mardi 16 juillet 2024
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Clément Lefebvre, le « gars de l’Ouest » qui veut briller à Paris

Clément Lefebvre, le « gars de l’Ouest » qui veut briller à Paris

Quarante-huit heures après son premier sacre dans le Grand Steeple-Chase de Paris (Gr1), Clément Lefebvre est revenu avec Jour de Galop sur ce moment… Des courses de poneys au rang des amateurs, ce jeune originaire de l’Ouest montait son premier Grand Steeple… et avec panache !

Par Rose Valais

Jour de Galop. – Que ressentez-vous, deux jours après votre victoire dans le Grand Steeple ?

Clément Lefebvre. – De la fierté ! Pour arriver à être jockey et atteindre un haut niveau, il faut beaucoup travailler et être patient. Il a fallu du temps, même si être âgé de 28 ans paraît jeune. Je suis super content car le Grand Steeple faisait partie de mes grands objectifs de carrière. Mais, jusqu’à cette année, je n’avais pas spécialement eu d’opportunités pour le monter. Depuis le début de la saison 2024, Frédéric Hinderze et Nicolas Bertran de Balanda m’ont accordé leur confiance. Et il est vrai que pour un premier essai, c’est plutôt génial d’avoir gagné !

Dans quel état d’esprit étiez-vous dimanche matin ?

J’étais très calme, ce qui n’est pas dans mes habitudes. Je ne pense pas que vous pourriez trouver quelqu’un de plus stressé que moi. Je ne sais pas si c’est mon accident de l’année dernière, ou le fait de vieillir, mais déjà lors du Grand Cross de Pau, j’étais bien plus calme que ce que j’aurais pu être auparavant. Dimanche, j’avais vraiment confiance en mon cheval et je savais qu’il était en forme. Nous pouvions le gagner mais nous ne partions pas favoris, ce qui m’a certainement enlevé de la pression.

Durant le parcours, avez-vous eu des craintes, notamment après la chute de Juntos Ganamos ?

Lorsque Juntos Ganamos est tombé, nous nous sommes retrouvés devant, et ce n’était pas du tout le plan. Lorsque Gran Diose mène, il peut être prudent sur les obstacles, mais finalement, j’ai pu faire ce que je souhaitais. Il a été formidable, il ne tirait pas et était à mon écoute.

Quels sont les défauts ​​​​​ et les qualités de Gran Diose ?

C’est un excellent sauteur, malgré sa grande taille et sa corpulence. Il est tonique et possède beaucoup de fond. Je pense qu’il est important d’avoir ces atouts pour espérer performer dans un Grand Steeple. Mais surtout, il est d’une gentillesse exemplaire. En revanche, il a peur de tout ! Dimanche, après la course, il était effrayé par le public qui applaudissait et nous n’arrivions pas à lui mettre la couverture.

Comment êtes-vous devenu le premier jockey des chevaux d’obstacle de Frédéric Hinderze ?

Nous partageons un contrat moral. En début d’année, Frédéric Hinderze cherchait un premier jockey pour monter ses chevaux. Nous étions plusieurs candidats et j’ai eu la chance d’être sélectionné. J’ai l’habitude de travailler avec tous les entraîneurs chez qui il a des chevaux : Louisa Carberry, Donatien Sourdeau de Beauregard, Augustin de Boisbrunet… Je me rends régulièrement chez eux pour pratiquer les chevaux.

Que cela représente-t-il pour vous ?

Lorsque le propriétaire de Gran Diose – qui à ce moment-là, était deuxième de La Haye Jousselin – souhaite discuter avec vous car vous êtes l’un des potentiels candidats à le monter dans le Grand Steeple, c’est une grande fierté. De plus, je revenais d’accident et mon année 2023 n’avait pas été la meilleure. J’étais content que l’on ne m’ait pas oublié. Avant le succès de dimanche, nous prenions beaucoup de plaisir ensemble en voyant les jeunes chevaux débuter, Gran Diose progresser… La première victoire de notre association est le Grand Steeple : nous ne pouvions rêver mieux ! Il y a un vrai travail d’équipe et c’est ce que j’apprécie. J’avais déjà pu découvrir cela lors de mon association avec Gabriel Leenders qui a duré sept ans. Et avec Frédéric Hinderze et Nicolas Bertran de Balanda, nous échangeons beaucoup et nous progressons ensemble.

