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jeudi 26 décembre 2024

AccueilA la uneAdrien Fouassier, l'émotion puissance XXL

Adrien Fouassier, l’émotion puissance XXL

Adrien Fouassier, l’émotion puissance XXL

« Dimanche, j’ai pleuré comme une « madeleine ». Lorsque je suis arrivé aux courses et que j’ai découvert l’état de la piste, j’étais hyperstressé en raison du manque
de pluie. Après la victoire, toutes les émotions se sont mélangées… Je ne savais même plus pourquoi je pleurais !  » En 2019, après plus de 650 succès en tant que jockey, Adrien Fouassier a mis un terme à sa carrière afin de se consacrer à son nouveau métier, celui d’entraîneur. Cinq ans plus tard, âgé désormais de 37 ans, il a remporté le Prix Ganay, son premier Gr1, le Graal de tout entraîneur, grâce à un 5ans, Haya Zark (Zarak). Il lui doit tout, dit-il.

Par Rose Valais

rv@jourdegalop.com

Le deuxième de la fratrie à gagner un Gr1

« Né à Mantes-la-Jolie, j’ai grandi en Mayenne dès mes 2ans. Je suis l’unique garçon d’une fratrie qui comporte également six sÅ“urs. Ma mère, Danielle, n’a jamais évolué dans le milieu mais mon père, Yves, a toujours été passionné par les chevaux. Il a notamment eu un permis d’entraîner ainsi que ses couleurs. Ma grande sÅ“ur, Valérie Seignoux, a également été touchée par le virus des chevaux. D’abord cavalière, elle est devenue jockey professionnel puis entraîneur. Elle aussi a gagné un Gr1 à Longchamp avec Les Beaufs [le Prix Royal-Oak, ndlr]. Moi, j’ai rapidement pris part à des courses de poneys. J’ai aussitôt apprécié la compétition, même si l’amour du cheval restait le sentiment prédominant. J’ai suivi une formation au CFA de Laval, avec comme maître d’apprentissage Philippe Cormier Martin. Je devais alors me rendre à l’Afasec, mais, trop proche de mon cocon familial, je n’étais pas prêt à partir… J’aurais sans doute eu une carrière différente mais, finalement, je n’aurais sûrement pas été plus heureux. »

Une formation à la « Couétil »

« Suite à mon apprentissage chez Philippe Cormier Martin, chez qui j’ai pu monter en course, j’ai effectué un stage chez Adrien Lacombe puis, lorsqu’Alain Couétil s’est installé, je l’ai rejoint. À ce moment-là, il n’y avait pas de place pour deux jockeys et je suis donc parti chez Yannick Fertillet pendant un an, puis chez Norbert Leenders pendant quelques mois. Il était temps pour moi de retourner chez Alain Couétil, avec lequel j’ai travaillé durant 12 ans. J’ai pensé venir à Paris mais j’étais très bien intégré dans cette écurie et, avant tout, je suis un homme de la campagne. Ma carrière de jockey me sert énormément pour entraîner. Je suis ravi d’avoir pu travailler à ses côtés, et de pouvoir mettre en œuvre ce que j’ai pu apprendre. Qui plus est sur le même centre d’entraînement… »

Entraîneur, le métier d’une vie

« Mon installation était un projet de longue date. J’avais acheté mon écurie en 2016, bien avant d’arrêter ma carrière de jockey. Je ne me voyais pas exercer un autre métier que celui d’entraîneur. Lorsque vous êtes jockey et que l’on vous demande quel métier vous souhaitez faire ensuite, généralement, vous ne répondrez pas entraîneur. Personnellement, je me suis dit pourquoi pas ? De toute façon, je suis incapable de faire autre chose et cela tombe bien car je ne le voulais pas ! Si à la fin de ma carrière, on me demande quel métier j’ai préféré, je sais très bien que je répondrai entraîneur plutôt que jockey.

