La belle étoile de Luc Monnet
Luc Monnet est un propriétaire et éleveur comblé. Gran Diose, le bien nommé, lui a offert une victoire immense dans le Grand Steeple-Chase de Paris. Un succès de Gr1 sous le signe d’une belle étoile pour cet homme qui, décidément, se plaît en compagnie des géants, lui qui préside le club de basket des Metropolitans 92, lequel a révélé Victor Wembanyama.
Du trot à l’obstacle
« J’avais eu des trotteurs dans une autre vie, chez Michel Roussel qui était un ami [dans les années 80, ndlr]. J’ai ensuite fait un break, pour des raisons familiales et professionnelles. Mais j’ai toujours aimé l’obstacle, cela m’attirait. J’ai donc recommencé à avoir des chevaux à la fin des années 2000, dans un premier temps chez Laurent Postic, puis chez Thomas Trapenard. Quand ce dernier a arrêté, j’ai ensuite travaillé avec Olivier Regley, basé à l’époque à Maisons-Laffitte. La rencontre avec Frédéric Hinderzé a été faite via nos activités professionnelles. Un jour, Olivier nous a proposé deux chevaux. L’un d’entre eux était Noanoa (Walk in the Park), la future mère de Gran Diose (Planteur). Elle a gagné deux courses à Auteuil et pris la deuxième place d’un Quinté à Enghien, avant de se blesser. Olivier nous a conseillé de la garder comme poulinière. Elle avait de belles origines. Je n’avais jamais fait d’élevage, c’était un peu obscur. Mais nous avons longuement réfléchi et parler ensemble et nous sommes dit : “pourquoi pas !” »
Gran Diose et Trueshan
« Noanoa est partie au haras de la Chaîne, chez Didier Blot, en Mayenne. Nous avons cherché un étalon et il se trouve que j’adorais Planteur. La vie est ainsi faite que j’ai négocié deux saillies de Planteur : pour Noanoa et une autre poulinière de Didier Blot, nommée Shao Line (General Holme). Elles ont pouliné de Planteur, partageaient le même paddock et leurs poulains ont grandi ensemble. Celui de Noanoa est devenu Gran Diose, celui de Shao Line étant le champion stayer britannique Trueshan. Après Gran Diose, Noanoa nous a donné Canichette (Prince Gibraltar), laquelle a gagné le Prix de la Gascogne (Gr3, steeple) à Compiègne. Elle est désormais au haras, pleine de Kapgarde. Nous avons décidé d’arrêter sa carrière après trois chutes violentes, nous ne voulions pas prendre de risques. »
Sous le charme de Louisa
« Un jour, Frédéric Hinderzé me dit de regarder un reportage sur Equidia consacré à Louisa Carberry, qui venait de s’installer. J’ai donc regardé le replay. Nous cherchions où mettre des chevaux à l’entraînement et nous avons contacté Patrice Quinton, avec lequel tout s’est très bien passé, ainsi que Louisa. Je suis allé la voir et, comme beaucoup de gens je crois, je suis tombé sous son charme ! J’ai été un de ses tout premiers propriétaires en plaçant chez elle Dourdour (Redback). Louisa et Philip – car c’est vraiment une équipe – l’ont transformé. Ce cheval, au départ moyen, a réalisé une belle petite carrière. Et il est toujours chez eux ! C’est un cheval très attachant. Il coule une belle retraite là -bas, Louisa le monte régulièrement en promenade, avec sa fille sur son poney. Quand je vais voir mes chevaux à l’entraînement, je vois aussi mon Dourdour et j’en suis très heureux. »
Une aventure humaine… grandiose
« L’histoire de Gran Diose est merveilleuse. Philip nous a rapidement dit que nous avions touché un “petit” phénomène. Louisa et Philip sont des amoureux des chevaux et ils prennent tout le temps nécessaire avec eux. Ils vont rarement les débuter à 3ans et je pense que ce n’est pas toujours facile pour un propriétaire, qui souhaite voir rapidement ses représentants en piste. Nous, cela nous convient ! Ils n’entraînent pas avec une vision tournée vers le commerce et ce n’est pas ce qui m’intéresse non plus même si, comme tout le monde, il faut réussir à rentrer de l’argent. Louisa et Philip forment leurs chevaux de A à Z, ils ont leur méthode, leur façon de faire. Avant d’arriver chez eux, les chevaux ne sautent pas, ils ne sont jamais meilleurs que lorsqu’ils les façonnent. Très honnêtement, je trouve qu’ils n’ont pas la reconnaissance qu’ils méritent ! Chez eux, les chevaux sont bichonnés comme pas permis. Cette expérience avec Louisa et Philip est magnifique. Il faut associer toute leur équipe, qui fait un travail formidable. Prenez Jimmy, leur garçon de voyage. Là -aussi, c’est une si belle histoire ! Il était ouvrier et adorait les chevaux, il venait à l’écurie le week-end et Louisa lui a proposé d’intégrer l’équipe. Avec Gran Diose, comme toujours avant les belles épreuves, ils sont arrivés la veille de la course à Paris et il participe désormais à toutes les belles victoires. Il faut évidemment associer Clément Lefebvre. Frédéric Hinderzé a passé un contrat moral avec lui et il est aussi grandement responsable de la victoire de Gran Diose dans le Grand Steeple. Il connaît le cheval par cÅ“ur, a monté une course magnifique, lui a laissé le temps de souffler dans le tournant. Vraiment, c’est un travail d’équipe fantastique qui a été réalisé et une splendide aventure humaine. Depuis le Prix La Haye Jousselin l’an dernier, l’objectif était le Grand Steeple. Louisa nous a dit que toute la préparation serait axée vers la course, que le cheval viendrait en progression. Et il a été parfait ! Vraiment, un grand merci de l’avoir ainsi préparé et de cette histoire magique. »
Le rêve de la Gold Cup
« J’espère continuer à rêver avec les chevaux ! J’ai dit à Louisa que mon rêve était d’avoir un cheval pour courir la Gold Cup de Cheltenham et nous allons en chercher un. Cela aurait pu être Gran Diose mais nous avons fait le choix de le garder en France et d’y exploiter le programme. Il est entraîné pour les courses françaises, cela ne paraissait pas judicieux de tout changer. J’aime les courses, j’ai voyagé pour assister à toutes les belles épreuves dans le monde. J’ai été à la Melbourne Cup, à la Japan Cup, à Santa Anita pour la Breeders’ Cup. Je me suis rendu plusieurs fois au Festival de Cheltenham ainsi qu’à celui de Punchestown. Nous allons trouver un cheval pour la Gold Cup, avec Louisa. Ce sera difficile de faire mieux que ce que Gran Diose nous a offert mais il faut rêver. La vie n’est qu’une succession de rêves. Évidemment, nous avons eu beaucoup de chance jusque-là … Nous n’avons pas investi de moyens mirobolants, même si nous avons dépensé des sommes certaines. J’espère que cela continuera. »
Courses, basket et bridge
« Je travaillais dans l’immobilier et j’ai pris ma retraite. Inactif mais actif ! Je suis notamment président d’un club de basketball, le Metropolitans 92 (Boulogne-Levallois). Nous avons vécu une saison exceptionnelle l’an dernier puisque nous avions Victor Wembanyama, désormais en NBA, mais aussi Bilal Coulibaly, qui a suivi le même chemin, et notre coach était Vincent Collet, le sélectionneur de l’équipe de France. Je suis aussi joueur de haut niveau de bridge. Retraité, mais occupé donc ! »