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lundi 23 décembre 2024

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FUN WITH FLAGS ET SI C’ÉTAIT ELLE ?

FUN WITH FLAGS ET SI C’ÉTAIT ELLE ?

Le Prix de Diane Longines a lieu dans 13 semaines. À l’échelle d’une saison classique, c’est une éternité. Pourtant, en remportant le Prix Rose de Mai (L), Fun with Flags (Zoffany) a quasiment validé son ticket pour le classique. Mais c’est sa victoire dans une Classe 2, le 15 janvier à Cagnes-sur-Mer, qui a sauté aux yeux des spécialistes des chronos, français comme américains. Selon leurs analyses, Fun with Flags a tout d’une grande. Elle porte le rêve classique de ses propriétaires, James et Erika Gilliar, deux citoyens du monde qui ont posé leurs valises hippiques en France. Fun with Flags représente également l’opportunité pour Jérôme Reynier d’entrer dans une autre dimension. Le professionnel de Calas a remporté 21 Groupes en l’espace de cinq ans, montrant une réelle maestria pour faire progresser les chevaux avec le temps. En 2024, pour la première fois, il a peut-être une 3ans capable de lui ouvrir les portes des classiques…

Fun with Flags (Zoffany) est née en Irlande, à Airlie Stud, le haras fondé par le mythique capitaine Tim Rodgers. Fils d’entraîneur classique et aide de camp de Winston Churchill durant la guerre, Rodgers bénéficiait d’un entregent peu commun. Au point que c’est lui qui a obtenu du gouvernement irlandais la fiscalité avantageuse pour l’étalonnage en 1969. En Irlande, on vous dira que pour y parvenir, il avait pris en pension les juments d’un ministre. On n’est jamais mieux servi que par soi-même et Tim Rodgers fut l’un des grands étalonniers européens des années 1970 (Habitat, Petingo, Ela-Mana-Mou…) avant de s’avouer vaincu face à l’irrésistible ascension de Coolmore.

Fun with Flags, elle-même, est issue de l’avant-dernière génération de l’étalon de Coolmore Zoffany (Dansili), qui était au moment de sa conception en perte de vitesse sur le plan commercial. C’est le jeune (mais déjà célèbre) Patrick Turley qui l’a achetée yearling à l’Orby Sale, pour 50.000 €. Forgé par le redoutable marché des point-to-points, ce pinhooker n’a pas eu peur d’enchérir sur un cheval de plat et l’a revendue 62.000 € lors de la breeze up de Goresbridge. Avec son accent « irlandais du nord » à couper au couteau, Patrick Turley nous a confié : « Airlie Stud, est l’un des meilleurs haras d’Europe. Lors de l’achat, pour être tout à fait honnête, je ne savais pas si j’allais la garder pour faire une poulinière, vu son pedigree… ou si elle allait repasser en vente. Elle n’était pas précoce, mais montrait une réelle aptitude. J’ai donc attendu la dernière breeze up de l’année. Après son breeze, elle s’était mise à tousser. Il faut bien vivre et j’ai donc décidé de la laisser partir avec un petit profit. »

Par Adrien Cugnasse

ac@jourdegalop.com

Battre la banque

Au jeu des breeze ups, on doit non seulement affronter les pinhookers irlandais, mais également des acheteurs très « affûtés ». Autant dire que les bons chevaux sont rarement bradés par ces gens qui ont « les yeux en face des trous ». Mais comme au black-jack, on peut tout de même battre la banque… à condition de parvenir à exploiter les failles du marché. Au moment d’évoquer l’achat de la pouliche, James Gilliar – propriétaire de la pouliche avec sa femme, Erika – ralentit le débit de sa parole : « Aux breeze ups, il reste possible de faire des affaires. Nous avons connu les deux côtés de la barrière. Katie Walsh présentait Maliparmi (Ribchester) pour nous chez Goresbridge. Mais elle n’a intéressé personne car elle n’était pas assez mature pour l’exercice. Et les Ribchester (Iffraaj) avaient la réputation d’être difficiles. Nous avons donc conservé Maliparmi et elle a été lauréate de stakes en octobre dernier. Fun with Flags est par Zoffany. À mon sens, c’est un étalon sous-estimé. On sait que le croisement du sang de Dansili (père de Zoffany) et de Galileo (père de la mère de Fun with Flags) est une réussite. J’aime beaucoup lorsque les chevaux de breeze up sont montés avec patience. Dans la feuille des chronos, elle était au milieu du classement, mais en ayant galopé sans pression. Jean-Charles Lepeudry a étudié son dossier à distance. Pour moi, c’est l’un des meilleurs vétérinaires au monde parce que ce n’est pas un pur théoricien, il replace vraiment les choses dans leur contexte. Notre courtier, Paul Harley, ne pouvait pas non plus faire le déplacement en Irlande. Nous avons travaillé avec eux à distance. Il y a une part de chance dans le fait que Fun with Flags soit aussi bonne. Mais c’est également le fruit d’un véritable travail collectif. D’une certaine manière, c’est la chose la plus importante que 20 années d’activité dans les courses m’ont appris : il faut une bonne équipe. » Fun with Flags, après les breeze ups, est partie se mettre au vert chez Anna Sundstrom. Elle a ensuite rejoint l’effectif de Jérôme Reynier, mais n’a débuté qu’au mois d’octobre de ses 2ans par une victoire.

