Pourquoi le tracking est un fiasco en France
L’information est tombée jeudi matin. La société McLloyd, à qui France Galop et Le Trot, moyennant finance, ont confié les clés du tracking des courses en France a “pris la décision de limiter la couverture à un nombre restreint de réunions de galop pour les mois d’avril et juin 2024”. McLloyd, tout en s’excusant pour “les désagréments et les incompréhensions des derniers mois”, entend ainsi “privilégier la qualité plutôt que la quantité dès maintenant” et indique que ses équipes “déploient tous les efforts nécessaires pour rétablir un niveau de service optimal dans les meilleurs délais pour un maximum de réunions, mais également qu’elles travaillent en permanence à l’amélioration de leur système de tracking”. Le retour à la normale n’est attendu que pour le mois de juillet, a averti McLloyd. Cela signifie que nos classiques ont peu de chances d’être trackés. Cet aveu d’échec est d’autant plus terrible quand on se souvient de l’enthousiasme que le partenariat signé entre France Galop et McLloyd signé en 2021 avait suscité. Enfin, la France, comme tous les pays importants de la planète courses (les États-Unis, l’Australie, Hong Kong ou encore l’Angleterre), allait disposer d’un système de tracking fiable qui allait apporter des informations autant aux entraîneurs qu’aux parieurs, courtiers, propriétaires, … Comment en est-on arrivé là  ? Il y a plusieurs explications, mais surtout : la responsabilité de ce fiasco nous semble forcément partagée.
Par Guillaume Boutillon
gb@jourdegalop.com
McLloyd reconnaît des erreurs
Dans son communiqué, McLloyd évoque donc une dégradation de la qualité de ses services. Inutile d’enfoncer le clou, mais si l’on ne se réfère qu’à ces derniers mois, le système avait effectivement bel et bien montré ses limites. Alors de quelle “dégradation de la qualité de service” est-il question ? En voici quelques exemples, sachant que la liste aurait pu être beaucoup plus longue (vous avez d’ailleurs été nombreux à nous remonter des incohérences) : le meeting de plat de Cagnes n’avait été que (très) partiellement tracké, des erreurs importantes apparaissaient très régulièrement dans les chiffres (comme celle dans le Prix Troytown, à Auteuil, où Gran Diose avait été flashé à 2,6 km/h à l’ultime obstacle…). Et mardi, c’est l’intégralité de la réunion de Deauville qui n’a pas été trackée, sachant qu’au programme figuraient deux préparatoires importantes en vue des classiques… Encore une fois, il est vain d’accuser McLloyd de tous les maux, sachant que c’est cette même société qui gère (et très bien) le tracking de Hongkong. Mais tracker deux réunions par semaine comme il est question là -bas est bien sûr un exercice hautement moins périlleux que de tracker nos dizaines de réunions hebdomadaires. Au-delà des difficultés informatiques, les “moyens humains” mis à disposition sont peut-être aussi l’une des raisons de problèmes récurrents rencontrés par McLloyd en France. Il n’est pas rare que lorsque la réunion 1 est à Vincennes, la réunion 2 prévue sur un hippodrome dit parisien ne soit pas trackée, faute de personnel. Est-ce normal ? On vous laisse y répondre.
France Galop doit reprendre le sujet
Sans trop nous avancer, nous serions tentés de dire que le tracking fonctionne partout, sauf en France… Des États-Unis à l’Australie, en passant par Hongkong ou encore en Angleterre, tous les pays importants de la planète courses font du tracking un élément essentiel de leur communication, les speed ratings étant même parfois mis plus en avant que les ratings officiels décernés par les Jockey Club des différents pays. Il est donc impératif que France Galop (re)prenne le sujet à bras-le-corps et fasse d’un tracking fiable une priorité. Le tracking est un moyen très efficace de rendre les courses lisibles et transparentes ; ce sont d’ailleurs ces mêmes arguments que la société mère avait utilisés lors de l’annonce de son partenariat avec McLloyd. France Galop n’a pas d’autre choix que de prendre acte de la décision de McLloyd, mais le plus important est ailleurs désormais : la société mère doit veiller à ce que la promesse d’un retour à la normale en juillet soit bien respectée. Avec un système de tracking fiable et complet, c’est l’image des courses françaises qui sera gagnante. Ce qui est certain, c’est que la France a besoin du tracking car si l’on veut attirer les jeunes, c’est l’outil rêvé ! Donc il faut tous que nous fassions attention à ne pas confondre deux choses. D’une part, le fait que McLloyd est en échec. Et d’autre part, le fait que nous avons besoin du tracking. Ainsi, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Et si McLloyd n’y arrive pas, il faudra simplement changer de prestataire.
Les explications de McLloyd
Voici, dans son intégralité, le message transmis par la société McLloyd à France Galop :
« En collaboration avec France Galop, son partenaire, la société McLloyd, chargée des opérations de tracking en course, a pris la décision de limiter la couverture à un nombre restreint de réunions de galop pour les mois d’avril, mai et juin 2024, dans le but d’améliorer la qualité du service.
Le projet de renouvellement du parc de capteurs, initialement planifié pour plus tard, a été lancé en urgence par McLloyd en septembre 2023, mais a connu des retards dus à des pénuries de certains composants électroniques. Cela a entraîné une réduction du nombre de capteurs opérationnels et une dégradation de la qualité du service proposé par McLloyd pour toutes les courses suivies (trot et galop).
En réduisant le nombre de réunions couvertes, l’objectif est donc de privilégier la qualité plutôt que la quantité dès maintenant, en attendant un retour à la normale prévu pour juillet 2024.
Les équipes de McLloyd présentent leurs excuses à leurs partenaires et aux acteurs de la filière pour les désagréments et les incompréhensions des derniers mois. Elles assurent non seulement qu’elles déploient tous les efforts nécessaires pour rétablir un niveau de service optimal dans les meilleurs délais pour un maximum de réunions, mais également qu’elles travaillent en permanence à l’amélioration de leur système de tracking, notamment avec la mise en production d’un nouvel algorithme de positionnement plus précis à partir du 15 avril. »