Darlinghurst galope vers les St. James’s Palace Stakes

Le palmarès du Prix de Guiche (Gr3) est assez élogieux. L’an dernier, c’est Big Rock (Rock of Gibraltar) qui s’était imposé et, en 2022, la victoire revenait à Vadeni (Churchill). Deux poulains de classe qui ont été capables de briller en Angleterre et en Irlande au niveau Gr1. Darlinghurst (Dark Angel), autoritaire vainqueur de l’édition 2024, va tenter de les imiter. Représentant de Jean-Étienne et Jean-Pierre Dubois, du haras d’Étreham et de Gérard Augustin-Normand, Darlinghurst vise les St. James’s Palace Stakes (Gr1). La forme de Jérôme Reynier ne semble pas vouloir s’arrêter et, en 2024, il compte déjà huit victoires black types. Chez les Français, seul André Fabre a fait mieux à cette date (neuf succès de stakes en 2024).

Malgré le faible nombre de partants, la course ne s’est pas déroulée dans un faux rythme. Darlinghurst a suivi la progression de l’animateur, Kingsale (Siyouni), jusqu’alors invaincu. Dans la ligne droite, le pensionnaire de Jérôme Reynier s’est décalé du dos de ce dernier lorsqu’il a commencé à montrer des signes de fatigue. First Look (Lope de Vega), qui avait filé dans son dos, s’est décalé au même moment. Mais Darlinghurst a accéléré très fort le long du rail et a fait le trou avec ses adversaires. Derrière, First Look s’est bien défendu et a tracé une belle ligne droite, échouant à une longueur du lauréat. Grecian Storm (Churchill), qui montait de catégorie, prouve sa qualité en prenant la troisième place, à deux longueurs. Déception dans le clan d’Atlast (Farhh). L’élève et représentant de Wertheimer & Frère venait de faire sien le Prix de la Force (Gr3) pour sa rentrée à Longchamp. Il retrouvait aujourd’hui une piste bonne, qu’il n’avait plus foulée depuis ses débuts à 2ans. Atlast n’a jamais fait illusion et se classe cinquième et dernier, à trois longueurs de Kingsale, quatrième. C’est trop mauvais pour être exact.

À 2ans, Darlinghurst a débuté par une sixième place à Chantilly avant de se classer troisième à Parilly. Il n’a donc couru que deux fois à cet âge. Jérôme Reynier analyse : « Il montrait plus de qualité que de précocité. Nous avons voulu le faire débuter. On aurait pu lui faire mal si on avait insisté. Ses copropriétaires m’ont donné carte blanche et nous avons fait le choix de la patience. » Darlinghurst s’est donc pleinement révélé cet hiver à Cagnes-sur-Mer, en remportant le Prix des ÃŽles du Frioul (Maiden, 1.500m), le 17 janvier, puis le Prix Georges Sandor (Classe 2, 1.600m), le 19 février : « Darlinghurst m’avait impressionné dans cette Classe 2. Il a une grosse faculté d’accélération et ses temps partiels étaient exceptionnels. »

Le poulain a ensuite couru de manière rapprochée dans le Maurice Caillault (L) : « Darlinghurst a confirmé dans cette Listed, à la manière des forts, c’est-à-dire en allant devant. Ce qui n’était pas forcément idéal. C’est une bonne ligne, peut-être même la meilleure Listed de l’année. » Ce jour-là, sur la P.S.F. de Chantilly, il devançait deux chevaux ayant par la suite répété, c’est-à-dire Wootton Verni (Wootton Bassett), qui vient de remporter le Prix Greffulhe (Gr3), et Mondo Man (Mondialiste), deuxième du Prix La Force (Gr3). Après le Maurice Caillault, Darlinghurst a été envisagé dans le Prix La Force (Gr3). Mais le terrain étant très lourd, il a fait l’impasse : « Darlinghurst a remporté son maiden sur une piste assouplie, mais c’est un cheval de bon terrain. On a évité toutes les courses avec du collant, souple et plus. On espérait trouver du bon terrain dans le Guiche. »

