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jeudi 26 décembre 2024

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Les traversées de l’Atlantique de Louise Procter (K)

Les traversées de l’Atlantique de Louise Procter (K)

Gagnante du Prix du Belvédère (Classe 1) le 28 mars à Chantilly, Louise Procter (Siyouni) a gagné son ticket pour la Poule d’Essai des Pouliches (Gr1). Elle est née en France, au haras de Saint-Pair, qui l’a élevée et vendue pour le compte de St Elias Stables, l’entité du businessman Vincent Viola. L’histoire de la pouliche passe par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France… Au bon souvenir du haras de Victot.

Par Anne-Louise Échevin

ale@jourdegalop.com

Beaucoup d’entre vous connaissent John Sparkman comme journaliste, lui qui a été le patron de Thoroughbred Times. Fine plume, il a écrit un ouvrage de référence avec une autre légende du journalisme hippique, Tony Morris – In Our Times, que l’on ne peut que vous recommander… John Sparkman a réalisé mille et une choses dans sa vie hippique et est devenu le conseiller bloodstock et croisement de Vincent Viola – dit « Vinnie » –, homme d’affaires, milliardaire, propriétaire du club de hockey des Florida Panthers… Et propriétaire et éleveur de pur-sang. Avec sa famille, en association ou non, citons : Always Dreaming (Bodemeister), gagnant du Kentucky Derby (Gr1), ou encore les lauréats de Gr1 Forte (Violence), Liam’s Map (Unbridled’s Song),  Vino Rosso (Curlin)…

John Sparkman nous raconte : « J’ai rencontré monsieur et madame Viola via mon vieil ami Terry Finley (West Point Thoroughbreds) en 2011, à la vente de yearlings de Keeneland de septembre. J’ai rejoint ensuite l’équipe pour développer une écurie de poulinières. À ce moment, les « Viola » n’étaient pas aussi tournés vers le dirt qu’ils ne le sont maintenant. La première jument que j’ai achetée pour eux aux ventes se nommait Receipt. C’était une fille de Dynaformer, achetée 350.000 $ à la vente de janvier de Keeneland. Elle était pleine d’Indian Charlie, d’où une femelle que nous avons vendue 300.000 $ à 2ans. Elle a été nommée Feathered, a gagné au niveau Stakes et s’est placée de Gr1. Et, plus tard, elle a donné naissance à un poulain par Tapit… Un certain Flightline. »

Au bon souvenir de Victot

L’histoire de St Elias Stables avec la souche de Louise Procter remonte à l’achat de sa deuxième mère, Anabaa’s Creation (Anabaa), pour 450.000 Gns à Tattersalls, en décembre 2013. Gagnante du Prix Isonomy (L), troisième du Saint-Alary (Gr1, à l’époque) et quatrième du Diane (Gr1), elle avait aussi des raisons de « taper dans l’œil » d’un acheteur américain avec une deuxième place dans les Clement L. Hirsch Stakes (Gr1), à l’époque sur la polytrack de Del Mar. Mais il faut en réalité remonter bien plus loin dans le temps pour comprendre ce qui a particulièrement motivé John Sparkman sur cet investissement… « L’année suivante, nous avons encore acheté quelques juments. Monsieur Viola m’a envoyé à la vente d’élevage de Tattersalls. Alors que j’inspectais une jument qui figurait sur notre liste, une autre ne cessait d’attirer mon Å“il dans la cour : elle marchait merveilleusement, avec beaucoup de fluidité, et quand j’ai regardé la page, j’ai réalisé qu’elle était déjà en haut de notre liste. C’était Anabaa’s Creation. Pour comprendre pourquoi, il faut revenir un peu en arrière… De la fin des années 70 au début des années 90, j’étais directeur général de Pillar Stud, le haras de William du Pont III, et nous avions le haras de Victot que nous louions à madame Aumont. Notre jument fondatrice, à Victot, était Alea II (Galivanter), mère du champion Noalcoholic (Nonoalco), mais elle a aussi eu une jolie pouliche par Pharly, nommée Alloy, qui a gagné le Prix de la Calonne et le Prix Honfleur. Nous avions importé Alloy aux États-Unis, elle est à l’origine de la gagnante de Listed Fast Cure (Cure the Blues), mais aussi d’Allwaki (Miswaki), que nous avons vendue yearling… et qui n’est autre que la mère de Première Création (Green Tune) ! Vous commencez donc à comprendre d’où est venu notre intérêt pour Anabaa’s Creation… De plus, lors de sa deuxième place sur la polytrack dans un Gr1 de Del Mar, elle n’a été battue que du minimum par une certaine Zenyatta. Elle était donc une superbe jument en tout point et nous souhaitions donc l’acheter si le prix nous semblait juste. Elle avait 9ans et, comme beaucoup de juments, elle a eu de plus en plus de mal à prendre avec l’âge. En 2020, l’attention de monsieur Viola était beaucoup plus tournée vers le dirt et nous l’avons donc vendue. »

Create a Dream, une carrière marquée par Lady Aurelia

Anabaa’s Creation était pleine d’Oasis Dream lors de son achat à Tattersalls, et quelques mois plus tard, elle a pouliné de Create a Dream, la mère de Louise Procter.