Aller dans le détail

Lorsqu’il entre dans la pièce, James Gilliar en impose. Il a le physique d’un combattant de MMA. Dès le premier mot, hyper chaleureux, on sent que la passion des courses l’habite. Point par point, étape après étape, il détaille méthodiquement tout ce qui touche aux chevaux qu’il fait courir avec sa femme, Erika : « Quand vous voyez Aidan O’Brien après ses grandes victoires, il reste concentré et met en avant son équipe. Jérôme a ce côté-là : de la patience avec les chevaux et les clients, beaucoup de maturité et la capacité à faire vivre une équipe performante autour de lui. Malgré son jeune âge, il a totalement intégré le fait que la clé de la réussite était là. Tout le contraire d’un « dictateur » ! Certains entraîneurs fonctionnent complètement à l’instinct et avec réussite. Mais la manière de faire de Jérôme nous convient mieux. Comme nous, il aime aller dans le détail, réfléchir, avoir une stratégie. C’est un maître pour engager. »

On dit que les bons chevaux font les bons entraîneurs. C’est vrai, mais la réciproque l’est tout autant. Et Jérôme Reynier marche sur l’eau en ce début d’année : tête de liste à l’heure où nous écrivons ces lignes, il compte 26 % de gagnants et 48 % de placés par partant en 2024. Ce qui apparaît remarquable, c’est que dans le top 20 français de l’an dernier, il a été le seul entraîneur à cumuler un nombre élevé de courses par cheval (5 sur la saison), avec un taux de victoires au-delà des 15 % (19 % dans son cas) et la moitié de ses partants placés (49 %). Il est possible de faire monter son taux de victoires en courant moins, mais maintenir les trois indicateurs élevés en même temps… c’est très difficile ! Certains esprits chagrins rétorquent qu’il exploite à fond le programme du Sud-Est. Soit. Mais si on ne se concentre que sur les Listeds et Groupes de notre pays – principalement hors de sa région donc –, Jérôme Reynier compte 57 % de placés. Chez les entraîneurs français ayant eu au moins 10 partants black types en 2023, seul Jean-Claude Rouget a fait mieux.

James Gilliar reprend : « Nul ne peut prédire l’avenir, mais je pense que Jérôme a potentiellement un très grand avenir. C’est peut-être un leader de l’entraînement français en devenir. La grande question étant bien évidemment de mettre sur pied l’organisation adéquate, d’avoir les bons chevaux et de trouver un mode de fonctionnement qui s’adapte au fait que les bonnes courses sont loin de Marseille. Dans cet univers, beaucoup de gens ne prennent pas le temps d’apprécier à leur juste valeur le succès lorsqu’il se présente. Jérôme, lui, mesure le bonheur de chacune de ses victoires. Il détient aussi le parfait équilibre entre aimer les animaux et être objectif à leur sujet. Ce qui n’a rien d’aisé. Mais son métier n’a rien de facile d’une manière générale… Car il est souvent moins risqué de dire à un propriétaire que sa femme est moche plutôt que son cheval est mauvais… »

« Il est souvent moins risqué de dire à un propriétaire que sa femme est moche plutôt que son cheval est mauvais. . »

« Purple patch »

