ils aillent à la rencontre de propriétaires anglais et irlandais C’est dans ce type de situations que l’on peut créer des liens. Ainsi, une communication est mise en place par France Galop à destination des professionnels anglo-saxons pour leur présenter notre programme. Le but est de les convaincre de l’intérêt économique qu’ils ont à venir chez nous puisque nos allocations sont bien plus importantes. Récemment, un grand professionnel anglais me disait que nous avions la chance, en France, de disposer d’un programme excessivement bien construit et de disposer de belles allocations. Je pense donc que nous y devrions y parvenir.

« Nous allons essayer, de manière officieuse, de créer un pattern avant de le structurer »

La création d’un pattern en obstacle, ce qui permettrait ainsi de mieux faire connaître nos courses black types aux étrangers, est-elle imaginable ?

Le pattern est un vaste sujet. Nous n’y arrivons pas pour l’instant. De notre côté, un travail très sérieux est effectué sur la valeur de nos courses. Nous ne donnons pas de black type pour faire plaisir. Agir ainsi aurait pour conséquence de dévaloriser notre élevage. Nous allons essayer, de manière officieuse, de créer un pattern européen avant de le structurer avec nos partenaires anglais et irlandais.

Où en est la rénovation d’Auteuil ?

Nous avons effectué un point lors du Conseil de l’obstacle du 15 avril dernier. Ce dossier, pour partie, a été instruit sous la précédente mandature sous la direction de Jacques Détré. Nous poursuivons ce chantier. En accord avec Guillaume de Saint-Seine, je souhaite que le Comité se prononce au plus tard à la fin de l’année. Le projet initial était de garder la tribune des balances, de la moderniser pour que nous n’ayons plus qu’une seule tribune sur le site, et donc de détruire l’ancienne tribune du restaurant panoramique. Désormais, nous nous interrogeons pour conserver, peut-être, l’ancienne tribune du restaurant panoramique afin de l’utiliser pour des activités diverses. Clairement, nous sommes en train d’élaborer un business plan afin d’identifier des activités annexes qui pourraient générer des revenus complémentaires pour Auteuil.

Est-il nécessaire de rénover Auteuil ?

[Très fermement] Oui ! Il convient de rénover, et pour une raison simple : la dernière rénovation date de 1970 et la précédente de 1920. Il y a des raisons techniques mais aussi le fait qu’en 1970, Auteuil a été rénové comme en… 1970, c’est-à-dire avec du béton, du goudron un peu partout. Il faut complètement végétaliser cet hippodrome, comme cela a été réalisé à Longchamp. Le rendre plus convivial afin que le public revienne. Le temple de l’obstacle doit redevenir un 5 étoiles comme l’est Longchamp. Comme je l’ai déjà dit, l’étude de ce dossier sera finalisée dans les mois qui viennent. Elle sera présentée au Comité d’ici la fin de l’année pour être soumis au vote.

L’idée est donc de faire vivre Auteuil tous les jours de l’année ?

Si possible. Une quarantaine de réunions a lieu à Auteuil. Organiser plus de réunions n’aurait pas de sens et m’apparaît techniquement impossible. En revanche, sur un hippodrome rénové et modernisé qui dispose d’un emplacement exceptionnel, nous pouvons avoir des activités complémentaires, comme à Longchamp, via la location d’espaces ou l’organisation d’événements.

« Je n’entends pas être le fossoyeur de l’obstacle »

Il semblerait que le PMU ne puisse pas « livrer » autant que ce qui était prévu à la fin de la saison, à savoir 851 M€. Si tel était le cas, pourrions-nous imaginer que ces travaux soient reportés ?

C’est justement en période de crise qu’il faut investir pour l’avenir. Certes, les résultats ont été décevants en début d’année, mais j’espère toujours que le PMU sera en mesure de redresser la situation. En l’état, le PMU n’a pas encore dit qu’il délivrerait moins. De plus, nous constatons depuis le début du mois de mai une amélioration sensible des enjeux. Si le résultat attendu n’est pas atteint, cela, à mon sens, ne doit pas remettre en cause ces travaux… sauf à prendre le risque de voir à moyen terme disparaître la discipline de l’obstacle, risque que je me refuse de prendre. Je n’entends pas être le fossoyeur de l’obstacle ! Bien au contraire, cette discipline dispose de bien des atouts pour retrouver son attractivité. Il n’y a pas si longtemps, le Prix du Président de la République enregistrait l’un des meilleurs scores en termes d’enjeux de l’année.

Auteuil a la chance d’être accessible en métro, dans une capitale européenne. Comment expliquez-vous qu’il y ait parfois si peu de monde dans les tribunes ?

Justement, j’espère que ces travaux que nous venons d’évoquer nous permettront de faire revenir le public sur l’hippodrome. Je souhaite même qu’un jour, un président de la République vienne remettre le Prix du Grand Steeple-Chase Paris, comme mon grand-père l’a vécu en 1953 lorsqu’il avait remporté la course. Augmenter la fréquentation à Auteuil est un objectif que je mène avec la direction commerciale et marketing de France Galop. Pour y arriver, nous devons sortir de la culture de l’entre-soi : il faut nous ouvrir, faire venir le public, en nous inspirant de ce qui se fait en régions, à savoir quelque chose de plus festif, plus convivial. Comme à Craon, au Lion-d’Angers, à Pau et sur de nombreux hippodromes régionaux. Mais il faut aussi être réaliste, nous ne pourrons atteindre cet objectif que pour certaines réunions, les plus prestigieuses sur le plan sportif.

Vous parlez d’ouvrir l’hippodrome. En raison de l’accidentologie, l’obstacle souffre aussi d’un déficit d’image auprès du grand public…

L’image de l’obstacle est peut-être négative chez certains, mais elle est positive pour d’autres, car c’est vraiment du sport. Nous devons continuer à travailler sur la dimension sportive de l’obstacle, tout en rappelant que le cheval n’est pas plus en danger que dans d’autres pratiques, bien au contraire, et que nous mettons tout en œuvre pour éviter les accidents. En Angleterre comme en Irlande, où les associations animalistes sont bien plus importantes que chez nous, l’image de l’obstacle est autrement plus positive qu’en France. Le public vient en nombre et les enjeux les plus importants sont enregistrés sur l’obstacle, ce qui était d’ailleurs le cas en France dans un passé pas si lointain. Cependant, il faut relativiser ce constat. En effet, à l’inverse, cette désaffection n’existe pas en régions. Le 9 mai dernier, près de 20.000 personnes ont assisté à la réunion de l’Anjou-Loire au Lion-d’Angers. Voir que ce public enthousiaste encourageait les concurrents durant le parcours de ce grand cross et les a applaudis chaleureusement à l’arrivée, était particulièrement réjouissant. Quand le spectacle est de qualité, que l’accueil se veut festif et convivial, le public répond toujours présent. Sans être polémique, l’obstacle souffre d’un déficit d’image essentiellement auprès des habitants des grands centres urbains, qui sont l’objet, pour certains, d’une désinformation. Il faut ouvrir nos portes aux plus sceptiques, leur montrer tout ce qui est réalisé pour le bien-être animal à chaque étape de la carrière du cheval : l’élevage ; l’entraînement, les courses, et enfin lors de la reconversion.

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