L’aventure australienne de Luca Remondet
Par Christopher Galmiche
cg@jourdegalop.com
Les jockeys d’obstacle français s’aventurent rarement à l’étranger pour de longs séjours… sauf exception. Et, s’ils le font, c’est plutôt en Angleterre ou en Irlande, comme Baptiste Le Clerc, Kévin Nabet ou encore Jacques Ricou au cours de ces dernières années. Alors prendre la direction de l’Australie pour monter en obstacle, c’est tout bonnement inédit pour un jockey d’obstacle tricolore. C’est pourtant le chemin pris par Luca Remondet – titulaire de dix victoires pour 100 montes en France en obstacle –, apprenti durant deux ans chez Didier Guillemin puis passé chez Emmanuel Clayeux, où il est resté quatre ans. Dimanche, à Pakenham, dans l’État de Victoria, le seul à organiser des courses d’obstacle en Australie, Luca Remondet a signé sa première victoire dans son pays d’adoption, associé à  Huntly Castle (Sebring), qui débutait en obstacle. Le jeune homme a monté une belle course d’attente à l’arrière du peloton, avant de progresser facilement en troisième position, en face. Huntly Castle s’est assuré aisément l’avantage à la sortie du tournant final, puis il s’est détaché et n’a pas rencontré d’opposition pour finir. Vous pouvez revoir sa course en cliquant ici.
La première question qui vient à l’esprit concernant le jeune jockey français est de savoir pourquoi il a choisi l’Australie ? « En fin d’année 2022, j’ai décidé de faire une pause dans ma carrière de jockey. J’avais un peu de mal à gérer la pression et je me suis dit qu’il fallait faire un break. J’ai toujours eu envie d’aller en Australie. J’y suis donc parti pour trois mois. J’ai adoré ce pays et j’ai rencontré de très belles personnes. On m’a alors proposé de rester en Australie et de prendre ma licence. J’ai passé une année sabbatique sans course et j’ai repris ma licence en 2024. En 2023, j’ai juste monté à l’entraînement chez Tony et Calvin McEvoy, une écurie de plat, pendant six mois, puis je suis parti chez Ciaron Maher, qui a la meilleure écurie d’obstacle. Je suis toujours dans cette écurie. J’ai gagné ma première course avec Huntly Castle pour le petit frère de Ciaron, Declan, qui m’a beaucoup aidé pour obtenir ma licence en Australie. Huntly Castle est un bon petit cheval dont c’était la première course en obstacle. Avant cette victoire, j’avais eu deux montes en obstacle et une en plat. J’ai vraiment été ravi de gagner pour Declan. »
Complètement différent de la France
Évidemment, l’obstacle australien et celui que nous connaissons en France sont différents. Luca Remondet nous a précisé : « Tout est vraiment différent par rapport à la France. On peut monter dix lots le matin. On monte les chevaux, on les travaille puis on les confie à quelqu’un qui s’en occupe. Nous gérons seulement le travail à la piste. Les chevaux d’obstacle en Australie sont principalement des chevaux moyens ou de bons chevaux de plat qui en avaient un peu assez de cette discipline. Globalement, même les chevaux de plat sautent beaucoup le matin, ce qui leur donne du moral et ce qui est bon pour le fitness. Les courses vont plus vite qu’en France, notamment parce que les concurrents ont beaucoup couru en plat. La France et l’Angleterre restent pour moi les temples de l’obstacle, avec les meilleures courses. En Australie, les épreuves ne vont pas en progression : ça va vite, mais cela permet de changer de décor… Les haies sont des claies et le steeple comporte seulement le même fence tout au long du parcours. En Australie, il y a aussi des qualifications pour les chevaux, que l’on appelle des jump trials. J’avais d’ailleurs monté Huntly Castle deux fois dans ces trials. À cette occasion, j’avais dit à son entraîneur que l’on allait pouvoir s’amuser un peu avec lui… »
Prendre du plaisir
Pour sa première saison en piste en Australie, Luca Remondet va peut-être, déjà , monter la plus belle course de haies. Il est aussi apparu dans une vidéo de l’Australian Jumping Racing Association où il a expliqué que le Grand Annual, la plus grande course d’obstacle en Australie, était son rêve : « Évidemment, ce serait beau de gagner le Grand Annual qui est la meilleure épreuve d’obstacle en Australie. Cette année, j’aurai peut-être la chance de la monter, mais je ne vais pas être associé aux favoris car c’est ma première année et j’ai encore beaucoup de choses à prouver. Avec Huntly Castle, normalement, nous allons courir la plus belle course de haies lors du meeting du Grand Annual. C’est déjà énorme pour ma première année ici ! Pour 2024, je n’ai pas vraiment d’objectif. Je veux juste travailler avec des chevaux “sympas”, prendre du plaisir à monter en course, sans trop de pression par rapport à celle que je me mettais en France. Prendre du plaisir sera mon principal objectif. Je suis parti pour rester en Australie. Je n’ai pas l’intention de partir. J’ai rencontré de superbes personnes, une deuxième famille ici et cela se passe très bien. Peut-être que dans quelques années, je rentrerai un hiver pour le meeting de Pau. Comme la saison d’obstacle australienne se déroule de mars à août, c’est jouable… »