Au sujet de Jérôme Reynier, nous avons interrogé un de ses plus anciens clients, Jocelyn Targett, qui est à même d’envisager cette réussite au-delà de la forme du moment : « Jérôme est quelqu’un de très intelligent. Et c’est à la fois un véritable homme de cheval et un entraîneur qui communique avec sa clientèle. Le cumul de ces deux qualités fait de lui une exception. Ce qui est d’autant plus remarquable, c’est que Jérôme est quasiment un autodidacte de l’entraînement. Il n’a pas été l’assistant d’un grand nom et a donc appris en pratiquant. Je pense qu’il a une réelle capacité à saisir ce dont un cheval est vraiment capable et à quel moment on peut le lui demander. Sa réputation de travailleur acharné n’a rien d’usurpé. » À cet instant de la conversation, le Britannique utilise l’expression anglaise « purple patch » pour décrire la forme de son entraîneur. Il n’est pas simple de traduire littéralement cette expression. Mais elle dénote d’une grande et irrésistible réussite, la formule provenant d’un poème d’Horace qui fait référence au violet, « purple » en anglais . Soit la couleur de l’empereur dans la Rome Antique. Pour autant, il n’y a rien d’élitiste chez Jérôme Reynier, « qui vibre toujours pour une victoire à Agen. On peut le dire, il est capable de tout entraîner. Mais pour y parvenir, il ne fait aucun compromis. Ni avec la qualité des pistes, ni avec les personnes qui travaillent à ses côtés… pas plus qu’avec lui-même. Avec le recul, on peut dire que j’ai eu beaucoup de chance lorsque l’on m’a recommandé de lui envoyer des chevaux il y a longtemps déjà. »

Un bon équilibre

Revenons à Fun with Flags. À cet instant de l’entretien, Erika Gilliar a rejoint son époux : « Jérôme, c’est une personne qui parle franchement. Avec honnêteté. Petit à petit, une relation basée sur la confiance est née. Cela ne veut pas dire qu’il est infaillible. Mais personne ne l’est. Cela fait partie du sport. Et certains chevaux surprennent, comme Maliparmi qui a débuté à réclamer avant de devenir black type. » James Gilliard poursuit : « Chez lui, nous avons aussi le bon Kumite (Dark Angel) qui revient à l’entraînement. Le courir à Deauville n’était pas une bonne idée et c’est de ma faute. Les chevaux nous font tous passer pour des idiots un jour ou l’autre. Je ne pense pas être le plus facile des clients et pourtant Jérôme parvient à me faire croire que tout est simple avec moi ! C’est une personne qui rend les courses encore plus agréables. Quiconque a pratiqué un sport vous dira que la performance ne tient parfois qu’à un fil. Les choses peuvent aller dans un sens ou dans l’autre très rapidement. Chez Jérôme, Artful Angel (Dark Angel) montrait beaucoup de classe le matin. Mais elle n’a jamais pu courir. Nous mesurons donc notre chance d’avoir Fun with Flags. »

La joie, le stress

« Fun with Flags, c’est une grande joie. Beaucoup d’espoirs, mais aussi pas mal de stress. Quelles sont ses limites ? Personne ne le sait vraiment. Elle est invaincue, mais à chaque fois dans des conditions particulières. En débutant, à Marseille, elle gagne mais sans vraiment avoir besoin de s’employer. Le parcours de Borély n’était pas évident pour un jeune cheval inexpérimenté. À Cagnes, elle réalise une très belle performance. En terrain très souple, elle a refait le peloton. On ne voit pas cela souvent. Erika et moi-même avons ensuite essayé de dissuader Jérôme de courir le Prix Rose de Mai (L), à cause du terrain lourd. Mais il ne s’est pas laissé faire. À Saint-Cloud, à cette période de l’année, le terrain rebat les cartes. Je pense d’ailleurs que ce jour-là, certaines concurrentes n’ont pas réussi à s’adapter. Mais le lot me semble contenir plusieurs pouliches de valeur, comme Simada (Le Havre). Fun with Flags n’est pas une nageuse, elle le fait sur sa classe et ne soufflait même pas après la course.