Elle a couru pour St Elias Stables, en début de carrière, chez Wesley Ward, l’homme des 2ans américains de Royal Ascot. Elle fait partie des quelques 2ans que Wesley Ward a débutés directement en Europe – pas courant, mais cela arrive. Create a Dream a fait ses premiers pas en compétition au mois d’avril de ses 2ans à Ascot, sur 1.000m. Elle battait The Last Lion (Choisir) – qui sera rétrogradé de la deuxième à la troisième place –, lequel comptait déjà une course (et une victoire) et remportera ensuite les Middle Park Stakes (Gr1), affichant aussi une deuxième place dans les Norfolk Stakes (Gr2) à Royal Ascot. La victoire de Create a Dream lui a ouvert les portes des Albany Stakes (Gr3), dont elle a conclu quatrième après avoir été seule le long du rail extérieur et « devant et méchant », en pure « Ward ». De retour aux États-Unis, ce fut plus compliqué, même si elle a décroché sa victoire black type dans les Chelsey Flower Stakes. « Create a Dream a montré beaucoup de jolies choses dès ses débuts à l’entraînement, chez Jimmy Crupi, à Ocala. Elle était née pour le gazon et nous avons donc décidé de l’envoyer chez Wesley Ward qui, comme toujours, avait plusieurs pouliches prometteuses, dont la championne Lady Aurelia. Il n’y avait pas assez de courses à disposition pour toutes aux États-Unis et, pour cette raison, il a envoyé Create a Dream en Europe pour ses débuts. Nous étions tous très enthousiastes suite à sa première sortie. Elle battait un poulain qui deviendra un futur gagnant de Middle Park Stakes et nous avions beaucoup d’espoir. Les Viola étaient présents à Royal Ascot ensuite et elle a très bien couru, se retrouvant isolée le long du rail extérieur. Elle est revenue aux États-Unis, a rejoint l’effectif de Chad Brown, a gagné les Chelsey Flower sur 1.700m, donc ce n’est pas la distance qui a causé sa défaite dans les Albany Stakes. À 3ans, elle a développé de petits problèmes récurrents de jambes qui l’ont empêchée de montrer tout son potentiel. Elle avait les capacités de remporter des courses de Groupe. »

De Watership Down Stud au haras de Saint-Pair

Louise Procter est le troisième produit de Create a Dream qui, dans un premier temps, a rencontré les étalons américains Bodemeister puis City of Light. Avec ce dernier, elle a donné Phosphorescence, deuxième du California Derby (L). La jument est partie ensuite en Europe, à la rencontre de Siyouni, en 2020. Un croisement logique, puisque Anabaa’s Creation est une sÅ“ur de Starlet’s Sister (Galileo), la mère de Sottsass (Siyouni) qui, en 2019, a remporté le Prix du Jockey Club avant de se classer troisième du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Grs1). L’année suivante, il remportera la grande course française… John Sparkman explique : « Avec l’attention tournée vers le dirt, nous avons décidé d’envoyer en Europe un petit groupe de juments que les acheteurs américains auraient catégorisées comme ayant un pedigree pour le gazon. Ils étaient donc plus attractifs pour les acheteurs européens. Louise Procter, comme d’autres yearlings, a été vendue pour soutenir économiquement cette décision. Siyouni a été choisi comme premier étalon pour Create a Dream, non seulement pour des raisons logiques de pedigree, mais aussi parce qu’elle est plutôt légère et un sire avec la musculature et la puissance exceptionnelles de Siyouni lui convenait parfaitement physiquement. Create a Dream a été envoyée au haras de Saint-Pair, sur les conseils de Simon Marsh de Watership Down Stud, où sont basées nos juments en Europe. Nous avons toujours aimé Louise Procter et étions ravis qu’elle soit achetée par Peter Brant. »

Restée en France, Create a Dream a rencontré une nouvelle fois Siyouni avant de repartir en Grande-Bretagne. Le produit, une pouliche, avait été inscrit dans le Book 1 de Tattersalls 2023 mais avait finalement été retiré. « Say Yes to Dreams, désormais âgée de 2ans, ressemble plus à sa mère. Nous avons décidé de la garder et elle est chez Donnacha O’Brien. Elle faisait d’ailleurs partie d’un lot de chevaux ayant travaillé récemment sur la piste de Dundalk et son travail était bon. Elle pourrait courir rapidement. La famille Viola avait beaucoup aimé son expérience à Royal Ascot avec Create a Dream et aimerait beaucoup y retourner. Peut-être que Say Yes to Dreams le leur permettra mais il est encore trop tôt pour le dire. Create a Dream a donné naissance récemment à une pouliche par Baaeed (Sea the Stars) et va rencontrer Paddington (Siyouni) cette année. »

L’exception Saint-Pair

Il est rare que le haras de Saint-Pair accueille des juments « extérieures ». Dans le cas de Louise Procter et de sa mère, c’est une histoire d’amitié, qui a donné lieu à une mise en place d’échanges. Andreas Putsch nous a raconté : « Avoir des juments extérieures au haras et présenter des yearlings qui ne sont pas nos élèves est quelque chose de très rare, nous n’avons presque pas de clients. Mais il se trouve que Vincent Viola est un client de Watership Down Stud, puisque ses juments européennes sont basées là-bas, et les juments de Watership saillies en France viennent chez nous. C’est une sorte d’échange, Simon Marsh est un ami. D’ailleurs, nos juments vont à Kiltinan Stud lorsque nous les envoyons à la saillie en Irlande [la base irlandaise de la famille Lloyd Webber, ndlr]. Leur personnel est excellent. Dans le cadre de ces échanges, Louise Procter est donc née et élevée au haras de Saint-Pair, et nous l’avons aussi préparée et présentée à la vente de yearlings d’août Arqana où elle a été achetée par Peter Brant [via Michel Zerolo pour 360.000 €, ndlr]. Elle a toujours été une très belle pouliche et je suis ravi de la voir gagner de cette manière à Chantilly. »

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