Quintés en obstacle ? Encore !
Quel est le pari le plus taxé – et donc, quel est le pari qui rapporte le plus à la filière ? Le Quinté+. Quel est le pari sur lequel les enjeux sont les plus proches entre plat, trot et obstacle ? Le Quinté+. Et quel est le pari sur lequel le plat, le trot et l’obstacle font jeu égal ? Le Quinté+. Pourquoi donc vouloir affirmer le contraire ?
Christopher Galmiche
cg@jourdegalop.com
Concrètement, l’écart d’enjeux entre un “bloc événementiel” (nom donné à la course support du Quinté+ et autres jeux à combinaison) en plat et au trot est de l’ordre de 1 % – pour un chiffre d’affaires moyen de 7 M€. Les chiffres, eux, ne mentent pas. Et montrent que l’obstacle, depuis que France Galop a travaillé intensément le sujet, ne sous-performe pas par rapport aux deux autres disciplines.
Les professionnels peuvent être rassurés – après avoir été choqués par un article d’un confrère (“Quinté en obstacle, stop ou encore ?”) qui disait que certaines personnes à Thémis pousseraient pour supprimer quelques Quintés en obstacle, voire les supprimer tout court – ce qui reviendrait à tuer l’obstacle.
De notre côté, nous pensons que cela est à la fois injustifié (du fait des chiffres que nous vous avons proposés en introduction) et surtout très contreproductif pour l’ensemble de la filière puisque l’obstacle fournit des courses et des partants français dont le PMU a besoin pour nourrir son calendrier. Et puis disons-le, cela nous semble également un peu décevant car nous avions cru – naïfs que nous sommes ! – que l’idée de nous regrouper dans un immeuble commun était d’unir nos forces plutôt que d’étrangler le copain d’à -côté au détour d’un couloir…
Pour en revenir aux Quintés+, Auteuil tient particulièrement bien sa partie, notamment parce que beaucoup de Quintés dans la spécialité ont lieu le week-end sur la butte Mortemart – ce qui veut dire : parcours sélectif, bons chevaux, et courses régulières. Mais paradoxalement, cette “dépendance à Auteuil” peut parfois se retourner contre le temple de l’obstacle comme lorsque les jours fériés s’enchaînent (comme on l’a vu à Pâques), ce qui creuse les lots.
Par ailleurs, les Quintés hors Auteuil – à Compiègne, Pau, Clairefontaine et Cagnes-sur-Mer – fonctionnent bien également, même s’ils peuvent produire moins d’enjeux, logiquement, qu’Auteuil. Il n’y a donc aucune “logique d’enjeux” à vouloir supprimer des événements en obstacle.
En réalité, là où l’obstacle produit moins, c’est sur les jeux simples. Dans cette gamme, il y a un fossé à combler et c’est sur ce sujet que planchent certains membres de France Galop. En gommant le fossé, il devrait être possible de remonter une partie de la pente, même s’il ne faut pas oublier qu’en une dizaine d’années, la discipline a perdu six Quintés et la recette qui va avec…
Et pour finir le tableau complet, précisons que l’obstacle réussit bien dans les paris à combinaison de type Couplés, Trios, et Super 4.
Cette année, le ramadan a lieu durant l’une des périodes fortes d’Auteuil (du 10 mars au 9 avril), le mois de mars, ce qui rend les comparaisons particulièrement difficiles avec 2023. Nous savons, en effet, que cet événement religieux impacte négativement les enjeux. Mais le dimanche 3 mars, par exemple, la réunion d’Auteuil était à l’équilibre par rapport à 2023. Du côté de France Galop, on nous a indiqué que l’on n’avait pas l’impression que la tendance pour les enjeux en obstacle était moins bonne que pour les autres disciplines. Précédemment dans l’année, les enjeux à Cagnes en obstacle ont été stables et ceux de Pau sur les courses non événementielles d’obstacle (il y a eu un Quinté de moins) ont été en légère progression.
Redresser la barre des enjeux en obstacle est un travail d’équipe ! Tout le monde doit y prendre part, les institutions comme les professionnels. Plusieurs sujets sont déjà sur la table comme la saisonnalité de l’obstacle qui permettrait certainement de limiter les soucis de santé habituels chez les sauteurs, et la question du programme qui va avec comme sa nationalisation. Au-delà de cela, l’obstacle a des raisons d’espérer. Les rangs des entraîneurs de la discipline se sont considérablement rajeunis. Des propriétaires britanniques commencent à arriver et à faire des associations avec des Français dans le but de conserver des chevaux à l’entraînement en France. Des éleveurs, qui auparavant, vendaient leurs productions “foal” ont changé de politique en courant sous leurs couleurs leurs chevaux. Il y a encore beaucoup d’efforts à faire, mais tout est loin d’être noir !
Nous avons interrogé Patrick Klein, propriétaire-éleveur en obstacle et membre de France Galop. À titre personnel (et non en qualité de conseiller du président, a-t-il insisté), il nous a expliqué : « Le titre de l’article sur le Stop ou Encore m’a fait penser à un tabloïd anglais. Les chiffres publiés dans cette “étude” qui n’en a que le nom contredisent eux-mêmes le titre ! Ils oscillent dans une fourchette de 1,5 % entre plat, obstacle et trot, donc des écarts négligeables. Prendre l’angle des blocs événementiels des courses d’obstacle, comme l’a fait l’auteur, est – j’espère ! – juste un manque de connaissance du sujet. Cela dit, il n’est pas question d’être dans le déni. Les courses d’obstacle doivent améliorer leur contribution à la recette, et certains jeux sous-performent. Des analyses et des réflexions sur les courses d’obstacle sont à l’ordre du jour, c’est un enjeu majeur de la mandature de France Galop, et le travail a déjà commencé. Plutôt que de vouloir jeter le bébé avec l’eau du bain, travaillons à corriger, à optimiser la visibilité et la popularité des courses d’obstacle : c’est l’intérêt de tout le galop ! Souvenons-nous que les meilleures recettes chez nos voisins britanniques ont comme support des courses d’obstacle. » Pour rappel, dans les quarante courses les plus jouées en Angleterre, vingt-huit sont en obstacle. Pourtant, le Racing Post n’a écrit aucun article pour baisser les allocations du plat… Deux salles (pays), deux ambiances (cultures).