Quand Fun with Flags a gagné à Cagnes-sur-Mer, les chronos étaient exceptionnels. Et les acheteurs américains, qui regardent vraiment cela de près, ont décroché leur téléphone. Nous avons alors commencé à nous demander si une pouliche avec autant de vitesse serait capable de tenir 2.000m. Surtout que son père, Zoffany, n’apporte pas de garantie en termes de tenue. Mais Eddie Fitzpatrick de Coolmore m’a dit qu’il pensait qu’elle tiendrait 2.400m. En piste, elle a montré de l’immaturité, mais elle a tenu. »

« Une bonne pouliche vous fait oublier tout ce que les chevaux vous ont coûté jusqu’alors »

Invaincue en trois sorties, avec du pedigree et une chance sérieuse dans les classiques, elle « coche » toutes les cases pour taper dans l’œil des courtiers du monde entier : « Une bonne pouliche vous fait oublier tout ce que les chevaux vous ont coûté jusqu’alors. Quand vous êtes propriétaire, bien sûr il faut savoir raison garder, mais tout ne tourne pas autour de l’argent. Fun with Flags, c’est aussi un être très important pour tous ceux qui travaillent autour d’elle au quotidien. Sa cavalière du matin – Manon Germain – l’a choisie comme Émoji sur WhatsApp ! C’est une jeune fille avec du cran : elle se mesure tous les jours avec les garçons en course. Pourtant, Fun with Flags a réussi à l’émouvoir aux larmes. La route est longue jusqu’aux classiques. Mais d’une certaine manière, le fait que de très grandes maisons aient fait des offres renforce aussi la confiance que nous avons envers Fun with Flags. L’espoir, le rêve, sont bien vivants. Dernièrement, avec Anna Sundström, qui s’occupe de nos juments, nous plaisantions en imaginant la suite : le Diane, l’Arc et une saillie de Dubawi ! (rires)  »

Êtes-vous calés en vexillologie ?

Fun with Flags aurait pu s’appeler Zoffany Street, la rue où James Gilliar a grandi à Londres. Mais le nom – et les suivants – ont été refusés… au point que comme une bravade, les Gilliar ont proposé Fun with Flags, qui a été accepté à la surprise générale.

Dans un éclat de rire, les propriétaires expliquent : « Les courses, cela doit rester marrant. » Avez-vous la référence ? Si vous ne l’avez pas, deux solutions : soit vous êtes en digital détox depuis 2017, soit vous avez l’âge de mes parents ! The Big Bang Theory est une sitcom qui met en scène un groupe de chercheurs en physique. Le ressort comique repose sur le fait que ces surdoués sont des « geeks » complètement dépourvus de bon sens et d’intelligence sociale dans leur vie quotidienne. Le personnage central de la série, Sheldon Cooper, tente de percer sur YouTube (sans succès) en lançant une émission de vexillologie – c’est-à-dire l’étude des drapeaux et pavillons – nommée « Fun with Flags » « Amusons-nous avec des drapeaux » en français).

La particularité de The Big Bang Theory est donc de mêler humour potache avec de très sérieuses références culturelles. Ainsi, Sheldon Cooper cite à plusieurs reprises Friedrich Nietzsche. Et ce n’est pas un hasard car il partage avec le philosophe allemand plusieurs obsessions, dont la notion de surhomme (en pensant en être un) et un rejet du christianisme qui, au contraire, pose l’égalité absolue entre les individus.

De l’art de la souffrance

L’autre grand thème cher à Friedrich Nietzsche et Sheldon Cooper, c’est la souffrance. Ainsi dans Par-delà le bien et le mal, le philosophe annonce : « La culture de la souffrance, de la grande souffrance, ne savez-vous pas que c’est là l’unique cause des dépassements de l’homme ? Cette tension de l’âme dans le malheur, qui l’aguerrit, son frisson au moment du grand naufrage, son ingéniosité et sa vaillance à supporter le malheur, à l’endurer, à l’interpréter, à l’exploiter jusqu’au bout, tout ce qui lui a jamais été donné de profondeur, de secret, de dissimulation, d’esprit, de ruse, de grandeur, n’a-t-il pas été acquis par la souffrance ? » Au fond, être propriétaire ou éleveur de chevaux de course, c’est créer artificiellement de la souffrance et de la difficulté dans l’espoir de vivre quelques instants de grandeur. Car comme le dit si bien Jocelyn Targett dans « Show me a good looser », son papier publié dans le Bloodstock Notebook : « Les courses, c’est pour les perdants. Comment pourrait-il en être autrement lorsque même les meilleurs d’entre nous sont battus la plupart du temps ? […] La défaite, c’est notre quotidien […] Le célèbre flegme britannique n’a pas été façonné par les batailles de Crimée ou du Transvaal. Mais plutôt dans le rond d’Ascot et d’Hurst Park, ou dans les bourrasques de vents de Newmarket. »

