Lossiemouth (K) était intouchable

La championne Lossiemouth (K) (Great Pretender) aurait détenu une première chance si son entourage l’avait envoyée sur le Champion Hurdle (Gr1), au regard de sa démonstration dans l’International Hurdle (Gr2). Mais son mentor, Willie Mullins, et son propriétaire, Rich Ricci, ont préféré jouer la carte de la sagesse en visant le Mares’ Hurdle (Gr1), dont elle était grande favorite. Un choix judicieux puisque la jument s’est de nouveau illustrée lors du Festival, un an après sa victoire dans le Triumph Hurdle (Gr1).

Longuement attentiste dans la seconde moitié du peloton, Lossiemouth a fait mouvement en haut de la montée qui précède le tournant final, passant sixième avec beaucoup de ressources. Troisième à la sortie du tournant final, elle est venue au canter à hauteur de Telmesomethinggirl (Stowaway) à l’entrée de la ligne droite. Elle a passé la dernière claie en tête sous la clameur du public, avant de déposer ses rivales sur le plat pour s’imposer de trois longueurs. Telmesomethinggirl a conservé la deuxième place, précédant l’ex-pensionnaire de David Cottin Hispanic Moon (Spanish Moon), excellente troisième pour sa découverte de Cheltenham.

Malheureusement, nous ne verrons pas Lossiemouth à Auteuil cette année, contrairement à ce qui avait été évoqué. Son entraîneur, Willie Mullins, a dit : « Elle a été exceptionnelle ! C’est une jument pour le Champion Hurdle, nous le pensons tous ! Mais nous avons pris la bonne décision en ne la courant pas dans le Champion Hurdle cette année. Cela aurait été plus dur pour elle, à 5ans, dans ce Gr1. Je pense que la clameur sur la dernière claie vient en grande partie de moi (rires)… Je ne pense pas que nous irons en France. Elle devrait aller à Punchestown pour le Gr1 réservé aux femelles puis nous discuterons avec Rich Ricci [lequel a confirmé l’objectif du Champion Hurdle 2025, ndlr]. » Alors que Willie Mullins l’invitait à venir dans le rond des vainqueurs, nous avons pu échanger avec le co-éleveur de Lossiemouth, Nicolas Madamet, qui avait la larme à l’Å“il : « C’est extraordinaire, formidable… Élever une jument comme Lossiemouth pour un petit éleveur, c’est vraiment extraordinaire ! C’est la meilleure que j’aie élevée. J’aime beaucoup Great Pretender et j’ai élevé de bons chevaux avec cet étalon. Lossiemouth a une propre sÅ“ur qui est née il y a un mois et est déjà vendue. Mais nous avons une autre sÅ“ur par Sinndar [Springcroft, ndlr] qui vient de pouliner également de Great Pretender. C’est une belle pouliche que nous allons essayer de garder. » La foal propre sÅ“ur de Lossiemouth a en effet été acquise par l’écurie Benaroussi. Pierre Boulard a acheté Lossiemouth et il nous a expliqué : « Nous l’avions achetée car sa performance en débutant à Auteuil, où elle avait gagné brillamment malgré une grosse faute à la dernière haie, nous avait plu. La veille de ses débuts, je l’avais vue à l’écurie, chez Yannick Fouin. Ce dernier m’avait dit de la regarder. Lorsqu’elle est sortie du box, elle m’a séduit. Nous étions prêts à « faire feu » le lendemain à l’occasion de ses premiers pas. Great Pretender donne de très bons chevaux et ses bonnes femelles sont souvent exceptionnelles. »

Élevée par l’élevage des Vallons (Nicolas et Cécile Madamet) et Ian Kellitt, Lossiemouth est une fille de Great Pretender (King’s Theatre), étalon au haras de la Hêtraie, et de Mariner’s Light (Gentlewave), lauréate sur 2.500m, à Argentan, au printemps de ses 3ans. Présentée yearling par Normandie Breeding lors de la vente d’automne Arqana, elle a été rachetée 14.000 €. C’est la sÅ“ur de Springcroft (Sinndar), vainqueur en plat et sur les haies de Vitré, et de Saltash Mariner (Doctor Dino), placé sur les haies de Dieppe. Après Lossiemouth, Mariner’s Light a eu une 2ans, Morayfirth (Walzertakt), et donc une foal de Great Pretender. La deuxième mère, Lady Glitters (Homme de Loi), a pris deux troisièmes places de Listed sur le mile au premier semestre de ses 3ans. Lossiemouth est la nièce de Lord Glitters (Whipper), gagnant des Queen Anne Stakes et du Jebel Hatta (Grs1), de Pivoline (Pivotal), la mère de Petit Chevalier (High Chaparral), vainqueur du Prix Gontaut-Biron (Gr3). Il s’agit de la grande souche Bader, celle de Marie de Ken (Kendor).