Éleveurs-propriétaires, une (r)évolution française
Par Adrien Cugnasse
ac@jourdegalop.com
Ce week-end, trois des quatre Grs1 d’Auteuil, dont le Grand Steeple, ont été remportés par des éleveurs-propriétaires. Cela n’était pas arrivé depuis des décennies. Et c’est tout sauf le fruit du hasard.
Le pur-sang anglais a été façonné par des générations d’éleveurs-propriétaires de toutes tailles. Petits et grands ont apporté leur pierre à l’édifice que représente la sélection du cheval de plat. Mais cette époque, qu’on le veuille ou non, est révolue. Pour l’individu moderne, la fortune est toujours plus instable, au sens propre comme au sens figuré. Or, pour être éleveur-propriétaire en plat, il faut des moyens importants… dans la durée ! En 2004, ces derniers étaient majoritaires dans l’Arc (60 % des partants). Il y a dix ans, ils étaient déjà minoritaires (35 %) et, l’an dernier, ils étaient encore moins nombreux (27 %). En ce sens, nous ne faisons que traverser – avec des décennies de décalage – ce qui s’est déroulé ailleurs dans le monde (États-Unis, Australie…). Le monde du galop est à l’heure de l’élevage commercial. Le paroxysme est certainement l’obstacle anglo-irlandais, où l’éleveur-propriétaire est une rareté.
Oui mais voilà , l’histoire n’est pas un récit linéaire où tout irait inexorablement dans le même sens. Au galop, l’obstacle français en est le contre-exemple le plus saisissant. On assiste à une montée en puissance des éleveurs-propriétaires de sauteurs dans l’Hexagone. Oui, cette même caste que les puristes du plat pleurent. En obstacle, ils sont vraiment en train de faire bouger les lignes dans notre pays, de l’étalonnage à la compétition.