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dimanche 24 novembre 2024

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Et à la fin c’est toujours Peslier qui gagne

Et à la fin c’est toujours Peslier qui gagne

En fin de matinée, après avoir monté six lots chez Antoine de Watrigant, Olivier Peslier rentrait chez lui lorsqu’il nous a annoncé sa décision. Après 35 ans d’activité, il met fin à sa carrière de jockey. 

Franco Raimondi

fr@jourdegalop.com

Olivier Peslier a débuté le 5 mars 1989. Et il a choisi une sortie “à la Joe Di Maggio”, la légende du baseball américain : « Jeudi, je monterai deux courses à La Teste et ma carrière de jockey sera alors terminée. Il y a un temps pour tout et le moment de stopper le métier est désormais arrivé. J’ai monté le Quinté de lundi à Bordeaux et c’est après cette course que j’ai pris ma décision. Il faut savoir passer à autre chose… » Joe Di Maggio avait déclaré en 1951 : « Lorsque le baseball ne vous amuse plus, ce n’est plus un jeu. J’ai joué mon dernier match aujourd’hui. » Olivier Peslier ne sera plus revu en course. Mais il ne quitte pas le monde du cheval : « C’est très simple, j’aime tellement monter à cheval que je ne peux pas les quitter. Les chevaux sont à la base de tout. C’est la raison pour laquelle on pratique ce sport. C’est certain, la compétition va me manquer. Quand on monte le matin, c’est un plaisir. En course, nous avons l’adrénaline en plus et c’est un facteur très important. Je me suis vraiment amusé en exerçant ce métier. Si je regarde l’ensemble de ma carrière, je suis très fier de ce que j’ai accompli. J’ai vraiment vécu des moments inoubliables. J’ai travaillé avec des entraîneurs exceptionnels et des propriétaires fantastiques. Ce que je trouve vraiment atypique, c’est d’avoir réussi dans tous les pays : la France d’abord mais aussi l’Angleterre, l’Irlande, le Japon, les États-Unis, l’Allemagne ou même Hongkong, Dubaï ou encore le Qatar. Sans oublier mes rencontres avec ceux qui sont devenus des amis un peu partout dans le monde. En résumé, j’ai plein de souvenirs exceptionnels… »

C’est le bon moment

Au moment de lever le pied, les souvenirs sont plus importants que les regrets : « J’aime mon métier mais il est devenu plus difficile de trouver des clients. Les courses ont beaucoup changé au fil des années. C’est plus compliqué et c’est aussi moins fun de faire ce travail. J’ai eu la chance de monter pendant la grande époque du galop en France comme à l’étranger, mais j’ai le sentiment que nous n’évoluons plus dans le même sport. De grands entraîneurs ont arrêté ou arrêteront, des jockeys aussi. Bref, le moment est opportun… »

Olivier et Lanfranco

Lanfranco Dettori avait annoncé sa retraite à la fin de la saison 2023, mais au final, il est toujours bien là. Il a “juste” changé de pays et est devenu un jockey américain, en quête d’une monte dans le Kentucky Derby. Lanfranco et Olivier sont “copains comme cochons” depuis toujours. Un scénario à la Dettori est-il possible pour la fin de sa carrière ? : « J’avais discuté avec Lanfranco de ce sujet l’an dernier. Il m’avait alors conseillé de suivre la même route que lui et de partir pour les États-Unis. Mais c’était impossible ! Lanfranco a cinq enfants qui sont grands. Ils vivent tous leur propre vie. J’ai cinq filles et les deux dernières sont encore petites. Je ne peux pas les quitter et partir à l’autre bout du monde. Ceci dit, il a eu une magnifique idée et je suis ravi de sa réussite. Quand je lui parle, j’ai toujours le même sentiment : celui d’écouter un ami heureux et épanoui. Maintenant c’est à mon tour de trouver une seconde carrière et de m’amuser tout autant que lui. C’est déjà bien d’arriver à ce stade en bonne santé, en ayant toujours l’envie… »

L’avenir est encore à décider

Olivier Peslier a fêté ses 51 ans en janvier dernier. Un peu tôt pour partir définitivement à la retraite : « J’ai des projets mais c’est encore trop tôt pour en parler. Il est toutefois acquis que je resterai dans le monde des courses puisque l’amour pour le cheval est plus fort que jamais. Ceci dit, je peux vous livrer un scoop : je ne deviendrai pas entraîneur. C’est un travail trop compliqué et il est difficile de trouver du bon personnel. Je ne me vois pas avec la casquette d’entraîneur, d’autant qu’il existe aujourd’hui de nombreux jeunes professionnels qui sont très bons et le démontrent au quotidien, avec une belle réussite sur le terrain. »

Une boîte aux souvenirs bien pleine

La boîte aux souvenirs d’Olivier Peslier est bien remplie : quatre Cravaches d’or, quatre Arcs de Triomphe, plus de 3.750 victoires dont 424 Groupes (sans compter ceux obtenus avec les pur-sang arabes), et ce dans tous les pays. Son premier Groupe a été obtenu en Italie, le 31 mai 1992. Il était en selle sur Dream Talk (Dreams to Reality), un pensionnaire de Nicolas Clément qui s’est adjugé le Premio Melton (Gr2) après avoir battu à la photo Reference Light (Diesis) confié à Mick Kinane. Le dernier est le T. von Zastrow Stutenpreis (Gr2) avec Amazing Grace (Protectionist) à Baden-Baden, le 3 septembre 2022. Olivier a remporté son premier Gr1, le Prix Jean Prat, à 20 ans, en selle sur Le Balafré (Groom Dancer). Son premier classique, l’Irish Derby, lorsqu’il en avait 22. Il était alors associé à Winged Love (In the Wings), le premier Arc avec Helissio (Fairy King) à 23 ans. Enfin, il a triomphé à Epsom à 25 ans en montant au pied levé High-Rise (High Estate) dans le Derby sur demande de Luca Cumani.

Goldikova et plein d’autres cracks

Les champions font la réussite d’un jockey et Olivier en a monté des dizaines. Comme son ami Lanfranco, il est toujours hésitant lorsqu’on lui demande d’établir un classement : « Bien sûr, je ne peux pas oublier une star comme Goldikova (Anabaa). Elle était la classe à l’état pur et a grandement marqué ma carrière. Ceci dit, je ne peux pas faire abstraction d’autres cracks tels qu’Helissio et Peintre Célèbre (Nureyev). Sans oublier d’autres super chevaux tels que Symboli Kris S (Kris S) au Japon. Et j’ai également pu monter d’authentiques cracks pur-sang arabes… » Jeudi, après la réunion de La Teste, on ne retrouvera plus “O. Peslier” dans la colonne des jockeys des programmes. En revanche, le nom du natif de Château-Gontier restera bien ancré dans les souvenirs des propriétaires et des entraîneurs qui ont eu la chance de travailler avec lui. Comme dans ceux des turfistes, et bien entendu, des journalistes qui ont suivi sa carrière. Olivier Peslier a choisi le bon moment pour quitter les vestiaires. Ni trop tôt… ni trop tard. Après tout, comme on avait l’habitude de le dire entre amis : et à la fin c’est toujours Peslier qui gagne !

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