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jeudi 26 décembre 2024

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Majborough (K) en tête d’un trio français

Cheltenham Festival

Cheltenham (GB), vendredi

JCB Triumph Hurdle (Gr1)

Majborough (K) en tête d’un trio français

Vainqueur du Prix Grandak 2023 sous l’entraînement de Daniela Mele, Majborough (K) (Martinborough) avait été acheté dans la foulée par John-Patrick McManus avant d’intégrer l’écurie de Willie Mullins. Ce dernier l’avait jugé digne de débuter directement dans le Spring Juvenile Hurdle (Gr1) à Leopardstown, dans lequel il avait obtenu une prometteuse troisième place. Vendredi, dans le JCB Triumph Hurdle (Gr1), l’élève d’Hubert Langot a répondu aux attentes de son mentor qui en escomptait de nets progrès. Il s’est imposé devant deux autres French breds : Kargèse (K) (Jeu St Éloi) et Salver (Motivator).

Attentiste en cinquième position, en étant un peu allant par moments, Majborough a très bien sauté et il s’est rapproché après le passage du virage des tribunes. Il est passé troisième pour aborder le tournant final et est entré en tête, avec Kargèse à ses côtés, dans la ligne droite. Cette dernière semblait être au-dessus de son rival mais Mark Walsh, jockey de Majborough, ne s’est jamais affolé. Et Majborough en « avait encore sous la pédale ». Il a pris l’avantage à Kargèse à la réception de la dernière claie, avant de filer au poteau pour l’emporter avec de la marge. Kargèse a terminé bonne deuxième. Elle s’est montrée un peu allante aux avant-postes ce qui lui coûte peut-être un peu à la fin. Mentor des deux premiers, Willie Mullins a signé le jumelé gagnant.

Un aboutissement !

Contacté par téléphone, Hubert Langot, éleveur de Majborough, nous a déclaré : « En regardant la course, nous avons toujours peur tant que le poteau n’est pas passé. À 400m, son jockey l’a laissé respirer et je me suis posé des questions à cet instant Mais, heureusement, le cheval a fait la différence ensuite. Je pensais que si nous prenions une place, nous serions déjà contents… C’est notre premier succès de Gr1 au Festival de Cheltenham. C’est un aboutissement ! C’est un vrai plaisir pour notre élevage familial. Il est en effet très rare d’avoir des chevaux de ce niveau-là ! J’avais été à Martinborough car la mère était très difficile au départ. Le cheval me paraissait bien et il avait des performances. Je connaissais Martinborough via Guy Cherel. D’ailleurs, je vais remettre une sÅ“ur de Majborough à Martinborough. Nous n’avons plus la mère de Majborough, mais nous avons plusieurs de ses sÅ“urs. C’est une souche familiale que nous travaillons depuis les années 80. Il y a toujours eu de très bons chevaux et nous en avons eu un qui était à l’arrivée du Grand Steeple-Chase de Paris. Nous avons une dizaine de poulinières à l’élevage. Au départ, j’étais gentleman-rider après avoir commencé dans les courses de poneys et j’ai pu vivre ma passion. J’ai repris l’élevage à la suite de mon père. »

Un Willie Mullins conquis !

Mentor des deux premiers, Willie Mullins a déclaré au sujet de Majborough : « Je suis vraiment surpris de sa cote de 6/1. Je pensais qu’il serait favori. C’était mon préféré dans ce Gr1. Beaucoup de mes pensionnaires ont nettement progressé lors de leur deuxième sortie de la saison. Son jockey avait beaucoup appris du poulain après ses débuts irlandais. Nous pensions aller devant, mais il a finalement dû attendre un peu. Cela montre le rythme sélectif qu’il y avait. Lorsqu’il est arrivé à l’écurie, on m’a dit que c’était un cheval pour le Triumph et moi je pensais plutôt qu’il était un cheval de Gold Cup ! C’est un super cheval ! Physiquement, il ressemble à un cheval de 4.800m. Il a besoin de se remplir, mais après un été à l’herbe, ça ira ! Qui sait à quel point il peut être bon ? Parfois, avec les jeunes, leur meilleure saison est celle de leurs 4ans, mais Majborough n’a pas l’air d’être dans ce cas de figure. Même si ce n’est pas facile d’aller sur les épreuves de novices en steeple à 5ans, c’est certainement ce que nous ferons la saison prochaine. »