« Quand votre cheval aligne les victoires, en invaincu, la pression s’installe. »

La décharge émotionnelle

Avoir une pouliche comme Fun with Flags, c’est donc vivre quelques mémorables moments de joie mais aussi beaucoup de stress et d’attente. James Gilliar confie : « Les courses, c’est quand même quelque chose à part. Celui qui n’a pas été propriétaire ou éleveur ne peut pas comprendre cette montée d’adrénaline. C’est une forme de sentiment amoureux qui explose avec le stress et la passion. Un galopeur peut faire pleurer la personne la plus stoïque. Erika et moi savons tous les deux ce que représente une victoire et la décharge émotionnelle qui vous tombe dessus. Mais pour l’instant, nous n’avons bien sûr pas encore remporté de classique… Quand votre cheval aligne les victoires, en invaincu, la pression s’installe. Parfois je pense à ce qu’ont ressenti le prince Abdullah et Sir Henry Cecil durant la carrière du phénomène Frankel. Cela devait être terrifiant de simplement le voir sortir des boîtes. » Au fil des ans, les Gilliar ont eu de bons chevaux de course comme les gagnants de Groupe Apollo Star (Devil River Peek) et National Service (Elusive City). Mais les propriétaires n’apparaissent pas en photo lors des victoires. Et c’est un choix : « Certaines personnes ont envie de vivre publiquement leur passion. Nous préférons ne pas nous mettre en avant. Aux courses, nous passons souvent plus de temps à l’écurie avec les gens qui préparent les chevaux. Ce fut le cas à Saint-Cloud pour le Prix Rose de Mai (L). Je ne suis pas allé au rond des vainqueurs. Mais j’ai passé une bonne partie de l’après-midi à discuter avec l’équipe de Jérôme. Chacun a sa manière de vivre l’événement. Et celle-ci est la nôtre. »

« La France deviendra peut-être un jour le leader en Europe »

Les Gilliar ont fait courir dans plusieurs pays d’Europe. Mais c’est finalement la France qu’ils ont choisie, au moment où ils se lancent dans l’élevage : « Le système français est le meilleur en Europe. Et il a encore une marge de progression alors que l’Italie et l’Allemagne sont en déclin et que le galop anglais est siphonné par les bookmakers. Voilà pourquoi nous avons choisi la France pour élever et faire courir. Clairement, nous avons pleinement confiance dans le système français qui donne une chance réaliste de réussite à chacun, avec un fantastique système de primes. Nous avons fait courir dans plusieurs pays d’Europe continentale où le sport hippique est une sorte « d’Old Boys Club » : les nouveaux n’y sont pas les bienvenus. En France, c’est tout le contraire.

La clé, nous semble-t-il, sera de voir si la filière française parvient à reconquérir son public… et à tenir les bookmakers à distance ! La France deviendra peut-être un jour le leader des courses en Europe. C’est déjà le cas pour l’élevage des sauteurs. Alors pourquoi pas pour le reste ? La question c’est aussi de savoir si le galop français est capable de se comporter comme un leader qui exporte son système dans d’autres pays. Il faut aussi dire qu’Arqana fait un super boulot. On y est très bien accueilli. C’est devenu notre place de vente favorite. L’agence est vraiment proactive et orientée sur ses clients. Nous avons aussi acheté une part d’un jeune étalon français, Persian King (Kingman). J’espère que le gouvernement français va comprendre qu’il faut que les conditions soient favorables au développement de la filière hippique. Si le parc français continue à progresser, ce qui me semble nécessaire, alors ce secteur agricole récoltera les fruits sur le plan économique. Enfin, je pense que la France doit se préoccuper du destin de l’Allemagne et de l’Italie car l’Europe continentale des courses est un ensemble cohérent. L’autre point faible de la France, ce sont les breeze ups. Pour que le cycle économique fonctionne mieux, il faut plus de pinhookers français. »

Le couple de citoyens du monde conclut : « Les entraîneurs français ont la réputation d’être patients. Et cela a son importance en matière de bien-être animal. La France me semble très en avance sur ce point. Vous devriez vous en enorgueillir. Tout comme le fait que les jockeys français « n’essorent » pas les chevaux. Bien sûr, tout est une question d’équilibre. Et les Français perdent certaines courses car, à un stade donné de leur carrière, leurs chevaux peuvent être moins endurcis et expérimentés que les anglais et les irlandais. »

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