Tout simplement parce que désormais, je peux vivre ! Jockey, j’étais bridé par le poids, mais maintenant, je peux manger le soir avec des amis, profiter des fêtes de fin d’année… Ma collaboration avec Alain Couétil m’a permis de gagner 400 courses et d’être associé à de très bons chevaux comme Silverwave (Silver Frost) et Tiberian (Tiberius Caesar). C’est une méthode qui fonctionne et je m’en inspire. J’entraîne des chevaux d’obstacle et de plat mais tous mes pensionnaires suivent le même programme au quotidien. »

Le premier entraîneur de Senonnes à gagner un Gr1 en plat

Si Docteur de Ballon avait offert un premier Gr1 en obstacle au centre d’entraînement de Senonnes, Haya Zark est quant à lui le premier à remporter une épreuve de ce niveau en plat. « J’ai choisi de m’installer à Senonnes car je ne partais pas en terre inconnue. Nous avons la chance d’avoir de belles pistes, avec de longues lignes droites qui permettent de tirer le maximum des chevaux. Les pistes sont neuves et bien entretenues par l’équipe du Cergo, ce que je salue. Selon moi, travailler sur un centre d’entraînement est une charge de travail en moins. Actuellement, il y a 735 chevaux qui évoluent à Senonnes mais nous pouvons encore accueillir 80 chevaux. Des aménagements pourront voir le jour, notamment au niveau de certaines pistes de galop de chasse qui pourraient se transformer en pistes de canter, afin de fluidifier les lots. Cette victoire de Gr1 prouve, une nouvelle fois, que nous pouvons entraîner des chevaux de top-niveau sur les pistes du Cergo. »

Trouver un équilibre

« Actuellement, j’ai 14 salariés pour une soixantaine de chevaux. Lorsque je me suis installé, mon effectif a évolué assez rapidement. Je suis monté jusqu’à 80 chevaux mais, à cette époque, je n’étais pas assez secondé. Lorsque l’effectif augmente, il faut que le personnel suive et c’est souvent le plus compliqué. Dans mon écurie principale, j’ai 40 boxes et j’en construis 10 nouveaux. Je souhaite me limiter à un effectif se situant aux alentours de 60 pensionnaires. J’aime également me rendre aux ventes. Cela me permet d’acheter de jeunes pousses et je prends plaisir à le faire. Lorsque nous avons un cheval qui arrive à l’écurie, ce sont trois qui partent, avec les accidents, les repos, les chevaux qui vieillissent… En revanche, les 2ans et moi, cela « fait deux ». Je n’ai jamais appris à façonner un 2ans finalement. Je préfère vraiment faire vieillir mes chevaux. »

La rencontre avec Odette Fau

Tao et Lina, les enfants d’Adrien et Agathe Fouassier, se déplacent toujours avec leurs parents, mais dimanche, il y avait des courses de poneys à Senonnes. Tao, l’aîné, y participait et malheureusement, la journée n’a pas commencé de la meilleure des manières, puisque Tao est tombé au départ… sous les couleurs d’Odette Fau ! Mais comme le dit si bien le dicton : « Une chute appelle un gagnant ». Et, quelques heures plus tard, Odette Fau et Adrien Fouassier remportaient leur premier Gr1. « En tant que jockey, j’ai pu monter pour Odette Fau. C’est une personne très humaine qui avait été marquée par mon accident au Lion-d’Angers [en mai 2017, il avait été plongé dans le coma, ndlr]. Elle n’a pas hésité à me confier un cheval, puis deux… Elle a également été conseillée par Loïc Guilloux qui a débourré et pré-entraîné Haya Zark. »

Haya Zark, comme vous ne le connaissez pas

« À 2ans, Haya Zark était un petit fougueux. Nous avions l’impression de monter un 4ans dans un corps de poulain. Au fil des saisons, il est rapidement rentré dans le moule. Nous l’avions préparé pour courir à 2ans avant de suivre un programme assez chargé. Il est encore un peu brutal lorsqu’on s’occupe de lui mais il est facile à monter. Le matin, c’est Pierre Silloray qui lui est associé depuis un an et demi. C’est un homme de cheval qui possède toutes les qualités requises pour façonner les « bons ». Il est d’ailleurs présent à l’écurie depuis mes débuts.

Haya Zark est dur, il s’adapte à tout très facilement. Il peut encore être un peu bouillant, c’est pour cela qu’il est mieux sur 2.000m. Mais il se remet très bien de toutes ses saisons et de toutes ses courses. En début d’année, je l’ai récupéré du haras des Pierres Follets dans un état magnifique. Ce haras effectue un très bon travail avec le cheval. L’unique défaut d’Haya Zark, c’est son côté un peu brutal, bien qu’il soit très facile à entraîner. La suite de sa carrière est encore en suspens mais celle d’étalon sera privilégiée. Nous avons désormais gagné un  Gr1, alors que vouloir de plus ? »

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