Ce week-end vous étiez à Auteuil… Et lundi à Orléans. Vous aimez voyager !

Pour moi, un très bon jockey est celui qui est capable de monter partout. Lorsque j’étais petit, mon idole était David Berra. Il pouvait gagner un Gr1 et, le lendemain, monter sur un petit hippodrome. J’ai toujours souhaité reproduire cela. Lundi, aller à Orléans était pour moi quelque chose de normal. Je suis fier d’être un « gars de l’Ouest », mais je veux également prouver être en mesure de gagner de bonnes courses à Paris. Et je l’ai démontré dimanche.

Vous avez fini plusieurs fois sur le podium de la Cravache d’or. Cela fait-il partie de vos objectifs cette année ?

Je veux gagner beaucoup de courses car je suis un compétiteur. Mais lorsque vous êtes Cravache d’argent à quatre reprises, vous souhaitez décrocher l’or au moins une fois. Ce sera bien évidemment un objectif ! J’ai la chance d’avoir la confiance des entraîneurs, un agent (Giovanni Laplace) sur qui je peux compter, une femme qui comprend mes nombreux déplacements, et c’est ce qui me motive. Désormais, j’aimerais vraiment gagner le Grand Cross de Craon !

D’ailleurs, il y a quelque temps, sur le plateau d’Equidia, j’ai dit que je souhaitais davantage remporter le Grand Cross de Craon que le Grand Steeple de Paris. Mais je pense que je ne me rendais pas compte de ce que cela représentait. Je réalise vraiment depuis mardi matin. J’ai tout de même hâte de gagner le Grand Cross de Craon car l’ambiance risque d’être folle ! Mais dimanche à Auteuil, j’ai eu l’impression de retrouver celle que nous connaissons si bien dans l’Ouest. Il y avait du monde, des émotions, des cris… C’était top !

Vous avez cessé votre collaboration avec Gabriel Leenders à l’hiver 2022-2023. Pourquoi et comment avez-vous rebondi ?

C’est grâce à lui que j’ai cette carrière, il m’a beaucoup apporté. Nous nous entendons toujours très bien, nous sommes amis. Notre relation était un peu comme celle d’un couple mais professionnellement, nous n’avions plus les mêmes points de vue et les mêmes objectifs. Depuis, il a gagné au niveau Gr1, a reformé une équipe très soudée et je trouve que j’ai également bien avancé de mon côté. Lorsque nous nous sommes séparés, il a fallu repartir de zéro. Mais tout s’est très vite enchaîné, j’ai gagné le Grand Cross de Pau, puis je me suis accidenté. C’est à ce moment-là que mon agent a été très important. Je suis travailleur, je me suis donné du mal et j’ai pu être récompensé.

Une saison 2023 compromise

Fin février 2023, Clément Lefebvre a subi une lourde chute, qui l’a écarté de la compétition pendant six mois. Résultat des examens : une luxation des ligaments et double fracture de la malléole ainsi qu’une triple fracture du pied. « J’ai été plâtré pendant deux mois, se sont ensuivies trois semaines de rééducation à Cap Breton. Je devais me marier, alors il fallait que je sois présentable ! J’ai dû être réopéré afin d’enlever du matériel avec lequel je ne pouvais pas monter à cheval. J’ai ensuite réalisé un mois de remise en forme pour retrouver de bonnes sensations à cheval. Cette chute m’a ouvert les yeux sur les bonnes choses de la vie. Cela m’a permis de profiter des gens que j’aime. J’ai pris du recul sur le métier et cet arrêt m’a permis de mûrir. J’ai l’impression d’être devenu un homme, humainement et professionnellement. » Si son début de saison 2023 a été compromis, sa fin 2023 et son début d’année 2024 ont été excellents puisqu’il a notamment remporté le Grand Cross de Pau (L) grâce à Hip Hop Conti (Lauro), ainsi que le Grand Prix de la Ville de Nice – Bernard Secly (Gr3) avec Marvel de Cerisy (Masked Marvel).

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