Sa mère est la propre sœur du gagnant de Groupe Majala

Majborough est issu de l’inédite Janimone (Lavirco), qui a notamment donné Jani Perse (Bernebeau), lauréat d’un réclamer en steeple-chase de Cagnes-sur-Mer. Guy Petit a acheté Janimone pour seulement 2.500 €. La poulinière a un 2ans par Walzertakt (Montjeu) né chez Jean-Charles Haimet et un yearling, Silver de Ceres (Silverwave). C’est une propre sÅ“ur de Majala (Lavirco), gagnante de l’Arkle Trophy Trial Novice Chase (Gr2).

Sous la deuxième mère Majathen (Carmarthen), on retrouve de très nombreux black types en obstacle, dont Majadal (Cadoudal), lauréat des Prix Troytown (Gr3) et troisième du Grand Steeple-Chase de Paris (Gr1), Turthen (Turgeon), vainqueur du Prix Fifrelet (L), de Janika (Saddler Maker), deuxième de l’Ascot Chase (Gr1), ou encore de Janidil (Indian Daffodil), gagnant de la Gold Cup Novice Chase (Gr1)… liste non exhaustive !

Martinborough éclate au grand jour

Majborough est un fils de Martinborough (Deep Impact), désormais stationné au haras de la Baie après avoir débuté sa carrière au haras de Grandcamp. La réussite de Martinborough, c’est l’histoire d’un pari courageux (et réussi) de Guy Cherel et Jean-Philippe Dubois qui sont allés acheter le cheval au Japon (par l’intermédiaire de Laurent Benoit) avec la conviction que Deep Impact (Sunday Silence) était un père de père en puissance. Il se trouve que Majborough n’est pas un accident de parcours car d’une manière générale, Martinborough a d’excellentes statistiques, avec 46 % de gagnants par partants en obstacle et plus de 7 % de black types. C’est l’un des meilleurs jeunes étalons d’obstacle selon ces critères.  S’il n’est pas exporté en Irlande – on imagine que le téléphone des propriétaires ne va pas arréter de sauter – c’est une belle option à petit prix pour les éleveurs français. Par le plus grand des hasards, nous avons rencontré à Doha au Qatar celui qui fut l’entraîneur de Martinborough, Yasuo Tomomichi. Le professionnel japonais nous avait alors confié : « Martinborough était un cheval fort mentalement et physiquement, avec un bon pedigree. Je me disais qu’il aurait donc sa chance comme étalon en France, même s’il y a beaucoup de sires de premier plan en Europe. La question était de savoir s’il parviendrait à attirer de bonnes juments. Lui-même a vu le jour au mois d’août au Japon (selon le calendrier de l’Hemisphere Sud) car Northern Farm l’ait élevé avec l’intention de le faire courir en Australie. Cependant, à cause de la grippe équine, ils n’ont pas pu l’exporter, et il a donc fallu le faire courir au Japon. Du fait de ce décalage dans le calendrier entre les deux Hémispheres, il a eu besoin de temps. C’était un cheval calme et très facile à manipuler. Il avait un grand esprit de compétition et a gagné le Niigata Kinen (Gr3) 2014 en refaisnat la dernière ligne droite (son jockey a d’ailleurs été suspendu). Après le Tenno Sho 2014, il a malheureusement été arrété une année à cause d’une blessure au marcheur, alors qu’il était en période de repos. » D’une manière générale, les chevaux élevés, achetés, vendus ou supervisés par Guy Cherel ont fait feux de tous bois lors de cette édition 2024 du meeting de Cheltenham. 

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