Gabin Meunier, l’étoile montante de l’obstacle
Par Christopher Galmiche
cg@jourdegalop.com
Lundi, à Compiègne, Gabin Meunier s’est non seulement projeté sur son deuxième Grand Steeple – en selle sur Gold Tweet (On est Bien) – mais il a également évoqué en notre compagnie son début de carrière, sa monte et ses rêves. Entretien avec un jeune homme qui, visiblement, « sait où il va » !
Jour de Galop. – Comment s’est mise en place l’association avec Gold Tweet puisque, à l’époque, vous ne montiez pas spécialement pour Gabriel Leenders ?
Gabin Meunier. – C’est vrai que par le passé, je ne montais pas particulièrement pour Gabriel. Cela a pu arriver lorsque je bénéficiais de la décharge dans les réclamers. Un jour, il m’a appelé car Johnny [Charron, ndlr] devait monter Geelong Sport dans le Grand Steeple-Chase de Compiègne (Gr2) 2023. Gold Tweet n’avait plus de jockey et comme c’est un cheval avec lequel il faut « charger les épaules » et ne pas trop toucher à la bouche, il a pensé à moi. C’est en effet un peu mon style de monte. Gabriel m’a proposé de le monter et, bien entendu, je n’ai pas refusé ! (rires).
De l’extérieur, l’entente avec Gold Tweet semble parfaite…
Tout s’est bien passé dès le début. Il fallait que j’apprenne à  connaître le cheval parce qu’il a 200m très vite. Reste qu’il est nécessaire d’économiser cette accélération. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons été battus dans le Grand Steeple de Compiègne. Ensuite, nous avons appris à nous connaître. Je l’ai monté comme le souhaitait son entraîneur et tout s’est bien passé.
Comment voyez-vous le Grand Steeple 2024Â ?
Un Grand Steeple reste un Grand Steeple mais cela devrait bien se passer. Il y a bien sûr l’inconnue de la distance. Gold Tweet devrait tenir les 6.000m. Il est très bon sauteur et, sur ce parcours, il faut faire le minimum d’efforts. Je le monterai comme me le demandera Gabriel mais je pense que nous avons la même idée. Il faudra être là de bonne heure tout en se faisant oublier afin de conserver sa pointe de vitesse.
Quel souvenir gardez-vous de votre premier Grand Steeple, soldé par une sixième place avec Carriacou ?
La faute commise à la dernière haie nous avait coûté très cher… Sinon, nous aurions pu être quatrièmes. La course s’était plutôt bien déroulée, conforme à ce que je m’étais imaginé. J’avais toutefois commis deux ou trois petites erreurs techniques que j’espère ne pas reproduire cette année.
Comment êtes-vous arrivé dans le monde des courses ?
Dès mon plus jeune âge, j’adorais les chevaux et j’ai toujours fait de l’équitation. Je suis arrivé dans ce milieu par le biais de connaissances de mes parents [la famille Pralus, ndlr] qui ont une écurie de trot. Ensuite, j’ai effectué mon stage de troisième dans une écurie de trot, chez Mickaël Cormy. J’ai tout de suite accroché avec le monde des courses. Mais je savais déjà que j’allais m’orienter vers le galop car j’ai toujours adoré la vitesse. Certes, les trotteurs vont très vite mais l’allure du galop me convenait davantage. J’ai décidé d’en faire mon métier et je suis rentré à l’Afasec. J’ai débuté chez monsieur Alain de Royer Dupré au contact duquel j’ai énormément appris. C’est un homme de cheval et un formateur extraordinaire. Durant la période où j’étais chez lui, c’est Laurent Métais [ancien top jockey d’obstacle, ndlr] qui était le premier garçon. Il m’a aussitôt appris ce qu’était la monte en obstacle. Au fond de lui, il devait très bien savoir que je n’allais pas rester en plat. Aujourd’hui, je l’ai encore souvent au téléphone. L’an dernier, après le Grand Steeple, nous avons ainsi échangé. Il m’apprend encore beaucoup de choses. La question du poids m’a également contraint de me tourner vers l’obstacle… Je suis alors parti chez Sylvain Dehez, chez qui j’ai fourbi mes armes, découvert ce qu’était le monde de l’obstacle. C’est également chez lui que j’ai débuté en course.
Vous avez également un agent, Dylan Doussot Billot. Comment est née cette association ?
