Le nouveau rôle du secrétariat des commissaires
Le secrétariat des commissaires est un service qui monte à France Galop. Au centre des préoccupations de ce département dirigé par Samuel Fargeat, une volonté d’homogénéité des décisions et des sanctions sur le plan national, et une envie de toujours plus de transparence pour les parieurs et les socioprofessionnels.
Le département du secrétariat des commissaires existe depuis un peu moins de 20 ans. Et s’il est placé sous la responsabilité d’Henri Pouret, le directeur-général délégué de France Galop, c’est Samuel Fargeat qui le dirige. Depuis quatre ans, maintenant. Au retour d’un voyage aux États-Unis où il représentait France Galop à l’O.R.I. (lire encadré), cet ancien jockey nous a présenté les missions bien précises d’un service appelé à travailler avec différentes composantes de la société-mère mais aussi des tutelles, comme le ministère de l’Intérieur. « Une bonne journée pour un secrétaire des commissaires de courses, c’est quand il ne se passe rien : cela signifie qu’il n’y a pas eu de problème de régularité ni de comportement. Le rôle du secrétaire des commissaires est d’apporter une assistance technique aux commissaires le jour des courses, notamment sur les réunions premium, afin d’assurer une homogénéité des décisions et des sanctions sur le plan national. Notre but est que les courses tendent toujours vers plus de régularité. Nous assurons une correspondance avec les socioprofessionnels, comme les demandes de jokers pour les pilotes ou les dérogations pour qu’un cheval puisse entrer le dernier dans sa stalle. Nous assurons également une permanence téléphonique les week-ends et les jours fériés sur les P.M.H., puisqu’il n’y a pas de secrétaires des commissaires présents sur place. »
Des demandes d’explications de performance multipliée par trois
Le service se compose de cinq personnes à temps complet, auxquelles s’ajoutent deux anciens jockeys, Laurent Gérard et, plus récemment Olivier Plaçais. Quatre autres personnes sont également susceptibles de faire des vacations. « Avoir au sein de l’équipe des anciens jockeys nous permet de mieux expliquer les décisions, d’être aussi plus proches des professionnels. S’assurer que le Code des courses est appliqué au niveau national et que toute décision prise est conforme au Code est notre objectif. Ce sont les commissaires qui ont le pouvoir décisionnaire. Les secrétaires, eux, sont là pour la rédaction des procès-verbaux afin que les décisions soient bien comprises des professionnels mais aussi des parieurs. Nous voulons qu’une décision prise sur l’hippodrome du Croisé-Laroche, par exemple, soit la même que celle prise pour les mêmes faits n’importe où en France. Cela permet la parfaite équité entre les concurrents. Le rôle du service régularité des courses est de regarder si, dans un parcours, chaque concurrent a défendu au mieux les intérêts des parieurs. Ils ont davantage de temps que les commissaires, c’est pourquoi ils peuvent étudier les performances passées ou les engagements à venir avant d’établir un rapport et d’appeler les secrétaires ou les commissaires. Nous cherchons à avoir la plus grande transparence possible vis-à -vis des parieurs. L’an dernier nous avons demandé plus de 1.000 analyses de performances. Il y a de ça deux, trois ans nous étions à 300 demandes d’explications des performances. »
Diminution des comportements fautifs
Cela ne vous aura pas échappé, la Police des jeux intervient davantage dans les courses qu’il y a une époque. Le service, aujourd’hui dirigé par Stéphane Piallat, est très présent sur les hippodromes. Samuel Fargeat nous a expliqué : « Nous travaillons ensemble, c’est-à -dire que nous pouvons leur remonter certaines informations, et eux peuvent agir de même avec nous. Ils ne sont pas là pour se substituer aux commissaires de courses, loin de là . Quand les commissaires de courses prennent des décisions disciplinaires, le service central des courses et jeux prend, s’il le veut, des décisions administratives. C’est donc totalement différent. » Au sujet des sanctions, Samuel Fargeat précise : « Nous avons constaté une réelle diminution des comportements fautifs des jockeys durant les parcours. Depuis que nous sommes passés à quatre sollicitations avec la cravache, il y a également une forte diminution des sanctions sur cette thématique. Il faut féliciter les pilotes, car ils ont parfaitement pris conscience de l’importance de cette nouvelle mesure. D’après nos statistiques, nous avons également eu moins de jockeys positifs aux psychotropes qu’en 2022. Les contrôles sont totalement aléatoires et il y a au minimum deux contrôles biologiques et deux éthylotests par jour et sur chaque hippodrome. »
Pourquoi France Galop a intégré l’O.R.I.
Pour la première fois, la France était présente à la conférence annuelle de l’Organisation of Racing Investigators (O.R.I.) qui s’est déroulée du 3 au 6 mars 2024, en Pennsylvanie, aux États-Unis. L’O.R.I. est composée de professionnels spécialisés dans les enquêtes notamment liées aux courses hippiques. Les membres de l’O.R.I., qui représentent différents pays, appartiennent à des organisations gouvernementales, à des services de police spécialisés ou à des autorités hippiques.
Les travaux de l’O.R.I. portent principalement sur la lutte contre le dopage des chevaux, la manipulation des courses, la maltraitance équine, la toxicomanie, le blanchiment d’argent, la cybercriminalité et la fraude. Ses investigations couvrent toutes les infractions aux règles qui régissent les courses de chevaux et les activités de pari mutuel. Samuel Fargeat nous a expliqué : « En France, nous sommes sous la tutelle et en compétences liées avec le Service central des courses et jeux, et la Police dispose de certains services que les commissaires n’ont pas. En intégrant l’O.R.I., nous nous tenons informés des différentes manières de travailler, d’enquêter, pas seulement aux États-Unis, mais aussi en Irlande ou en Angleterre, car ces deux pays, par exemple, ont intégrés l’O.R.I. avant nous. Échanger autour des méthodes de travail concernant la régularité des courses est très important. Cela permet aussi de montrer que nous sommes une grande nation de courses. »
La nouvelle doctrine pour juger les courses
D’inspiration anglaise, une nouvelle doctrine a été mise en place en 2018 sur la manière de juger les gènes et les conséquences. Depuis, bien plus d’arrivées ont été maintenues. Voici les questions que les commissaires doivent se poser quand ils constatent un mouvement dans un parcours :
1. La gêne constatée a-t-elle engendré la chute d’un concurrent ?
2. Cette gêne constatée vient-elle d’un comportement dangereux d’un jockey (le jockey a-t-il agi sciemment ?) ou d’un comportement non-dangereux ?
3. Le cheval gêné a-t-il été empêché d’obtenir une meilleure allocation ?
4. Si la gêne n’est pas déterminée comme dangereuse, est-on sûr que le gêné aurait devancé le gêneur ?
Vers une pénurie de commissaires de courses ?
Les commissaires de courses sont tous des bénévoles. Recrutés par la Fédération nationale, ils disposent d’un agrément et ne peuvent effectuer plus de 100 vacations par an et, le jour de leurs 75 ans, ils perdent leur agrément. « Depuis plusieurs années, nous perdons plus de commissaires que nous en recrutons. Nous en perdons entre 30 et 40 par an et en agréons entre 15 et 20…Sur les cinq dernières années, et uniquement en raison de la limite d’âge, nous avons perdu 230 commissaires pour environ 130 nouveaux agréés. Cette ressource de bénévoles est une vraie question, sachant qu’en plus il faut passer un examen assez poussé pour devenir commissaire de courses. »