La victoire dans le Guiche, sur une piste mesurée 3,3, donne raison à son entourage : « Avec seulement cinq partants, je redoutais un peu une course tactique. Grâce à Kingsale (Siyouni), l’épreuve a eu du rythme et on a pu voir la vérité. C’est très bien. Il ne semble pas y avoir un véritable chef de file dans cette génération sur ces distances-là. Pour le Jockey Club, où il n’est pas engagé, il faudra voir qui est dans la course. Mais je ne le vois pas faire 2.100m, ne serait-ce que du point de vue de son pedigree. Et physiquement, il fait très « miler ». À chaud, l’idée serait d’aller sur les St. James’s Palace Stakes début juin. Nous avons cet objectif de longue date. Le Guiche me semblait être la meilleure préparatoire car il faut plus un cheval de 1.600/1.800m qu’un sujet de 1.400/1.600m. Il y a toujours du rythme dans les St. James’s. Mais il faudra faire un choix entre cette course et le Jockey Club. Frank Blondel, le cavalier de Darlinghurst l’a très bien travaillé. Il gère aussi Lazzat… et les deux sont invaincus cette année à 3ans. C’est magnifique. »

Coéleveuse et copropriétaire de Grecian Storm, Marina Marinopoulos nous a confié : « Nous allons attendre de voir ce que l’entraîneur dit avant d’envisager la suite, peut-être le Prix du Jockey Club. Nos associés auront certainement envie d’y aller. Nous avons déjà participé avec Delfos, en 2001. Son jockey a dit que la distance était un peu trop courte pour Grecian Storm. Nous verrons bien comment il va rentrer de sa course, mais c’est un poulain très facile et très maniable. Il est bien dans sa tête. Jean-Claude Rouget était confiant, c’est pour cela qu’il a pris la décision de courir cette course avec le poulain. Il a bien couru et a tracé une très belle ligne droite. Nous avions un doute sur une participation ou non dans le Prix Greffulhe. Heureusement que nous avons renoncé, car le terrain était très lourd et il n’y aurait pas eu beaucoup d’enseignements à tirer. »

Élevé par Yeomanstown Stud, Darlinghurst est un fils de l’étalon maison Dark Angel (Acclamation) et de Dr Simpson (Dandy Man), lauréate de deux épreuves à 2ans – pour neuf sorties à cet âge – dont les Mercury Stakes (Gr3, 1.000m) en fin de saison. Elle a été présentée par Whatton Manor Stud sur le ring de Tattersalls en décembre 2019, après une cinquième place dans la Breeders’ Cup Juvenile Turf Sprint (Gr2) et a été achetée 250.000 Gns par Yeomanstown Stud. Darlinghurst est le premier produit et premier gagnant de sa mère. Elle a un 2ans par Dark Angel, acheté 60.000 Gns par SackvilleDonald/Manor House Stables à la Goffs Premier Yearling Sale l’an passé, et un yearling par… Dark Angel !

Dr Simpson est elle-même le meilleur produit de sa mère. La deuxième mère, New Romantic (Singspiel), a couru 10 fois sans succès et un seul de ses partants a gagné. Kalinova (Red Ransom), la troisième mère, n’a pas couru, et un seul de ses six partants a gagné. Il s’agit de Stars Above Me (Exceed and Excel), vainqueur de stakes à Saratoga sur 1.100m à 3ans.

Pour retrouver du black type il faut remonter à la quatrième mère. C’est en effet la souche de la championne Soviet Song (Soviet Star), gagnante de cinq Grs1 en Angleterre, puis aïeule de la championne sur le sprint Marsha (Acclamation), de Ribbons (Manduro), lauréate du Darley Prix Jean Romanet (Gr1) et mère de Soulcombe (Frankel), l’un des meilleurs australiens actuellement sur 2.000m et plus.

Darlinghurst a quant à lui été acheté yearling, également à Tattersalls, Hubert Guy signant le bon pour 230.000 Gns. C’est clairement un des yearlings les plus chers qui soit arrivé directement chez Jérôme Reynier. Le Marseillais analyse : « Je travaille avec plusieurs éleveurs-propriétaires. Et j’ai rarement des chevaux de ventes payés cher car ils vont souvent à Paris. Mais les choses évoluent car les propriétaires commencent à prendre conscience qu’on peut entraîner des chevaux de premier plan à Marseille. » En mars 2024, chez Arqana Online, Darlinghurst a été racheté 590.000 € par son entourage, qui l’estimait à une valeur supérieure : « Il prouve aujourd’hui qu’il est vraiment très bon. C’était un vrai lot. On espère toujours aller plus haut. Il n’est pas engagé dans les belles courses. Nous verrons ce que décide Jérôme. En tout cas, il progresse à chaque sortie. »

LES CHRONOS

TEMPS PARTIELS

Du départ à 1.000m : 51 »30

De 1.000m à 600m : 27 »40

De 600m à 400m : 11’52

De 400m à 200m : 11 »14

De 200m à l’arrivée : 11 »50

Temps total : 1’52 »86