Nous étions déjà amis. Lorsque Dylan s’est installé comme agent, il m’a proposé ses services. À l’époque, je ne comptais pas beaucoup de victoires, ni de montes. Nous nous lancions tous les deux et je n’ai pas longtemps hésité. L’association a de suite bien démarré.
Le matin, comment cela se passe pour vous ?
Je suis de nouveau free lance depuis le début de l’année, après avoir notamment monté pour Anne-Sophie et Isabelle Pacault en alternance. Je travaille notamment avec monsieur Bressou qui me fait pleinement confiance et avec David [Cottin, ndlr]. Le mardi, je vais à Maisons-Laffitte et je saute notamment les chevaux pour Yannick Fouin, Jérémy Da Silva, Anne-Sophie Pacault… Le mercredi, je vais chez David à Chantilly. Le jeudi, cela varie, et le vendredi, je vais souvent à Dragey chez Dominique Bressou et le samedi chez Isabelle Pacault. En obstacle, il faut connaître ses chevaux pour espérer performer l’après-midi. Je préfère procéder ainsi. De cette manière, en arrivant aux courses, on sait déjà ce que nous devons faire. Nous ne partons pas dans l’inconnu.
Par le passé, vous aviez eu un coach mental. Pour quelle raison, et est-ce que vous l’avez toujours ?
Cela fait un petit moment que nous ne travaillons plus ensemble. J’ai eu un coach mental au début car j’étais très impulsif et, dès que cela se passait mal, j’étais sur les nerfs pour le reste de la réunion. Ce coach m’a bien aidé. Il m’a livré beaucoup d’astuces et cela se passe mieux ! Pour un jockey, le mental est très important, notamment par rapport aux coups que l’on peut recevoir, aux défaites subies, etc.
Parfois, dans les parcours, au lieu de réprimander un cheval avec la cravache après une faute, vous préférez caresser vos partenaires. Pourquoi ?
Il ne faut pas oublier que c’est grâce aux chevaux que nous vivons. Ce sont des animaux, pas des motos, donc forcément, il peut y avoir de petits « couacs ». Ils passent des obstacles énormes, très impressionnants et ce, à grande vitesse. Je trouve donc qu’il n’est pas acceptable de réprimander un cheval parce qu’il a fait une faute. Il faut plutôt l’encourager. Il ne l’a pas fait exprès ! L’erreur est humaine mais elle est également animale ! Un cheval qui est décontracté est un cheval qui respire. Et un cheval qui respire est un cheval qui ira au poteau. Si on lui inflige un coup de cravache après une faute, il va se contracter et cela ne servira à rien. La cravache sert à nous diriger et, dans la ligne droite, permet de faire accélérer nos partenaires pour les moins courageux, pour leur indiquer que c’est le moment d’accélérer…
Quels sont vos objectifs pour l’année 2024, hormis évidemment le Grand Steeple ?
Avec mon agent, je me suis fixé quelques objectifs. Je veux faire plus de gagnants qu’en 2023, éviter les blessures – pour pouvoir durer – et j’aimerais bien aussi gagner mon Gr1 cette année. L’an dernier, j’ai remporté trois Groupes et je souhaiterais en remporter un de plus cette année.
Quelles courses vous font rêver ?
Le Grand Steeple évidemment. Mais toutes les autres belles courses me font rêver : La Haye Jousselin, la Grande Course de Haies, mais aussi les Grs2 et les Grs3. Le rêve ultime serait de monter le Grand National (Gr3) ! Pour l’histoire et le palmarès de cette course. C’est l’une des plus belles épreuves et l’une des plus dangereuses et c’est ce qui est attirant.
Une ascension constante
Gabin Meunier a décroché son premier Groupe à 104/1 grâce à Gai Luron (Samum) dans le Prix Montgomery (Gr3) 2022. Quelques mois plus tard, il s’est imposé dans la Grande Course de Haies de Printemps (Gr3) en selle sur Lucky One (Authorized). L’entourage de Juntos Ganamos (Martaline) a ensuite fait appel à ses services pour monter le champion dans le Prix Orcada (Gr3) qu’il a gagné. Une belle preuve de confiance ! L’année 2023 s’est conclue par le début de l’association Gabin Meunier/Gold Tweet (On est Bien) avec lequel le jeune jockey a enlevé le Prix Georges Courtois (Gr2).